Mariologie valtortienne
La mariologie est la branche de la théologie qui étudie la place de la Vierge Marie en lien avec le mystère du Christ. Le Père Gabriele M. Roschini, qui écrit ces textes, en était un spécialiste. Il fut le fondateur, et président pendant 15 ans, de Marianum, l’université pontificale mariale. Il y enseignait la dogmatique mariale, discipline qu'il enseignait aussi à la faculté pontificale du Latran. Il était par ailleurs consulteur au Saint-Office.
En 1972, il découvre les écrits bien qu’il en ait eu un aperçu une trentaine d’années auparavant. Il s’enthousiasme et en devient un ardent promoteur. En 1973, il écrit La Vierge Marie dans l’œuvre de Maria Valtorta, un ouvrage apologétique, qu’il fait parvenir à Paul VI qui l’en remercie. La même année, il s’occupe du transfert des restes mortels de Maria Valtorta de Viareggio à la Santissima Annunziata de Florence, lieu fondateur des Servites de Marie, dont il était membre et Maria Valtorta, tertiaire.
C'est de cet ouvrage que nous extrayons les textes ci-dessous[1]. Ils ont la forme lapidaire d’un cours magistral. Ce devait être la reprise de ses cours universitaires. On note plusieurs références au Concile qui venait de se terminer et suscitait de nombreux débats.
Bien souvent Roschini se contente de citer les passages faisant sens, dans le contexte qu’il veut illustrer. Sans commentaires supplémentaires : il s’efface devant l’écrit inspiré.
La mariologie valtortienne selon le Père Gabriel M. Roschini[modifier | modifier le wikicode]
1. Les caractéristiques de la mariologie valtortienne[modifier | modifier le wikicode]
"L'Osservatore Romano du 6 janvier 1960 qui publiait une sévère censure de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé,[2] reconnaissait loyalement dans un bref article accompagnant l'avis de censure qu'on trouve dans cette œuvre "des leçons de théologie mariale marquées par une connaissance complète des toutes dernières études des spécialistes actuels en la matière [...], des leçons de théologie écrites dans les termes mêmes qu'emploierait un professeur de notre temps".L'article insinuait, en outre, que l'écrivain aurait eu comme souffleur un savant théologien marial[3]. C'était admettre pour autant que l'œuvre contient une doctrine mariale tout à fait à la pointe : chose indéniable ! Mais il est aussi indéniable, que Maria Valtorta n'a jamais lu un livre qui traite de mariologie, qu'elle n'a jamais suivi de cours ni de leçons sur un tel sujet, et qu'il n'y a jamais eu de savant théologien marial pour lui suggérer ce qu'elle a écrit sur la Sainte Vierge.
La mariologie de Maria Valtorta n'est pas de son invention propre, cela est évident. Et on ne peut penser le moins du monde qu'elle puisse être une invention du diable, "parce que — comme l'a finement noté S. Exc. Mgr Carinci, secrétaire de la Sacrée Congrégation des rites — le démon s'entend trop peu avec la Sainte Vierge" ; et les écrits de Maria Valtorta constituent, comme nous le verrons, l'hymne la plus mélodieuse qui monte de la terre vers l'auguste Reine du ciel.
"Ma fille, dit la Vierge Marie à Maria Valtorta, écris donc sur moi. Ce sera une consolation pour toute ta peine[4]" . Et Jésus d'ajouter : "Délecte-toi de ma Mère ![5]" .
Elle obéit. Elle écrivit et trouva ses délices en Marie.
Ceci étant dit, nous exposerons sommairement les caractéristiques de la mariologie valtortienne. Elles se ramènent à trois :
- c'est une mariologie nouvelle, sous plusieurs aspects;
- c'est un mariologie vivante, pour diverses raisons;
- c'est une mariologie éminemment biblique."
2. Une mariologie nouvelle[modifier | modifier le wikicode]
"Cette mariologie est nouvelle sous plusieurs aspects, qui ne font qu'illuminer davantage et compléter l'ancienne mariologie, la traditionnelle, en la renouvelant (toujours cependant "dans le même sens et dans la même pensée ("in eodem sensu eademque sententia")[6]" .Parmi les raisons qui ont poussé notre divin Maître à nous donner L’Évangile tel qu’il m’a été révélé[2] il y a celle-ci :
"Restaurer dans leur vérité les figures du Fils de l'homme et de Marie, vrais enfants d'Adam par la chair et le sang, mais d'un Adam innocent[7]".Il s'agit donc de restaurer, en plus de la figure du Christ, celle de Marie. Cette restauration de la figure de Marie répond aux lacunes évidentes que nous constatons dans les livres canoniques au sujet de la Sainte Vierge[8].
