Ponce Pilate
"Pilate n'est qu'un roseau qui plie dans le sens de l'ouragan, en essayant de le fuir. Il ne manque jamais de sincérité, car il est toujours convaincu de sa décision sur le moment même. Mais le moment d'après, par l'effet d'un ouragan contraire, il oublie" (EMV 566).L'ambition le motive :
"Sa petitesse, son avidité, son orgueil le poussent à régner pour avoir beaucoup d'argent et dominer un tas de sujets soumis" (EMV 566).Claudia Procula, sa femme, joue de toutes les contradictions qui l'animent. Elle menace de se séparer (et avec elle la haute protection qu'elle représente) s'il ne fait pas ce qu'elle veut. Pilate est un politique : il se fie peu aux rapports de ses centurions. Il les juge doués pour la bataille, mais pas pour les analyses politiques. Il se fie pour cela à son épouse
"qui utilise intelligence et habileté pour avoir des informations sûres. En vérité le Proconsul c'est Claudia" résume Simon le Zélote (EMV 393).Jésus tempère le portrait de Pilate :
"On dit qu'il est honnête, en famille au moins" (EMV 255).Il n'est pas opposé à Jésus, mais seulement contrarié par les agitations qu'il provoque chez les membres du Sanhédrin. Il évite de prendre parti. Lazare, fils d'un ancien gouverneur de Syrie, est bienvenu chez les romains. Face à l'hostilité grandissante du Sanhédrin qui vient de condamner Jésus, il vient demander l'intervention favorable du Proconsul. Mais Ponce Pilate lui confirme sa neutralité :
"Je suis bien décidé à ne plus m'en occuper, ni en bien ni en mal. Je m'en lave les mains. Je renforcerai la garde car je ne veux pas de désordres. De cette façon, je contenterai César, mon épouse et moi-même, c'est-à-dire les seuls dont je me préoccupe d'une manière sacrée. Et pour le reste, je ne remue pas un doigt" (EMV 583).Lorsque Jésus comparait devant lui (EMV 604), il marque une hésitation : la résurrection de Lazare (EMV 549), intervenue quelques mois plus tôt l'avait bouleversé : il craint la puissance de Jésus. Cette crainte est renforcée par l'avertissement que sa femme lui fait parvenir : il ne doit pas s'occuper des affaires de ce juste[1]. Il n'oppose que son scepticisme et finit par obtempérer aux cris de la foule.
Plus tard, son attitude et les troubles provoqués par la mort de Jésus font l'objet d'une réprimande de la part de Rome (EMV 644).
Son nom
En latin : Pontius Pilatus. Pontius est son nom (nomen) et Pilatus son surnom (cognomen) mais on ignore son prénom (praenomen). Chaque romain avait en effet trois noms. Ex: Caius Julius Caesar ou Tiberius Claudius Nero.
Où en parle-t-on dans l'œuvre ?
EMV 255 EMV 282
EMV 329 EMV 379 EMV 393
EMV 426
EMV 531 EMV 540 EMV 546 EMV 549 EMV 563 EMV 566 EMV 570 EMV 576 EMV 578 EMV 582 EMV 583 EMV 588 EMV 592 EMV 598
EMV 604 EMV 604 EMV 644
En savoir plus sur ce personnage
Extraits du Dictionnaire des personnages de l’Évangile, selon Maria Valtorta (Mgr René Laurentin, François-Michel Debroise, Jean-François Lavère, Éditions Salvator, 2012) :Ponce Pilate est nommé dans les deux formes du Credo chrétien : le symbole des apôtres, comme celui de Nicée. Il est l'un des trois noms cités avec celui de Jésus et de la Vierge Marie.Sa condamnation de Jésus est confirmée par Tacite (Ier siècle) : parlant de l'incendie de Rome sous Néron dont on accusa les chrétiens, il note que "ce nom (de chrétiens) leur vient d'un certain Christos qui, sous le règne de Tibère, fut condamné au supplice par le procurateur Ponce Pilate"[2].
Ponce Pilate était le fils de Marcus Pontius, un espagnol devenu citoyen romain. Pilate fut nommé préfet de Judée par Tibère, en 26. À ce titre, il cumulait les fonctions de Procurateur, chargé de lever l'impôt, et celui de Gouverneur, chargé de faire régner l'ordre. La présence, parmi ses collaborateurs, d'aristocrates romains et de leurs épouses va donc de soi.
Selon Philon d'Alexandrie (Ier siècle) Pilate était "cruel par nature, ne reculant devant rien. Il fait régner l'orgueil, l'arrogance en même temps que la corruption"[3].
Flavius Josèphe (Ier siècle) le décrit brutal et peu soucieux de la susceptibilité religieuse juive. Mais il ajoute qu'il était rusé et savait user de la diplomatie et de la souplesse nécessaires[4].
À la fin de l'année 36, son supérieur hiérarchique, le gouverneur de Syrie Lucius Vitellius, lui ordonna de se rendre à Rome pour justifier devant Tibère, sa répression violente d'une insurrection armée en Samarie. Ce n'était pas sa première erreur : L'épisode des Galiléens massacrés sur son ordre est rapporté par les Évangiles[5]. En 37 c'est le nouvel empereur Caligula qui le reçoit. Il est exilé à Vienne, en Gaule ou à Lucerne (Suisse). Il y meurt peu de temps après. On ne sait s'il se suicida ou s'il fut exécuté[6].
Le Mont Pilat, dans la région de Vienne, sous-préfecture de l'Isère, tirerait son nom de Ponce Pilate.
Une autre hypothèse, retenue par certaines Églises orientales, le donne converti au christianisme par sa femme. En 64, il aurait été victime de la persécution de Néron[7]. Ces Églises le fêtent en même temps que sa femme, le 25 juin.
Un apocryphe du IVème siècle : L'Évangile de Nicodème ou Actes de Pilate, le met favorablement en scène.