Le mont Thabor

    De Wiki Maria Valtorta
    Le Mont Thabor

    C'est la "sainte montagne" dit Pierre en se remémorant la La Transfiguration du Seigneur (2 Pierre 1,18). Selon la tradition, c'est en effet sur cette montagne aux flancs escarpés qu'elle eut lieu. Plus tard, c'est là qu'eut lieu aussi la rencontre de Jésus ressuscité avec les 500 disciples (1 Corinthiens 15,6).

    C'est une haute et belle montagne isolée se dressant au-dessus de la Plaine d'Esdrelon à 588 m d'altitude. Elle est située à moins de dix kilomètres à l’est de Nazareth. De son sommet on peut admirer le panorama sur la vallée de Jezréel, la vallée du Jourdain, les montagnes de Samarie et le mont Carmel, et même, par temps clair, il est possible d'entrevoir la Méditerranée. Le mont Thabor est largement mentionné dans les écrits bibliques[1]. Les grecs avaient bâti au sommet une citadelle (Itabyrion) qui fut ensuite fortifiée par Flavius Josèphe lorsqu’il était gouverneur de Galilée. Le Thabor est cité plusieurs fois dans la Bible.

    Localisation

    • הר תבור Har Tavor, Tabor, Thabor, Itabyrion, Itabyrium.
    • 33° 41’ 00’’ N / 35° 23’ 30’’ E /
    • +588m.

    Dans les écrits de Maria Valtorta

    Le descriptif

    Le Thabor rappelle étrangement, à Maria Valtorta, en son sommet la coiffure de nos carabiniers vue de profil (voir annotation en bas et à gauche dans le dessin ci-dessous). Elle en décrit le panorama :

    "La montagne ne fait pas partie d'un ensemble montagneux comme celui de la Judée, elle s'élève isolée et, par rapport à l'endroit où nous nous trouvons, elle a l'orient en face, le nord à gauche, le sud à droite et en arrière à l'ouest la cime qui dépasse encore de quelques centaines de pas.      

    Elle est très élevée et l'œil peut découvrir un large horizon. Le lac de Génésareth semble un morceau de ciel descendu pour s'encadrer dans la verdure, une turquoise ovale enserrée dans des émeraudes de différentes teintes, un miroir qui tremble et se ride sous un vent léger et sur lequel glissent, avec l'agilité des mouettes, les barques aux voiles tendues, légèrement penchées vers l'onde azurine, vraiment avec la grâce du vol d'un alcyon qui survole l'eau à la recherche d'une proie. Puis, voilà que de l'immense turquoise sort une veine, d'un bleu plus pâle là où la grève est plus large, et plus sombre là où les rives se rapprochent et où l'eau est plus profonde et plus sombre à cause de l'ombre qu'y projettent les arbres qui croissent vigoureux près du fleuve qui les nourrit de sa fraîcheur. Le Jourdain semble un coup de pinceau presque rectiligne dans la verdure de la plaine.        

    Des petits villages sont disséminés à travers la plaine des deux côtés du fleuve. Quelques-uns sont tout juste une poignée de maisons, d'autres sont plus vastes, avec déjà des airs de villes. Les grand-routes sont des lignes jaunâtres dans la verdure. Mais ici, du côté de la montagne, la plaine est beaucoup mieux cultivée et plus fertile, très belle. On y voit les diverses cultures avec leurs différentes couleurs riant au beau soleil qui descend du ciel serein.        

     [...]Tout à côté de la montagne, sur des collines qui en forment la base, des collines basses et de peu d'étendue, se trouvent deux petites villes, l'une vers le sud et l'autre vers le nord. La plaine très fertile s'étend particulièrement et avec plus d'ampleur vers le sud (EMV 349.4)"
    Lorenzo Ferri en a établi le croquis sur les indications de Maria Valtorta.
    Localisation du mont Thabor, dessin de Lorenzo Ferri d'après les indications de Maria Valtorta

    La sainte montagne

    Lors de la Transfiguration sur le mont Thabor, l'apparition de Moïse et d'Élie signe le lien entre cette montagne et l'Horeb, la "montagne de Dieu[2]". C'est deux prophètes sont les seuls à y avoir rencontré Dieu. Le premier le rencontre dans le buisson ardent[3], le second "dans le murmure d'une brise légère[4]".