Jésus lui-même dit à Maria Valtorta :
Les évangiles avaient déjà fait de moi une description suffisante qui allait au moins suffire au salut des cœurs. La Sainte Vierge était peu connue; sa personne était évoquée en traits incomplets qui laissaient trop de choses dans l'ombre. Voici que je l'ai révélée. C'est moi qui te l'ai donnée cette histoire parfaite de ma Mère, cet Ordre [de toutes choses] qui s'orne du nom de Marie... Car elle est la gloire de l'Ordre...[9]"Le but de cette connaissance plus étendue de Marie est d'augmenter l'amour envers elle :
"Tu es une petite fille qui ne sait pas grand-chose de sa Mère. Mais quand tu sauras beaucoup de choses et que tu me connaîtras, non comme une étoile lointaine dont on ne voit qu’un rayon et on ne connaît que le nom, non seulement comme une entité idéale et idéalisée, mais comme une réalité vivante et aimante, avec mon cœur de Mère de Dieu et de Maman de Jésus, de Femme qui comprend les souffrances de la femme, car les plus atroces ne lui furent pas épargnées et elle n’a qu’à s’en souvenir pour comprendre celles des autres, alors tu m’aimeras comme tu aimes mon Fils, c’est-à-dire de tout ton être[10]."C'est pour cela que Maria Valtorta comme écrivain n'a épargné ni labeur ni sacrifice :
"Je vais très mal, [avouait-elle] et écrire me coûte beaucoup. Je suis une loque, ensuite. Mais pour la faire connaître, pour qu’elle soit plus aimée, je ne compte pas. Mes épaules me font-elles souffrir? Mon cœur cède-t-il ? Ma tête me torture-t-elle? La fièvre augmente-t-elle? Peu importe! Que Marie soit connue, toute belle et chère comme je la vois par bonté de Dieu et par sa bonté à elle, et cela me suffit[11] ."L'œuvre de Maria Valtorta, connue sous le titre italien de Le poème de l’Homme-Dieu pourrait aussi justement s'intituler Le poème de la Mère de Dieu, car, en plus de restaurer et de compléter la figure évangélique du Christ, elle restaure et complète celle de Marie.
On peut dire, en outre, que la mariologie de Maria Valtorta est nouvelle, parce qu'elle nous présente la Sainte Vierge sous un nouveau jour, c'est-à-dire comme une créature nouvelle, apparemment semblable à toutes les autres pures créatures, mais en réalité bien différente : une créature toujours plongée dans la lumière infinie de son Créateur, dans la lumière de Dieu un et tripe, entourée d'une splendeur exceptionnelle et fascinante, qui émane de sa mission unique.
Dieu...
"la pensa, réunissant en Elle toutes les grâces. C'est la Vierge, c'est l'Unique, c'est la Parfaite, c'est la Complète. Telle que pensée [par Dieu], telle qu'engendrée, Elle demeure: Telle Elle est couronnée et demeure éternellement. C'est la Vierge. C'est l'abîme de l'intangibilité, de la pureté, de la grâce, qui se perd dans l'Abîme d'où Elle est jaillie, en Dieu, Intangibilité, Pureté, Grâce absolues au superlatif" (EMV – Tome 1, chapitre 8, page 43)."Enfin, la mariologie de Maria Valtorta est nouvelle, parce qu'elle nous présente la Sainte Vierge sous une forme nouvelle, avec des développements nouveaux[12] et des images nouvelles, fascinantes. Par exemple, elel nous apparaît sous cette image :"[tel un] vivier de forme circulaire dans lequel les eaux se meuvent sans jamais aller vers l'embouchure [ ... ] Ainsi Marie, eau très pure d'une fontaine scellée, sortit de la ferveur incandescente de la Pensée éternelle, coula le long de rivages sereins, apportant avec elle paix et pureté, et rentra en Dieu pour y accueillir Dieu et engendrer le Fils de Dieu, puis vint au milieu des sables sauvages apporter aux déserts des cœurs la Lumière, la Vérité, la Vie, et de nouveau, sa mission étant accomplie, telle une eau aspirée par le soleil, elle fut emportée dans le Sein mystique qui l'avait enfantée pour vous afin qu'elle y enfante le Salut. C'est là qu'elle est : Fontaine inviolée de la pureté, unique miroir digne de la Perfection qui oublie tout ce qui est une offense en regardant l'Immaculée..."[13].L'image évoquée ici est une sorte de mouvement circulaire, de Dieu à Dieu."
