Marie et la souffrance de la corédemption

    De Wiki Maria Valtorta
    Notre-Dame des Sept douleurs

    En EMV 242.6, la Vierge Marie accompagne et console Marie de Magdala qui revient à Tibériade après sa récente conversion. Elle doit subir les remarques et les quolibets de ses anciens adulateurs. Moqueries et mépris sont aussi dirigés vers Jésus par un scribe : le ‘’Saint’’ se promène avec une pécheresse ! Marie Madeleine souffre d’être la cause de sa souffrance.

    - "Non, ils sont obstinément fermés à la Lumière, dit la Vierge Marie. Lui, mon Jésus, est l'Éternel Incompris et il le sera toujours et toujours plus."

    - "Et tu n'en souffres pas ? Tu me parais tellement sereine."

    - "Tais-toi. C'est comme si mon cœur était enveloppé d'épines acérées. À chaque respiration, elles me blessent, mais que Lui ne le sache pas ! Je me fais voir ainsi pour le soutenir par ma sérénité. Si sa Mère ne le réconforte pas, où pourra-t-il trouver du réconfort, mon Jésus ?"

    Commentaire théologique de Maria Valtorta[modifier | modifier le wikicode]

    Cette note a été écrite sur les quatre pages d'un feuillet plié et inséré à ce passage de la copie dactylographiée. Elle éclaire la participation de la Vierge Marie au parcours de Rédemption de Jésus :

    "C'est comme si mon cœur était enveloppé d'épines acérées", dit Marie.

    Même parmi les catholiques, certains disent que Marie, étant pleine de grâce, a connu uniquement la joie et n'a pas eu l'héritage de la souffrance, car celle-ci est l'un des châtiments dus au péché originel et à l'héritage d'Adam, déchu de son état de grâce.

    Ceux-là trouveront donc inexacts ces mots de Marie, Vierge et Mère, de même qu'ils jugeront inadmissible son déchirement du soir du vendredi-saint[1].

    Mais ils doivent considérer que s'il est vrai que Marie, étant immaculée, aurait dû être exemptée de la souffrance comme elle l'a été de la corruption de la mort, il est aussi vrai que, en tant que Corédemptrice, elle "devait" souffrir, dans son cœur et dans son âme immaculés, ce que son Fils souffrit dans sa chair, dans son cœur et dans son esprit[2]

    Mieux, elle comprit, précisément grâce à la plénitude de tous les dons divins qu'elle avait en elle, que ses conditions privilégiées et "uniques " d'Immaculée et de Mère de Dieu lui étaient accordées en vue de la Passion du Rédempteur et donc que sa condition toute particulière de gloire, inférieure seulement à l'infinie gloire de Dieu, lui avait été donnée au prix du sacrifice du Fils de Dieu, son enfant, de la totale effusion de ce Sang divin et de l'immolation de cette Chair divine qui avaient été formés dans son sein virginal, avec son sang virginal, et qui avaient été nourris de son lait virginal.

    Même cette connaissance était occasion de douleur. Douleur qui s'unissait à la joie, aussi vaste et profonde qu'elle. Car celui "qui fut placé en signe de contradiction parmi les hommes" (Luc 2,34, Prédiction du vieillard Syméon) fut cause d'opposition entre des joies et des souffrances immenses pour la Femme aussi : sa Mère.

    Et j'ajoute ceci : toujours grâce à la plénitude de dons divins[3] qui était en elle, Marie connut par anticipation ou simultanément et intellectuellement toute la complexe souffrance de son Fils. Sur son âme d'Immaculée, pleine de la lumière de Dieu, se projeta toujours l'ombre douloureuse de la Croix et de tous les combats et obstacles qui devaient précéder la Passion et affliger son Jésus.

    Dès le début de sa mission de Mère du Fils de Dieu, Elle était seule avec le Seul, avec le grand Incompris. Lui et Elle, seuls, face à l'immensité océanique de leur mission d'amour et de la haine du monde. Tous deux obéissants, l’un jusqu’à la mort de la croix, l’autre jusqu’à la renonciation et la mort de tout droit maternel, ont cheminé ensemble sur le chemin marqué par la volonté insondable de Dieu au pas ferme des héros et des saints qui, au-delà de la dureté du chemin, souffrent de l'incompréhension du monde[4].

    Et la Mère fut à elle seule le "monde" pour son Fils; vraiment la Seule à apporter une aide réconfortante et à prendre soins de son Enfant, dont elle seule a senti toutes les souffrances secrètes et complexes qui ont fait de la vie terrestre du Christ un long Gethsémani et une longue passion, culminant dans le vrai Gethsémani et dans la Grande Passion.

