La Visitation
La visitation est rapportée uniquement par Luc 1,36-56.
Lors de l'Annonciation, qui a lieu à Nazareth, l'ange annonce à la Vierge Marie que sa "parente" Élisabeth est enceinte de 6 mois, elle qu'on appelait la stérile. l'ange précise en effet qu'elle était "dans sa vieillesse". Marie, dit l'Évangile, se mit aussitôt en marche "vers la région montagneuse, dans une ville de Judée." Et il rajoute "Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle (à Nazareth)".
Le récit évangélique soulève plusieurs questions :
- Quels liens pouvaient unir Marie et Élisabeth au point de la décider à entreprendre un voyage de plusieurs jours, chez une parente qui semble heureuse de la retrouver ?
- Comment cette parente était-elle connue de Joseph qui semble ne pas se surprendre de ce départ inopiné ?
- Comment se déroule ce voyage lointain que Marie n'a pu accomplir sans accompagnement alors que Joseph n'apparaît nullement dans le récit ?
Dans Maria Valtorta
Élisabeth, Marie et Joseph se connaissent
Zacharie, le mari d'Élisabeth est prêtre judéen de la classe d’Abia (Abiyya)[1], descendant comme sa femme d’Aron. C'était la huitième des classes sacerdotales sur les 24 instituées par David (1 Chroniques 24,10). C'est à ce titre qu'il servait au Temple quand l'archange Gabriel lui annonça la maternité tardive de sa femme Élisabeth. Il en doute et sera frappé de mutisme jusqu'à la réalisation de la prédiction. Ces "parents" de la Vierge Marie sont donc de l'aristocratie sacerdotale et Zacharie servait au Temple.
C'est donc tout naturellement qu'ils accueillent, seize auparavant, Anne venant au Temple pour sa purification rituelle (EMV 6) et pour consacrer la jeune Marie qui sera élevée au Temple (EMV 8), selon le vœu qu'elle avait fait puisqu'Anne aussi était stérile Plus tard, Zacharie et Élisabeth accueillent de nouveau la jeune Marie et son promis : Joseph de la race de David comme elle (EMV 13).
C'est donc sans surprise et en toute confiance que Joseph laisse partir Marie vers une parente qui la retrouve avec joie et ces précisions militent pour l'authenticité du récit évangélique.
Les jeunes époux organisent le voyage
Les jeunes époux, qui ne sont que promis selon la coutume juive et qui ne se marieront que lorsque la grossesse de Marie sera évidente, organisent le voyage et la séparation de "plusieurs mois","Quand voudrais-tu partir ?" demande Joseph – "Le plus tôt possible. Mais je resterai là-bas quelques mois." – "Je compterai les jours en t’attendant. Pars tranquille, je m’occuperai de la maison et du jardin. Tu trouveras tes fleurs aussi belles que si tu les avais soignées toi-même. Seulement… attends. Il me faut aller avant la Pâque à Jérusalem y acheter quelques objets utiles à mon travail. Si tu attends quelques jours, je t’accompagnerai jusque-là, mais pas plus loin, car il me faut revenir rapidement. Mais nous pouvons faire route ensemble jusque-là. Je serai plus tranquille si je ne te sais pas seule en chemin. Quant au retour, tu me le feras savoir et je viendrai à ta rencontre (EMV 18.5)."Arrivés à Jérusalem, Joseph confie Marie à un petit vieux qu'il connaît bien et qui va dans sa direction. Ils se quittent (EMV 20.1)
Zacharie et Marie habitent à Hébron
Bien qu'une tradition donne Aïn Karem (En Karem), c'est à Hébron que Marie retrouve Zacharie et Élisabeth vers la fin mars où le début d'avril -5 (vers le 25 Nissan 3756).
Fondée vers 1720 avant J.C.[2], Hébron est l'une des plus anciennes villes du monde et aussi l'une des rares à avoir été habitée sans interruption depuis sa fondation. Située au cœur des montagnes de Judée[3] elle est la ville la plus élevée de Palestine. C’était aussi une des 48 villes refuge comme indiqué dans la bible, mais aussi dans l’œuvre.
David y fut sacré roi de la tribu de Juda[4] et en fit sa capitale, jusqu'à la prise de Jérusalem qui devint alors la capitale du royaume d'Israël. Le roi Hérode fit construire le monument appelé aujourd’hui tombeau des Patriarches. Il fut bâti au-dessus d'une grotte où étaient enterrés Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Jacob et Léa.
C'est donc une ville correspondant à la description évangélique et une digne résidence pour l'aristocratie sacerdotale.
Les exultations d'Élisabeth et de Marie
Les deux parentes s'étreignent de joie. L'exultation d'Élisabeth est plus développée que dans Luc 1,41-45, mais celle de Marie, connue comme le Magnificat, est identique puisque Maria Valtorta l'évoque seulement en renvoyant au texte de l'Évangile.
EXULTATION D'ÉLISABETH | |
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Dans Luc | Dans Maria Valtorta |
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
"Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur." |
Mais Élisabeth, après être restée une minute comme recueillie en elle-même, lève un visage tellement radieux qu'il semble rajeuni. Elle regarde Marie avec vénération en souriant comme si elle voyait un ange et puis elle s'incline en un profond salut en disant :
"Bénie es-tu parmi toutes les femmes ! Béni le Fruit de ton sein ! (elle prononce ainsi deux phrases bien détachées). Comment ai-je mérité que vienne à moi, ta servante, la Mère de mon Seigneur ? Voilà qu'au son de ta voix l'enfant a bondi de joie dans mon sein, et lorsque je t'ai embrassée, l'Esprit du Seigneur m'a dit les très hautes vérités dans les profondeurs de mon cœur. Bienheureuse es-tu d'avoir cru qu'à Dieu serait possible même ce qui ne semble pas possible à l'esprit humain ! Bénie es-tu parce que, grâce à ta foi, tu feras accomplir les choses qui t'ont été prédites par le Seigneur et les prophéties des Prophètes pour ce temps-ci ! Bénie es-tu pour le Salut que tu as engendré pour la descendance de Jacob ! Bénie est-tu pour avoir apporté la Sainteté à mon fils qui, je le sens, bondit comme une jeune chevrette pour la joie qu'il éprouve, en mon sein ! C'est qu'il se sent délivré du poids de la faute, appelé à être le Précurseur, sanctifié avant la Rédemption par le Saint qui croît en toi !" |
Notes et références
- ↑ Luc 1,5.
- ↑ Cf. Nombres 13,22.
- ↑ Luc 1,39 et 65.
- ↑ 2 Samuel 2,4.