3. Une mariologie vivante[modifier | modifier le wikicode]
Cette mariologie ne contemple pas la Vierge dans la stratosphère glaciale de l'abstrait, mais dans toute sa réalité concrète de femme (bien que hors-série, une femme à la fois idéale et réelle), d'épouse virginale et qui-fait-des-vierges, de mère pleine de tendresse, d'amour et de douleur. De cette mariologie surgit une Vierge Marie vivante et agissante qui pense, médite, parle, agit dans les situations les plus diverses de la vie; une Vierge à l'esprit humain rempli de lumière divine, au cœur humain débordant d'amour divin; une Vierge qui, où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse, répand sur son passage un parfum céleste: celui de ses vertus éminentes, celui surtout de son exquise bonté, de sa miséricorde illimitée; une femme en apparence comme toutes les autres, mais en réalité, un miracle de beauté tant physique que morale; une femme qui marche sur la terre avec l'esprit et le cœur toujours fixés au ciel. Une femme-prodige. Femme du Paradis, encore que femme de la terre; perpétuel délice, soutien et réconfort de son divin Fils et bien digne de lui.Maria Valtorta, en plus de nous faire connaître la Sainte Vierge, nous la fait sentir toute proche, nous la fait presque voir, nous fait comme vivre avec elle dans la plus douce intimité.
Telle est Marie et la mariologie qui émergent des écrits de Maria Valtorta: une Marie vivante qui nous donne une mariologie vivante. Vivante et vivifiante.
4. Une mariologie éminemment biblique[modifier | modifier le wikicode]
En plus d'être neuve (sous plusieurs aspects) et vivante (pour diverses raisons), la mariologie dans les écrits valtortiens est aussi éminemment biblique.La Bible, aussi bien l'Ancien que le Nouveau Testament, est l'âme, l'étoffe, la moëlle de la mariologie valtortienne. Qu'il suffise de dire que presque toute la Bible figure dans le texte ou les notes de l'Évangile tel qu'il m'a été révélé[14]; ses 73 livres et 1166 de ses 1334 chapitres (y compris les 150 psaumes) s'y trouvent d'une manière explicite ou implicite[15]. L'œuvre parle continuellement un langage biblique : le langage même de Dieu.
Tous les passages bibliques qui se rapportent à Marie dans les deux Testaments, du livre de la Genèse (3, 15) à l'Apocalypse (12), se trouvent mis en valeur dans la mariologie valtortienne. Les passages prétendus "antimariaux[16]" s'y trouvent tous, mais avec l'interprétation qui s'impose, propre à dissiper toute ombre autour de la lumineuse figure de Marie.
"Les siècles [écrit Maria Valtorta, utilisant d'avance les expressions mêmes du concile Vatican II[17]] se transmettent de l'un à l'autre, dans une clarté grandissante et avec des détails toujours plus nets, la voix de la promesse divine d'un Messie rédempteur et de la Femme sans concupiscence qui punira le prévaricateur, en mettant au monde le vainqueur du péché et de la mort. Nombreux par la suite sont les symboles et les voix qui à travers les siècles font écho à la promesse (Genèse 3,15)...[18]".
Conclusion[modifier | modifier le wikicode]
En concluant, Jésus dit à Maria Valtorta :"Trouve ton bonheur en ma Mère ![19]".Et après l'avoir invitée à se plonger "dans l'azur paradisiaque" de Marie, il ajouta:
"Tu en sortiras avec l'âme aussi fraîche que si tu venais d'être créée par le Père [...] Tu en sortiras avec l'esprit illuminé, parce que tu auras baigné dans le chef-d'œuvre de Dieu. Tu en sortiras avec tout ton être débordant d'amour, parce que tu auras compris combien Dieu sait aimer[20]".La même chose nous arrivera, si nous nous jetons en Marie comme cela vient d'être montré par Maria Valtorta. Nous sentirons notre âme rafraîchie, illuminée, réchauffée.
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ La Vierge Marie dans l’œuvre de Maria Valtorta, CEV, édition de 2021, pp.27-31.
- ↑ 2,0 et 2,1 Nous utilisons le titre sur lequel l'œuvre est désormais éditée. Le P. Roschini utilise Poema, abréviation de son titre original Poema del'Uomo-Dio.
- ↑ Il interprète ce qui ressort effectivement de l'article de l'Osservatore Romano : "le niveau théologique est tel qu'il ne peut s'agir que d'une écriture en sous-main dont nous ne sommes pas dupes !" La phrase sur la théologie mariale visait le P. Roschini qui était de plus un consulteur du Saint-Office.