    Du berceau jusqu’à la Croix, Marie fut entièrement pour Jésus, et Jésus eut tout de Marie.

    Paisible, plus encore: sereine, ignorante presque de l'avenir, elle eut toujours pour Jésus le sourire et la parole qui réconfortèrent le Maître Affligé et consolèrent le Divin Martyr.

    Semblable à une mer qui cache les orages du fond sous le bleu riant de ses eaux calmes, jusqu'à ce que "tout soit accompli", elle apporta, digne, forte et douce tout à la fois, tout le soutien à son Fils. Ce n'est qu'après avoir laissé s'effondrer les remparts de sa force d’âme et que l'océan de son chagrin de Mère et Croyante la submergea, aussi longtemps que Dieu le lui permit, afin qu'elle puisse être encore plus la Corédemptrice. Ce n'est qu'à partir de ce moment-là qu'elle a laissé les digues de son courage s'effondrer et l'océan de sa douleur de Mère et de Croyante la submerger[5], aussi longtemps que Dieu le lui permettait, afin qu'elle puisse être encore plus la Corédemptrice.

    Marie: l'Ange éternel de réconfort de Jésus, avec une présence réelle ou spirituelle.

    Deux fois seulement, et l'Évangile le dit, les Anges ont remplacé la Mère en servant et en réconfortant le Christ. Et cela s'est produit à deux moments cruciaux de la vie terrestre de Jésus-Christ (Matthieu 4,11, Jésus tenté par Satan au désert et Luc 22,43, au Gethsémani). Cela ne dépendait pas non plus de la négligence de Mère mais de la volonté de Dieu, en particulier à Gethsémani qui était le moment des grands abandons pour rendre la Passion complète et parfaite.

    Dans ces deux moments, que les lecteurs réfléchissent sur l’éloignement de Marie, éternelle Vainqueur de Satan et Cause de joie pour tous, et avant tout l'Homme-Dieu, que Satan a pu tenter de tenter le Christ: directement la première fois (Matthieu 4,1-11), puis à travers une "tristesse à en mourir" (Matthieu 26,38) la seconde fois, pour que le plan de la Miséricorde Infinie en faveur des enfants d'Adam ne soit pas réalisé. Mais il a été vaincu, car Marie, bien qu'absente par décret divin, a prié et soutenu en priant son Jésus dans la lutte suprême.

    Marie était vraiment le Réconfort et la Coparticipatrice de la mission et de la Passion du Fils. Vraiment son Cœur Immaculé et Douloureux de toutes les tortures des incompréhensions, des calomnies, des haines, des trahisons qui blessaient simultanément les Saints Cœurs de la Mère et du Fils, serra le baume pour soigner chaque blessure de son Enfant.

    C'était pour lui vraiment "le vin parfumé" dont parle le Cantique (chapitre 8,2). Et "debout à la croix" (Jean 19,25), comme elle l'avait toujours été auprès du berceau et dans l’atelier du charpentier, aux pieds du Maître, ou à sa suite, autant qu'elle le pouvait, héroïque dans son agonie, aussi parfaite dans son double amour de que Mère Très-sainte et de croyante fut encore, jusqu'au dernier souffle du Martyr, son Suprême Réconfort.

    Quant à son tour, sa passion interne mais non moins atroce, fut consumée, après la neuvième heure, elle libéra sa douleur pour le déicide horrible et le meurtre déchirant du Fils unique de Dieu et le Sien, car maintenant Il n’avait plus besoin de consolations maternelles.

    Le terme de "corédempteur" est synonyme d’âme-victime, d’âme-réparatrice ou d’hostie, selon les vocabulaires. Dans Maria Valtorta le terme de corédempteur est souvent employé, mais le contexte ne laisse aucun doute sur l’association (et non la substitution) aux souffrances de la Passion.

    Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

    1. EMV 612.7. Belle prémonition de Maria Valtorta , car ce passage a été effectivement jugé inconvenant par des contestions contemporaines.
    2. Ceci a été résumé par Arnauld de Chartres : Marie, présente au calvaire, souffrait des douleurs analogues, de même origine : le Christ répandait douloureusement le sang du corps, elle répandait le sang du cœur. (Arnauld, abbé de Bonneval (+1156) : De septem verbis Domini in croce, 3ème partie.
    3. "Je sous salue Marie, pleine de grâces"
    4. Jean 1,10-11 : "le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu".
    5. Lors de la déposition au Tombeau (EMV 610) Marie se laisse aller à sa douleur au point de ne plus vouloir voir le monde et rester aux côtés de son Fils, dans le Tombeau.