Les Servites de Marie et Maria Valtorta
La Basilique de la Santissima Annunziata (Très-Sainte Annonciation) où repose Maria Valtorta, a été élevée à l’endroit où les sept saints fondateurs de l’Ordre des Servites de Marie (o.s.m.) se retirèrent pour la première fois.
L'ordre des Servites de Marie (osm)
En 1233 sept riches marchands florentins, tous laïcs décidèrent de quitter la ville en proie alors aux luttes fratricides entre Guelfes et Gibelins pour vivre une vie religieuse. En 1250, ils fondent leur premier oratoire à l’endroit actuel de la Basilique. Il est consacré le 25 mars, jour de l’Annonciation dont la Basilique tirera ultérieurement son nom. Ce jour était si important au Moyen-âge, qu’il marquait le début de la nouvelle année et l’arrivée du printemps. Cette fête reste centrale pour les Servites de Marie comme leur dénomination le laisse entrevoir.
Le lieu de sépulture de Maria Valtorta est donc l’épicentre d’un grand mouvement spirituel et marial. Les Servites de Marie sont aujourd’hui 800 frères et sœurs, répartis sur les cinq continents. La rue des Blancs-Manteaux, à Paris, gardent la mémoire de leur implantation.
On fête les sept saints fondateurs le 17 février.
Les Servites de Marie sont à l’origine de la dévotion à Notre-Dame des Douleurs (Maria Addolorata). Le 25 mars 1239, jour de l’Annonciation, la Vierge Marie leur apparaît entourée d’anges dont l’un tient un vêtement noir. La Vierge leur demande de porter cet habit avec un grand scapulaire en souvenir de la passion du Christ et des sept douleurs de Marie.
Ce scapulaire donne lieu à des confréries. Des indulgences y sont attachées. La récitation du rosaire des sept douleurs lui est intimement liée.
Maria Valtorta devient tertiaire de l’Ordre
C’est probablement à ce scapulaire que pense Maria Valtorta quand, grabataire, elle évoque sa «prise d’habits de tertiaire dans le tiers-ordre des servites de Marie» à la date du 25-31 mars 1944 dans son calendrier spirituel.[1]. Elle le fait sur l’initiative de son confesseur, le Père Migliorini, mais par réelle vocation liée à sa dévotion à Notre-Dame des Douleurs.
"Je vous dirai[2], mon Père, que j’ai été tout émue de la bonté de Dieu par laquelle votre lettre m’est arrivée. C’est Jésus qui vous l’a inspirée. Je désirais tant appartenir au tiers-ordre de Notre-Dame des Douleurs ! Si je n’avais été une fervente de saint François d’Assise depuis ma jeunesse, et si je n’avais pas connu beaucoup d’expériences pénibles avec des prêtres servites de Marie lorsque j’ai décidé, en 1926, d’entrer dans un tiers-ordre, je me serais tournée vers celui de Notre-Dame des Douleurs (= Servites de Marie) ou vers celui du Carmel. Je voulais en effet appartenir à Marie même quand... j’étais une bourrique, comme dit Jésus[3]. Je l’aimais mal puisque je la connaissais peu mais, instinctivement, j’allais vers elle. Maintenant, depuis que je l’ai vu souffrir, je l’aime comme j’aime son Fils: "de toutes mes forces", et mon désir d’appartenir à Notre-Dame des Douleurs était devenu plus intense. Je me taisais, mais j’avais l’épine du désir en travers de la gorge. Merci à Jésus et à sa Mère qui vous l’ont dit, et merci à vous d’avoir compris. C’est maintenant inutile. Depuis l’an dernier, je vous ai dit que Notre-Dame des Douleurs a toujours agi avec puissance à mon égard. Elle a voulu que je sois dirigée spirituellement par l’un de ses fils (le Père Migliorini, son confesseur) , elle a voulu pour son autel un travail effectué pour d’autres autels[4], elle veut maintenant que je meure sous son habit[5]. Eh bien! Espérons qu’elle voudra de la part de son Fils ce que je demande pour tous (la paix) et ce que je demande pour moi: le salut de ma pauvre âme. Ainsi, elle aura, elle aussi, sa Fernanda Lorenzoni[6].
On note que sa vocation de Tertiaire de cet ordre fut contrariée par le contre-témoignage de certains Servites en 1926. C’est l’époque où elle confie sa vie à la Vierge Marie par son «esclavage en Marie selon le bienheureux Grignion de Montfort». Un acte de consécration qu’elle prononce le 4 mai 1928 .
Cela éclaire l’âme de Maria Valtorta d’un jour nouveau : on connaît son lien très fort avec Jésus qu’elle scelle symboliquement le jeudi-saint de 1943 par la vision de la violette au pied de la Croix. Point de départ de ses visions de la vie de Jésus. Mais sa corédemption s’étend aussi à celle de Marie. C’est en effet onze mois après cette vision fondatrice que la vision de la Vierge des Douleurs incite Maria Valtorta à devenir Tertiaire des Servites de Marie, un ordre mendiant qui lui est consacré.
Notes et références
- ↑ Calendrier spirituel, Les Cahiers de 1945 à 1950, 10 février 1946.
- ↑ Les Cahiers de 1944, 16 mars 1944.
- ↑ Voir les dictées des 4 et 24 juin, dans Les cahiers de 1943 ainsi que le dernier paragraphe de la dictée du 15 mars dans Les Cahiers de 1944.
- ↑ Il s’agissait d’un ouvrage en dentelle effectué par Maria Valtorta pour la nappe d’un autel.
- ↑ Habit de tertiaire, c'est-à-dire avec le scapulaire
- ↑ Fernanda Paola Lorenzoni, tertiaire de Notre-Dame des Douleurs (= Servites de Marie) (1906-1930). Elle est de nouveau évoquée dans la dictée du 16 février 1946. Le Père Roschini a écrit un ouvrage sur elle bien avant de connaître Maria Valtorta. Morte jeune, il semble qu’elle ait eut une vie d’âme victime similaire à celle de Maria Valtorta.