- ↑ EMV 2.5.
- ↑ Les Cahiers de 1943 - 26 décembre – p. 590. Jésus donne des directives spirituelles à Maria Valtorta : "Souviens-toi que tu ne seras pas grande en vertu des contemplations et des révélations, mais par ton sacrifice. C’est Dieu qui t’accorde les premières [...], Le second est la fleur de ton esprit et c’est lui qui est méritoire à mes yeux. Augmente-le, sans considérations humaines, jusqu’à la limite de tes forces physiques et spirituelles. Plus tu t’élèveras et plus je t’emporterai haut. Et ne crains rien [...] Je ne te dis rien de plus. Délecte-toi de ma Mère.”
- ↑ Citation de Jean XXIII, discours du 11 octobre 1962 (discours tenu à l’ouverture du Concile) paragraphe 6, alinéa 5 : " il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable [la doctrine chrétienne], à laquelle il faut obéir fidèlement, soit étudiée et exposée de la manière que notre époque l'exige. Car le dépôt de la foi lui-même, ou les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, est différent, et la manière dont elles sont exprimées est différente, mais avec le même sens et la même phrase." Cette citation a été reprise dans Gaudium et spes, paragraphe 62, alinéa 2, note 134.
- ↑ EMV 652.4.
- ↑ C'est déjà une instruction que donnait la Vierge Marie à Marie d'Agréda (La Cité mystique de Dieu, Livre 6, chapitre 28, paragraphe 1508).
- ↑ Les Carnets, le 25 février 1949.
- ↑ Les Cahiers de 1943, le 8 décembre.
- ↑ Les Cahiers de 1944, le 7 juin.
- ↑ Ainsi, pour n'en donner qu'un exemple, au sujet du célèbre parallèle classique Ève/Marie: on ne trouve chez aucun des Pères et des écrivains ecclésiastiques, ni même chez tous les Pères et les écrivains pris dans leur ensemble, un développement aussi captivant, aussi ample, aussi complet de ce parallèle que dans les écrits de Maria Valtorta. En tout cela, celle-ci est dans une entière indépendance à l'égard de ces sources traditionnelles (elles lui sont complètement inconnues).
- ↑ Leçons sur l'Epître de saint Paul aux Romains, leçon n°1.
- ↑ L'œuvre couvre aussi les 373 unités narratives (péricopes) de l'Évangile canonique, sans omission et sans incohérence et 98.5% de ses versets cités intégralement ou évoqués. Cela constitue un phénomène unique qui la distingue des vies de Jésus du commerce dont les hypothèses ne son généralement fondées que sur quelques versets seulement.
- ↑ Pour nous convaincre, il n'y a qu'à parcourir l'index biblique de l'œuvre (Indice biblico dell'opera Il poema dell'Uomo-Dio), travail patient d'Edmea Dusio (Pisani, Isola del Liri, 1970).
- ↑ Les épisodes "antimariaux" de l'Évangile sont ceux qui semblent rejeter la Vierge Marie. Ils sont au nombre de quatre : Matthieu 12,46-50 et Marc 3,35 | Luc 2,41-52 | Luc 11,27-28 | Jean 2,2-4. Roschini, dans la suite de son ouvrage (pp. 32-38), en démontre le bien fondé positif en accord avec l'œuvre de Maria Valtorta. Ce débat était né, à l'époque, de la constitution dogmatique sur l'Église, Lumen Gentium, chapitre 8 qui traitait de "La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église". Cette constitution dogmatique, défendue par le cardinal Bea, qui traitait de l'œcuménisme, soulevait sur ce point la vision qu'ont certains protestants du rôle et de la place de la Vierge Marie. (Nicolas Favart "Réception de l'enseignement du Concile Vatican II sur la Vierge Marie par la famille Marie-Jeunesse", 2008, Université Laval, Québec, Canada, pp.50-51).
- ↑ "Ainsi l’Église, tandis que les siècles s’écoulent, tend constamment vers la plénitude de la divine vérité, jusqu’à ce que soient accomplies en elle les paroles de Dieu." Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum, chapitre 8, 18 novembre 1965. Voir aussi l'idée sous-tendue dans le Psaume 18 (Hébreu 19) : La Gloire de Dieu se transmet "au jour le jour".
- ↑ Leçons sur l'Épître de saint Paul aux Romains, leçon n° 17.
- ↑ Les Cahiers de 1943, le 26 décembre.
- ↑ EMV 5.7.