Claudia Procula
Cette patricienne romaine appartient à la famille impériale : "J'appartiens à la gens Claudia. J'ai plus de pouvoir que tous les grands d'Israël car, derrière moi, il y a Rome" (EMV 371). La famille impériale appartient à cette Gens Claudia. "Une dame qui a de grands pouvoirs" confirme un centurion.
Ponce Pilate, son mari, lui doit probablement sa situation. Ses origines expliquent sans doute qu’elle ne réside pas à Rome comme habituellement les femmes de procurateur, mais en Palestine.
Elle rencontre Jésus dès la première année de sa vie publique (novembre 27) à l'occasion d'un miracle (EMV 116), puis le retrouve à Césarée Maritime, le port romain de Palestine où Jésus parle aux galériens et appelle la pitié des romains (EMV 154).
Touchée par les actes et les paroles de Jésus qu'elle tient pour "un sage, un grand philosophe", elle en parle dans le petit cercle des nobles romaines qui l'accompagne. Elle s'invite même, avec ce groupe, à un banquet de charité que Jésus donne à Jérusalem, dans le Palais de Jeanne de Chouza, une princesse juive.
Pour Claudia cependant la gloire du royaume céleste que prêche Jésus servira la puissance de Rome. Sans le savoir, elle prophétise ainsi la Rome chrétienne : "Grandes, vraiment grandes seront Rome et la Terre, quand elles mettront ce Nom sur leurs enseignes et quand son signe sera sur les étendards et sur les temples, sur les arches et les colonnes" (EMV 371).
Elle demande à Judas de l’avertir en cas de problème, mais par des propos ambigus sur la royauté imminente de Jésus, Judas lui fait craindre un complot contre Rome. Elle doute : "Elle en a été si profondément choquée qu'elle a douté de Toi et de la sainteté de ta doctrine. Pour l'instant tu lui parais un rebelle, un usurpateur, avide, faux... Elle veut de Toi une réponse immédiate" rapporte Jeanne de Chouza (EMV 400), mais les explications de Jésus la rassure et plus encore ses miracles dont celui qui reforme une langue, pourtant coupée, d'un de ses esclaves, Calliste : "Tu es vraiment le Juste que je pressentais ... personne, sauf Toi, ne peut faire renaître un mort (Lazare) et rendre des yeux à un aveugle (Sidoine)" (EMV 563).
C'est donc tout naturellement qu'elle tente d'influencer son mari au moment du procès de Jésus comme le rapporte Matthieu 27,19, mais la lâcheté de Ponce Pilate précipite la séparation du couple : "Claudia est repartie de Jérusalem deux jours après le sabbat et, dit-on, indignée, effrayée même de rester près de son mari... Claudia sépare sa responsabilité de celle de son mari. Car elle lui avait dit de ne pas poursuivre le Juste, car il valait mieux être persécuté par les hommes que par le Très-Haut dont le Maître était le Messie" (EMV 630).
Elle se retire, sous la garde du centurion Longin, celui du Calvaire, dans la garnison romaine de Césarée Maritime avec le noyau de romaines réuni par une même admiration, voire une foi en Jésus.
Caractère et aspect
Une femme "très belle, sur les trente ans". Grande, mince, de haute taille. Son visage régulier et sérieux a des "yeux doux et pourtant impérieux" (EMV 563).
Parcours apostolique
Elle chemine, comme le groupe des romaines sur le chemin de la foi : "Claudia croit au Nazaréen. Pour elle il est plus grand que tout autre homme."(EMV 549). Peu de temps avant la Passion, Valeria, une romaine récemment convertie, précise à Jésus : "Après moi, (Claudia) est celle qui suit de plus près ta doctrine et t'honore davantage" (EMV 583).
Son nom
Claudia désigne la Gens dont elle est issue, une lignée impériale.
Où en parle-t-on dans l'œuvre ?
