Parabole du grain de moutarde (sénevé)
La parabole du grain de sénevé ou grain de moutarde, est l'une des paraboles les plus courtes de l'Évangile : 2 versets dans Matthieu, 3 dans Marc, 2 dans Luc. Dans Maria Valtorta, elle occupe une page entière (EMV 184.8). Les exégètes y voient le symbole de l'Évangile, d'autres de l'Église, les troisièmes du Royaume de Dieu. Jean-François Lavère a donc cherché à comparer le sens que lui donnait Maria Valtorta à ces explications. En voici le résultat, publié par ailleurs dans la revue Chrétiens magazine :
"Le sénevé est le nom commun de la plante dont les graines fournissent la moutarde. De la même famille que le colza, avec lequel elle peut être confondue. Selon les variétés (blanche ou noire), la hauteur de la plante varie de 80 cm (Sinapis alba) à presque 2 mètres (Brassica nigra). La moutarde blanche (Sinapis alba) est haute de 0,80 m à 1,50 m.
En Palestine, il semble que la plante puisse atteindre environ 1m50 de hauteur. Les chardonnerets sont très friands de ses graines et se posent souvent en groupe sur les rameaux.
Qu'en disent les Évangiles ?
La lecture comparée de la parabole "du grain de sénevé" chez les évangélistes et chez Maria Valtorta ne manque pas d'intérêt :
Matthieu 13, 31-32 :
- "... quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches"
- "... lorsqu'il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches".
- "Il est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et jeté dans son jardin ; il pousse, devient un arbre, et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches".
Que dit Maria Valtorta ?
Le mercredi 23 février 28 (10 Adar I 3788), Jésus veut contenter une hôtesse qui l'a accueilli et de mande un enseignement. Jésus s'inspire alors d'une réflexion entendue : "Écoutez. Ici sur mes genoux j'ai un garçon qui a parlé très sagement. Il a dit: "Tout ce qu'on obtient par tromperie devient de la paille". Sa maman lui a enseigné cette vérité. Ce n'est pas une fable. C'est une vérité éternelle. Ce qu'on fait sans honnêteté ne réussit jamais. En effet le mensonge dans les paroles, dans les actes, dans la religion, c'est toujours le signe d'une alliance avec Satan, le maître du mensonge. Ne croyez pas que les œuvres qui permettent d'obtenir le Royaume des Cieux sont bruyantes et tapageuses. Ce sont des actions ordinaires, communes, mais faites dans un but surnaturel d'amour.". Il commence alors la parabole :"L'amour c'est la semence de la plante qui, naissant en vous, s'élève jusqu'au Ciel et c'est à son ombre que naissent toutes les autres vertus.Comme on peut le voir, la version donnée par Maria Valtorta diffère un peu de celle délivrée par les synoptiques. Elle semble aussi plus "réaliste", puisque le sénevé est une plante, et ne dépasse guère, aux dires des botanistes, 1m20 à 1m50.Je le comparerai à une minuscule graine de sénevé. Comme elle est petite ! Une des plus petites parmi celles que l'homme sème. Et pourtant regardez quand la plante s'est développée combien elle devient forte avec sa frondaison épaisse et combien de fruits elle donne. Ce n'est pas le cent pour cent, mais le cent pour un. La plus petite, mais la plus active...
C'est la même chose pour l'amour. Si vous enfermez dans votre sein une semence d'amour, pour votre Dieu très Saint et pour votre prochain et si vos actions sont inspirées par l'amour, vous ne manquerez à aucun précepte du Décalogue. Vous ne mentirez pas à Dieu par une religion fausse faite de pratiques mais non de spiritualité. Vous ne mentirez pas au prochain en vous conduisant comme des enfants ingrats, des époux adultères ou même seulement trop exigeants, comme des commerçants malhonnêtes, des menteurs dans les relations, des violents envers qui vous est hostile. Regardez, à cette heure de chaleur, combien d'oiseaux se réfugient dans les feuillages de ce jardin.
D'ici peu cette plante de sénevé, encore petite maintenant, sera un vrai perchoir. Tous les oiseaux viendront à l'abri et à l'ombre de ces plantes si touffues et si hospitalières. Les petits des oiseaux apprendront à voler en sécurité dans ces rameaux qui servent d'échelles pour monter et de filet pour éviter la chute. Il en est ainsi de l'amour, base du Royaume de Dieu (EMV 184.8).
Là où les évangélistes disent : "devient un arbre" et parlent de "branches", Maria Valtorta évoque simplement un "perchoir" et des "rameaux", ce qui correspond mieux à la description de cette plante.
Qu'en dit l'exégèse ?
Le P. Jean Carmignac[1] effectua une analyse exégétique de cette parabole. Remarquant que le sénevé pouvant difficilement être comparé à un arbre, il a expliqué (Conférence de Cambrai 1986) que "avoir des branches", (des rameaux) se dit "anaph" en hébreu, tandis que "devenir un arbre" se dit "etz". Mais si dans le mot "anaph" les deux lettres (le «nun» et le «pé») se touchent cela devient un «tsadé» (la lettre finale de etz), si bien que si les deux lettres se touchent cela signifie "devient un arbre", et que si les deux lettres ne se touchent pas, cela veut dire "produit des branches", (des rameaux). Il suffirait donc d'une écriture serrée sur un manuscrit original en hébreu, pour que les traductions grecques aient dévié du sens original hébreu.
Le fait que Maria Valtorta donne une version un peu différente des versions évangéliques, prouve déjà qu'elle ne les "recopie" pas.
Mais que cette version soit cohérente avec une hypothèse crédible formulée par Jean Carmignac 40 ans plus tard, c'est un élément qui peut certainement être porté au crédit de l'authenticité des révélations reçues par M Valtorta !
Pour aller plus loin
Notes et références
- ↑ L'Abbé Jean Carmignac (1914-1986), savant hébraïsant, a mené des travaux scientifiques de premier ordre sur les textes originaux des Évangiles. Voir le site de l'Association Jean Carmignac.