    Dans l'œuvre de Maria Valtorta apparaît comme la "sainte montagne" citée par Pierre à trois occasions principales, dont deux rapportées par les Évangiles :

    1. Jésus y emmène ses apôtres au tout début de sa vie publique et y commente ce que Jean rapporte dans les premiers versets son prologue.
    2. La Transfiguration où ne sont concernés que trois apôtres témoins : Pierre, Jacques et Jean, les fils de Zébédée.
    3. La rencontre des 500 disciples avec Jésus ressuscité.

    Le prologue de Jean

    Au printemps de la seconde année, le jeudi 16 mars 28 (3 Nissan 3788), ayant débuté le pèlerinage de la Pâque, Jésus annonce : "Nous rejoignons le Thabor, nous le longeons en partie et en passant près d'En-Dor, nous allons à Naïm. De là, dans la plaine d'Esdrelon." Jean s’enthousiasme alors : "Oh ! ce sera beau ! On dit que du sommet, à un certain point, on voit la Grande Mer, celle de Rome. Cela me plaît tant ! Tu nous amènes la voir ?" - "Pourquoi as-tu tant de plaisir à la voir ?" - "Je ne sais pas... parce qu'elle est grande et qu'on n'en voit pas la fin... Elle me fait penser à Dieu... (EMV 187.4)".

    Maria Valtorta n'a pas la vision de cette ascension. Elle n'a que celle du départ (EMV 187.5) et du retour au chapitre suivant (EMV 188.1). Cette fois, les apôtres se dirigent vers En-Dor, où se trouve la grotte de la magicienne que le roi Saül, en difficulté, vint consulter en contrevenant aux lois de Dieu[5].

    Cette montée au Thabor, que l'on ne voit pas, pourrait être un épisode inédit de l'Évangile, sans importance, si on n'apprenait pas, par la suite, que c'est là où Jésus confia à ses apôtres le prologue que Jean rapporte dans son Évangile :
    'Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes (Jean 1,1-4).'
    Ce discours est repris un peu plus tard par ce même Jean. "Jean, avec son amour pour l'infini, dit le Zélote, nous a obtenu (ce jour-là) une grande joie, car Jésus, là-haut, parla de Dieu dans un ravissement que nous n'avions jamais constaté. Et puis, après avoir déjà tant reçu, nous avons obtenu une grande conversion." Et Jean répète le discours de Jésus explicitant longuement le contenu de ces quatre versets (EMV 244.5-8).

    La Transfiguration

    Cet épisode est détaillé par ailleurs. Quelques détails permettent cependant de conforter l'authenticité. Ainsi Pierre s’interroge. "Au sommet, il y a cette vieille forteresse. Veux tu aller prêcher là ?". Il s'agit sans doute de la forteresse bâtie jadis par les grecs et que Flavius Josèphe restaurera. Une remarque permet de la localiser. Jésus a choisi le versant est et répond : "J'aurais pris l'autre versant, mais tu vois que je lui tourne le dos. Nous n'irons pas à la forteresse et ceux qui y sont ne nous verront même pas".

    Jésus va presque sur la cime, là où se trouve un plateau herbeux que limite un demi-cercle d'arbres du côté de la côte. "Reposez-vous, amis, je vais là-bas pour prier" et il montre de la main un énorme rocher, un rocher qui affleure de la montagne et qui se trouve par conséquent non vers la côte mais vers l'intérieur, vers le sommet.

    Maria Valtorta, grabataire, ne s'était pas rendue en Terre-Sainte et ne disposait pas de documentation spécialisée.