EMV 116 EMV 154 EMV 155 EMV 158 Le second voyage pascal : EMV 192 Apostolat en Judée : EMV 204 EMV 362 L'avant-dernière Pâque : EMV 370 EMV 371 EMV 372 EMV 378 En Judée : EMV 379 EMV 393 EMV 400 Pentecôte, Décapole et Plaine d'Esdrelon : EMV 425 EMV 426 EMV 429 EMV 431 L'été à Nazareth : EMV 433 EMV 442 EMV 448La fête de la Dédicace : EMV 531 EMV 549 L'exil en Samarie : EMV 563 EMV 566 Le retour vers Jérusalem : EMV 583 EMV 586
La Semaine Sainte : EMV 596 La Passion : EMV 604 EMV 630
En savoir plus sur ce personnage
Selon les estimations de Jean Aulagnier, elle aurait 32 ou 33 ans lors de sa rencontre avec Jésus.
L'historicité du personnage par Jean-François Lavère
Si son nom vient de la gens Claudia, à laquelle elle appartient, son surnom (procula ou Procla) signifie "née en l'absence de son père". Elle est en effet la fille illégitime de Julie, seconde épouse de l'empereur Tibère, et donc petite-fille de l'empereur Auguste.
L'évangile apocryphe de Nicodème ("Les actes de Pilate") comme Anne-Catherine Emmerich confirment le nom de Claudia Procula pour la femme de Ponce Pilate. Selon Maurice Laurentin, son portrait, dans une intaille de Jaspe rouge, serait conservé au Cabinet des médailles de Paris ("Roman de Ponce Pilate", Paris 1926).
On conjecture sur le père naturel de Claudia, mais en remontant une trentaine d'année en arrière, selon les indications de Maria Valtorta, on trouve sa mère Julia condamnée à l’exil par son père Auguste en -2 juste après avoir été la maîtresse du consul Julius Antonius, dernier fils vivant de Marc Antoine. (Velleius Paterculus, II, 100) Pour ce motif, Julius fut tué (Tacite, Annales IV,44). Cela expliquerait toute à la fois l'éloignement de Claudia Procula et la protection dont elle bénéficie.
La loi Oppia interdisait en effet aux proconsuls d'emmener leur femme dans les provinces qu'ils gouvernaient. Si Pilate avait sa femme à Jérusalem, comme le confirme Matthieu 27,19, cela prouve qu'ils avaient des soutiens en "haut lieu" puisque, à cette époque, seules les femmes de haut rang accompagnaient leurs maris en mission (Tacite Annales L 3 33-34).
Claudia avait été élevée par Tibère selon Macrobe, chroniqueur au Vème siècle, de la Rome impériale (Saturnales). Aux archives du Diocèse de Narbonne, une correspondance de Claudia Procula à Fluvia Hersila confirmerait cette affirmation :
"Je ne te parlerai pas de mes premières années passée à Narbonne sous l’égide de mon père (en –10, Tibère est en Gaule et Narbonne est capitale de la province romaine) et sous la garde de ton amitié. Tu sais que, ma seizième année accomplie, je fus unie à Pontius, romain d’une famille noble et antique…".
Quant à l'adhésion de Claudia Procula à la foi chrétienne elle est attestée, dès le IIème siècle par Origène (Homélies – Matthieu 10,25). Elle est d'ailleurs honorée comme sainte par l'Église grecque le 27 octobre, et par l’Église copte le 25 juin.
Qu'est-elle devenue ?
Certains auteurs, comme François de Bivar (Commentaires de la "Chronique de Dexter" - 1637), pensent que ce pourrait être d'elle dont parle saint Paul dans son épître à Timothée (2Tim 4, 21), en nommant les personne chrétiennes les plus importantes de Rome : "Eubule, Pudens, Lin et Claudia".
D'autres, comme Jean Aulagnier (Le premier siècle chrétien - 1989), postule qu'elle a suivi son mari dans son exil en Gaule. Cette protection serait à l'origine de l'immigration de la puissante famille de Lazare touchée par les premières persécutions d'Hérode-Agrippa 1er en 44, selon une tradition fortement enracinée en Provence.
Enfin, en 1929, Carrington Smith, pense avoir découvert son tombeau au Liban, à Achrafiyé, près de Beyrouth. Mais les deux bracelets d'or gravés au nom de Claudia Procula qu'on a découvert, peuvent appartenir aux deux autres Claudia Procla que l'histoire connaît à la fin du 2e siècle, date estimé du sarcophage selon le RP René Mouterde (Sarcophages de plomb trouvés en Syrie - 1929).