Saint-Office, Brevi notizie, (02/02/1949)
Ce rapport interne du Saint-Office, signé de Mgr Giovanni Pepe, fait le point sur le dossier Maria Valtorta à la date du 2 février 1949. Il est extrait des archives du Vatican.
Texte du document[modifier | modifier le wikicode]
La traduction française a été faite par Alexis Maillard dans son livre accessible en ligne : Maria Valtorta Le Dossier du Vatican.SUPRÊME SACRÉE CONGRÉGATION DU SAINT OFFICEFÉVRIER 1949 - Prot. Num. 355/45[1]
NOTE BRÈVE
de la Chancellerie du S. Office, Section "Censure des livres" à propos de l’œuvre "PAROLE DE VIE ÉTERNELLE" ou "ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST" de la pseudo-voyante Maria Valtorta de Viareggio.
Page 1 du document original
Éminences Révérendissimes, Sont connues aux Révérendissimes éminences, les "dictées" et "visions" de l’hystérique[2] Maria Valtorta de Viareggio, à laquelle le père Migliorini, des Servites de Marie, son confesseur, croit aveuglément. Elles en délibérèrent à la feria IV (= jeudi), le 13 mars 1946, et décrétèrent : "Appelez immédiatement le Père Général des Servites et dites-lui de ne pas permettre au Père Migliorini de retourner à Viareggio, mais de le garder soit à Rome, soit dans un autre couvent loin de la Toscane"... "Écrivez à l'archevêque de Lucques[3] pour qu'il désigne à la voyante un confesseur sérieux et prudent, qui la surveillera et interdira et empêchera que ses "dictées et visions" se répandent parmi les fidèles". Le lendemain, vendredi, 14 mars 1946, le Saint-Père approuva cette décision. Et cela fut fait immédiatement: le Père Migliorini fut retenu à Rome et l'Archevêque de Lucques fut informé, qui, le 23 mars 1946, répondit qu'il en était heureux, car il considérait le Servite en question comme "un exalté qui voit l'intervention des anges et des démons là où il n'y a que des manifestations d'hystérie[4]". Au mois de juillet 1946 suivant, le Père Général des Servites de Marie demanda de pouvoir envoyer le Père Migliorini à Monte Senario en Toscane (à quelques kilomètres de Viareggio ![5]), mais il reçut naturellement une réponse négative du Saint-Office. Et le confesseur exalté de Valtorta resta à Rome.Page 2 du document original
Mais ici, il fit des prosélytes parmi ses confrères : le P. Andrea M. CECCHIN[6], Recteur du Collège International de S. Alexis Falconieri[7], et le P. Corrado BERTI, il osa même envoyer au Saint-Père dix gros volumes de "dictées" et de "visions" de Valtorta[8], qui ont pour titre commun "Paroles de vie éternelle" ou "Évangile de Jésus-Christ[9]".Page 3 du document originalDans sa lettre à Sa Sainteté du 19 juin 1948, le Père Berti déclare avoir parlé à plusieurs reprises de ces volumes au Père Béa, Recteur de l'Institut Biblique, qui — toujours selon Berti — "y est vraiment favorable[10]". Et ce fait - ajoute-t-il dans la lettre[11] - m'encourage beaucoup". Mais le fait est-il vrai ?
Le Père Gabriele ROSCHINI, Servite, Consulteur du Saint-Office, dans son avis écrit pour cette Suprême Congrégation [du Saint Office] en 1946, jugeait les dictées de la Voyante "d'une élévation peu commune, disproportionnée par rapport à sa culture et donc il l’attribuait à des causes surnaturelles : à Dieu ou à l'Ange des ténèbres déguisé en Ange de lumière ?" — se demandait-il[12][13].
Valtorta, pour sa part, dans une lettre adressée au Saint-Père le 9 novembre 1948, disait : "J'ai confié les écrits à l'Ordre des Servites de Marie. Ce sont eux qui se chargent de la transcription fidèle et qui Vous présentent les volumes au fur et à mesure qu'ils sont transcrits[14]. Les Pères Cecchin, Migliorini et Berti exécutaient donc un mandat reçu de Valtorta, en désobéissance ouverte au décret du Saint-Office cité ci-dessus du 13 mars 1946, approuvé par Sa Sainteté[15]. Ils ont même fait quelque chose de plus : ils ont osé demander une audience spéciale avec le Saint-Père! Ils l'obtinrent le 26 février 1948 et demandèrent la grâce de pouvoir imprimer les volumes des "dictées" et des "visions" de Valtorta. Mais Sa Sainteté leur ordonna très sagement de s'adresser à un Ordinaire[16] afin d'obtenir l'Imprimatur pour la publication des "Paroles de Vie Éternelle" ou "Évangile de Jésus-Christ" qui était l’objet de leur intérêt[17]. Et ils partirent à la recherche de cet Ordinaire.