    Le rendez-vous des 500

    Les Évangiles rapportent que les anges de la Résurrection[6], puis Jésus lui-même invite tous les disciples à le retrouver en Galilée[7]. Les onze apôtres se rendent "à la montagne" indiquée[8]. Dans Maria Valtorta, cette montagne a un nom : le Thabor et elle l'identifie à cette montagne où Jésus apparaît à plus de 500 frères à la fois[9]

    Ainsi, exactement vingt-deux jours après la Passion, le Samedi 27 avril 30 (8 Lyar ou Ziv 3790), et fidèles à la demande du Seigneur, de nombreux disciples se sont regroupés sur les pentes du Thabor. Maria Valtorta précise : "Ils ne sont pas en haut, vers le sommet où arriva la Transfiguration mais à mi-côte, là où un bois de chênes semble vouloir voiler le sommet et soutenir les flancs de la montagne avec leurs puissantes racines (EMV 634.1)".

    Il y a là les onze apôtres (Judas s'est suicidé), le groupe des soixante-douze disciples dont la composition et le nombre ont varié et de nombreux disciples. Mais pas tous. Jésus leur récapitule les enseignements fondateurs de l'Église prodigue ses conseils prophétiques sur son avenir.

    Jésus recommande "à tous de se trouver à Béthanie vingt jours avant la Pentecôte, car ensuite ils me chercheraient en vain (EMV 634.14)." Il s'agit de les retrouver pour la Pâque supplémentaire (EMV 636.6). Cette célébration (Pessa'h sheni) était prévue un mois après la Pâque comme compensation pour les fidèles qui n'avaient pas pu se rendre au Temple. Cette Pâque supplémentaire prend ici un sens nouveau : celle de la Pâque avec le Ressuscité et non avec le Crucifié. Tous se retrouve au jardin des oliviers et c'est peut-être de cet évènement dont parle Paul en rappelant l'apparition de Jésus aux 500 car sur le Thabor il n'y avait pas 500 personnes, ce qui semble être le cas au jardin des oliviers.

    Autres faits

    Au tout début de sa vie publique, Jésus guérit un aveugle à Capharnaüm. C'était un forgeron de Césarée maritime. Une projection de fer rouge l'a rendu tel. Jésus l'interroge : "Tu es venu me trouver. Qui te l'a dit ?"  -  "Un lépreux que tu as guéri, au pied du Thabor, quand tu revenais au lac (de Tibériade) après ce si beau discours.". Il s'agit du premier miraculé identifié de Jésus, dans l'œuvre, Il est anonyme et on ne sait rein de plus sur lui, de même que les circonstances de la guérison du lépreux ou du discours auquel il est fait allusion. Après ses quarante jours de désert, Jésus était parti seul, durant le mois de février (Adar), dans la région du Carmel et du Thabor.

    Points en débat

    Le lieu de la Transfiguration n’est pas directement nommé dans les Écritures. La tradition chrétienne la situe au Thabor depuis les premiers siècles. On trouve trace de deux monastères et une église de la Transfiguration a été bâtie par les franciscains au début du 20° siècle. D’après Dom Calmet : "On croit, depuis plusieurs siècles, que ce fut sur le Thabor que Jésus-Christ se transfigura (Matthieu 18.1 Luc 9.27-28) en présence de saint Pierre, de saint Jacques et de saint Jean. Eusèbe le dit expressément sur le psaume (Psaumes 88.13), et saint Jérôme, dans l’épitaphe ou éloge historique de sainte Paule, et dans sa lettre 17 à Marcelle. Saint Jean Damascène l’assure aussi, et depuis très-longtemps la chose a été regardée presque comme indubitable.[10]"

    Si l'authenticité du lieu a été mis en débat, sa localisation au Thabor ne fait aucun doute pour Maria Valtorta.

    Pour aller plus loin

    Notes et références

    1. Jérémie 46,18 | Ps 89,13 ; 1 Ch 6, 7 ; Dt 33,19 ; Jg 4 ; Os 5,1 ; Mt 17,1-9 ; Lc 9,27-28.
    2. 1 Rois 19,8.
    3. Exode 3,1-6.
    4. 1 Rois 19,11-18.
    5. Cf. 1 Samuel 28,3-25 | 1 Chroniques 10,13-14 | Siracide 46,20.
    6. Matthieu 28,7.
    7. Matthieu 28,10.
    8. Matthieu 28,16.
    9. 1 Corinthiens 15,6.
    10. Dom Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la bible, Thabor, 1722.