Professeur Nicola Pende et Maria Valtorta
Le Professeur Nicola Pende, né à Noicattaro (Bari), 21 avril 1880 et mort à Rome, 8 juin 1970, était un médecin italien de renommée mondiale, spécialiste de l’endocrinologie[1] et des pathologies constitutionnelles[2]. Il fut expert pour l’examen scientifique des guérisons miraculeuses auprès de la Congrégation des Rites (pour la cause des saints). Il dirigea l’Hôpital Umberto I[3], enseigna à l’Université de Rome[4]. Croix de guerre au titre de la première guerre mondiale, il fut aussi sénateur, du 20 décembre 1933 au 5 août 1943, durant la période fasciste[5].
Personnalité politique de cette période, il fut contesté pour ses prises de positions en faveur de l'eugénisme[6]. En 1945 il fut interdit d'enseignement, mais l'année suivante cette interdiction fut levée par la Cour d'appel de Rome. En 1948, la Cour suprême de cassation l'a définitivement restauré dans ses fonctions en prenant en compte notamment son attitude lors de la rafle du ghetto de Rome (16 octobre 1943) où 23 Juifs trouvèrent refuge dans sa polyclinique.
Ses actions en faveur de Maria Valtorta
Il eut l'occasion d'examiner Maria Valtorta et lui rendit visite plusieurs fois. Lecteur de l'œuvre, il fut frappé par les précisions médicales qu'elle contenait et intervint plusieurs fois pour faciliter son édition. Il ne put cependant pas accepter l'origine surnaturelle de l'Œuvre, pour laquelle il cherchait en vain une explication scientifique.
Attestation du 23 janvier 1952
"J’ai eu la chance, il y a près de trois ans (1949), de lire quelques volumes du manuscrit de Maria Valtorta sur la Vie de Jésus. Je dirai également que le Père Berti m’a chargé de soumettre mademoiselle Valtorta à une visite médicale minutieuse. Avec l’aide du professeur Duranti, radiologue à Pise, j’ai fait une observation radiographique de sa colonne vertébrale: cela faisait en effet des années qu’elle présentait une paraplégie[7] qui la clouait au lit. Abstraction faite du diagnostic de cette affection, qui relève du secret professionnel, je livre ici mon impression et mon opinion sur le contenu de ces écrits.Ils constituent à mes yeux un véritable chef‑d’œuvre pour ce qui est du style, de la beauté de la langue et de la forme, ce qui est inattendu chez une femme pourvue d’une culture littéraire très moyenne[8].
Je consacre mes modestes forces à m’occuper des caractéristiques humaines de Jésus telles qu’elles apparaissent dans les évangiles et comme un biologiste chrétien peut les voir; or il me faut affirmer ce que j’ai trouvé dans les écrits de Maria Valtorta, à savoir que cette humanité de Jésus, non seulement correspond dans ses grands traits à celle que nous rapportent les quatre évangélistes, mais elle y est sculptée et illuminée plus profondément et avec une plus grande richesse de détails, ce qui permet de dire que le récit de Maria Valtorta comble les lacunes de la vie humaine du Rédempteur. C’est particulièrement le cas de la période de l’adolescence de Jésus et de sa jeunesse dans la maison de Joseph le charpentier[9], et des relations affectives de Jésus avec sa Mère durant cette longue période, enfin de la séparation du Fils et de sa Mère quand il entreprend sa mission auprès des hommes[10]. Mais ce qui a suscité ma plus grande admiration et tout mon émerveillement en tant que médecin, c’est la compétence avec laquelle Maria Valtorta décrit, comme un expert, une phénoménologie que peu de médecins confirmés sauraient exposer: la scène de l’agonie de Jésus sur la croix[11].