Cependant, "ayant frappé en vain aux portes de nombreux évêchés" - ce sont les mots du P. Berti dans la lettre qu'il écrivit au Saint-Père le 29 juin 1948[18] y compris celle de Son Excellence Monseigneur A. C. Camillo De Romanis[19], ils pensèrent à apposer l'Imprimatur de leur frère Servite Monseigneur Barneschi, évêque titulaire de Tagaste et Vicaire apostolique du Swaziland (où Migliorini avait été en mission), pensant qu'ils pourraient le faire parce que les volumes seraient imprimés dans l'imprimerie de leur Ordre à Rome.Page 4 du document originalEn fait, cet Imprimatur figure à la page 32 de la brochure publicitaire, publiée par eux comme extraits des "dictées" et "visions" (Rome, Tip. Laboremus, 1948) et envoyée à de nombreuses personnes pour recueillir des souscriptions et des avances d'un montant de 7500 Lires italiennes, prix de l'ouvrage entier.
* * *
Dans la préface de la brochure publicitaire, les éditeurs disent qu'ils doivent garder le nom de l'Auteur (la voyante MARIA VALTORTA) secret et incognito et ajoutent : "Nous demandons aux lecteurs de faire de même, sans même essayer de soulever le voile de cette délicate pudeur" (page 5). Valtorta place de manière sacrilège une manière honteuse de parler sur les lèvres divines de Jésus dans un essai des "dictées" paru dans le Giornale d'Italia du 14 octobre 1948, à propos de l'aumône à faire en secret : "Ne révèle pas — fait-elle dire au Divin Maître — ta bonté, de même que tu ne dévoilerais pas une jeune fille aux yeux d'une foule".
Parlant également de la relation de la Vierge Marie avec la Très Sainte Trinité[20] - Maria Valtorta se montre enthousiaste à propos de l'apparition de Tre Fontane[21]. Dans son journal du 10 juin 1947[22] elle écrit : "L'apparition de Tre Fontane n'est pas sans rapport avec l'Œuvre" à paraître[23]. Même les disciples de Dain Cohenel (Dolindo Ruotolo[24]) disent à Naples que le livre que la statue de la Vierge de Tre Fontane tient dans sa main est le Commentaire sur la Bible de Dain Cohenel, mis à l'Index ! La Bible que lit Valtorta pourrait-elle être l'œuvre volumineuse du célèbre prêtre napolitain ? Pares cum paribus facillime congregantur [25]!)
Valtorta affirme que "la Sainte Trinité est descendue, a habité avec ses Trois Personnes, a enfermé son infini dans un petit espace (le ventre de Marie) ; et elle n'en fut pas diminuée pour autant, car l'amour de la Vierge et la volonté de Dieu ont élargi cet espace jusqu'à le rendre un Ciel ! Le Fils a enseigné à Marie sa vérité et sa sagesse «alors qu’elle n’était encore qu’une graine qui grandissait dans son ventre[26]".Page 5 du document originalLe Père Alberto VACCARI S.J. parle avec une compétence autorisée de la grossière absurdité hérétique de Valtorta qui appelle la Vierge "Seconde née du Père..., parce qu'elle vient en second après le Fils du Père" [la "puinée du Père"][27], et de ses erreurs sans fin dans son avis. Ajoutons ici seulement que Valtorta voit Marie Très Sainte "dans le Triangle incandescent de la Très Sainte Trinité" et avertit : "Que les sages en théologie comprennent ce que signifie cette vision... Marie est embrassée, je pourrais dire contenue dans la Très Sainte Trinité, dans laquelle elle était avant que le temps n'existe et dont elle était le tabernacle, contenant dans son sein le Père, le Fils et le Saint-Esprit en contenant Jésus[28]. La Révélation est son trésor... Il ne peut y avoir de seconde Rédemption à accomplir par Jésus-Christ ; mais il peut en exister une encore pour sauver un plus grand nombre d'esprits des liens de l'enfer : celle de la glorieuse Marie"[29] [30].