La douleur spasmodique, la plus atroce subie par le Rédempteur à cause des blessures de la tête, des mains et des pieds qui portent le poids du corps dans les plaies, provoque, dans le récit de Maria Valtorta, des contractions toniques de tout le corps, des raidissements tétaniformes du tronc et des membres qui n’affaiblissent ni la conscience ni la volonté du mourant, bien qu’ils soient l’expression de la plus grande souffrance physique produite par la plus grande des tortures. Et tout le déroulement de l’agonie de Jésus, tel que cette Œuvre la décrit, montre que c’est l’immense douleur du corps qui a arrêté le souffle et le cœur du Fils de l’Homme.
La pitié et l’émotion envahissent le lecteur chrétien devant ces magnifiques pages, au style médical, du manuscrit de Maria Valtorta.
Rome, le 23/1/1952
Nicola Pende
Il continua, par la suite, à correspondre avec Maria Valtorta[12] et à lui rendre visite.
Ses interventions en faveur de la publication
Le professeur Nicola Pende fut mêlé par ses conseils à la publication de l'œuvre. C'est lui qui suggéra le titre de "Poème de Jésus" qui figure sur le preier tome de la première édition (1956). Mais puisque ce titre existait déjà pour une petite composition poétique, et que son auteur avait protesté, il fut retouché par le P. Berti en : "Le Poème de l'Homme-Dieu". Ainsi formulé et retouché, il a convenu à Maria Valtorta elle-même qui l'a approuvé et fait sien.
Lors de la mise à l'Index de cette première édition (1960), le Père Berti crut judicieux de faire basculer l'œuvre dans la sphère scientifique en raison du phénomène des visions qui en était à l'origine. Mais pour qualifier l’édition de “scientifique”, il fallait l'aval d’un scientifique appartenant à la sphère de la culture laïque. C’est alors que le Père Berti prit une initiative hasardeuse, que Maria Valtorta aurait certainement refusée si elle avait été consciente. Par l’intermédiaire de Nicola Pende il entra en contact avec la Société italienne de Parapsychologie (Étude des phénomènes psychiques paranormaux) et parvint à intéresser son secrétaire général, Luciano Raffaele, aux écrits de Maria Valtorta. Ce dernier alla jusqu’à promettre d’écrire une monographie. La réaction ne se fit pas attendre de la part de Maria Valtorta qui avait en horreur le spiritisme[13]. Bien qu'elle soit déjà entrée en prostration, elle s'écria à l'entrée de Luciano Raffaele : "va'via, va'via !" ce qui se traduit par: "va-t'en, va-t'en!" avec une connotation impérative du type: ""Dégage, dégage !"[14].
Notes et références
- ↑ Spécialité médicale qui s'intéresse au traitement des troubles du système endocrinien composé des glandes et des organes producteurs d'hormones (hypophyse, thyroïde, glandes surrénales...)
- ↑ Dysfonctionnements ou lésions pathologiques dont les causes dépendent, dans une large mesure, de l'action de facteurs génétiques.
- ↑ Policlinico Umberto I est le plus important hôpital de Rome et d'Italie. Il abrite une faculté de médecine et de chirurgie.
- ↑ Appelée aussi "La Sapienza" ou Rome I. Elle a été fondée en 1303 (la Sorbonne de Paris a été fondée en 1257). Elle comporte aujourd'hui 150.000 étudiants environ, 21 facultés, autant de musées et 155 bibliothèques.
- ↑ Source : Patrimonio dell'Archivio storico {it}.
- ↑ Eugénisme : ensemble des techniques génétiques visant à intervenir artificiellement et par sélection pour l'amélioration de l'espèce humaine.
- ↑ La paraplégie ou paralysie des membres de Maria Valtorta était due au coup de barre de fer qu'elle avait reçu, 29 ans plus tôt, d'un jeune anarchiste.
- ↑ Elle avait quitté le collège à presque 16 ans, le 23 février 1913.
- ↑ Cf. EMV 37 notamment.
- ↑ EMV 44.
- ↑ EMV 609.
- ↑ Sa correspondance est inédite à ce jour (2024).
- ↑ Maria Valtorta, Autobiographie, 2021, EV, pp. 344-346.
- ↑ Emilio Pisani, Pro e contro Maria Valtorta {it}, 2017, CEV, pp. 30-33.