"Ces nouvelles ayant été rapportées le mercredi 24 novembre 1948, leurs Éminences Très Révérendissimes décrétèrent : "Faire un rappel (auprès du Père Général ou de son représentant) concernant le Père Migliorini et C. [Cecchin?] en relation avec Valtorta... Envoyer les dossiers au Révérend Père Vaccari pour qu’il donne son avis... En attendant suspendre la collecte des adhésions et des cotisations pour les souscriptions à l'œuvre." Le Saint-Père, le jeudi suivant, 25 novembre 1948, approuva le décret ; et celui-ci fut immédiatement exécuté. Mais entre-temps, des questions, des manifestations d'étonnement et de scandale, des protestations pleuvaient de toutes parts en Italie au Saint-Office[31], concernant les bizarreries publiées et diffusées dans le célèbre opuscule-promotionnel "Paroles de Vie Éternelle" et dans un nouvel article du Giornale d'Italia paru, malgré l'avertissement donné, le soir de la veille de Noël 1948, avec cette brève mise en garde : "L'auteur est un chrétien qui souhaite rester anonyme, car les vérités de la foi n'ont d'autre auteur que Dieu[32]."
Le P. Migliorini, rappelé à l’ordre, se défend en écrivant dans un mémorandum[33] qu’"il n’est ni directement ni indirectement en relations épistolaires avec l’écrivaine. Les parties de l’œuvre qui ont été écrites après son départ (de Viareggio) n’ont pas été ajoutées au reste par son intermédiaire, à sa demande ou sur son conseil"..Page 6 du document originalP. Cecchin et P. Berti (ce dernier faisant la navette entre Rome et Viareggio)[34], ont envoyé au Saint-Père un exposé de M. Barilari et G. Milani, associés des Servites dans la maison d’édition de l’œuvre valtortienne, dans lequel ils disent : "Nous avons pris des engagements moraux et matériels, ce qui nous place dans des difficultés non négligeables… Grand est le nombre de ceux qui nous harcèlent chaque jour en nous demandant quand commencera la publication de l’Œuvre. Et tout aussi grand est notre embarras vis-à-vis de ceux qui nous ont confié de l’argent en vue d’une publication que tous désiraient et jugeaient imminente, les réviseurs (les Servites P. Roschini, P. Rocca, examinateur du clergé au Vicariat), Son Excellence l’Évêque de Sora, etc., s’étant déclarés favorables à la publication du premier volume qu’ils ont examiné[35], et de nombreux autres prêtres et laïcs, pieux et érudits, s’étant prononcés favorablement quant à la publication de l’ensemble de l’Œuvre dont ils avaient lu les différents volumes". Ils demandent à pouvoir publier les trois premiers volumes, ou au moins le premier, de l’œuvre en question. De son côté, Valtorta — cette fois non plus en tant que "Porte-parole de Jésus", comme elle osait auparavant se nommer, mais au nom du Père Éternel, ose dire avec une audace insensée à Sa Sainteté:
"Invoque mon Esprit et lis. Lis ce qui peut t’éclairer[36]… L’Église de mon Christ, en interprétant mal la parole de son Divin Fondateur, se croit si forte, si invulnérable qu’elle ne se soucie plus, dans la majorité de ses membres et surtout parmi les plus éminents, de pratiquer ces actions qui lui gagneraient l’amitié de Dieu. Elle présume. Elle se sent supérieure à tout et à tous. Elle dit : “Je suis établie. Rien ne prévaudra contre moi[37][38].”
"Non. Sachez comprendre la parole de Dieu. Ne retombez pas dans les erreurs voulues par les anciens scribes, qui ont interprété les prophéties et les promesses de Dieu selon ce qui flattait leur stupide orgueil de peuple élu…""Le temps de Sobna domine. Une grande partie de l’Église y est déjà emportée… Cela, je l’avais déjà dit il y a des années au porte-parole, afin que cela te soit transmis. Cela, je te le dis aujourd’hui à toi, Vicaire de mon Christ et mon Serviteur…
Mais si tu rejettes le moyen (c’est-à-dire Maria Valtorta), ce n’est pas tant lui que tu frappes et contre lui, innocent, que tu pèches, mais Moi que tu frappes, Nous, qui sommes un seul Dieu dans notre admirable Trinité, et tu pèches contre l’Amour. Car l’Amour, notre Amour Trinitaire, a voulu donner à ton pontificat cette Parole de Dieu. Et si tu résistes à ma volonté d’amour, tu répètes le geste des princes des prêtres, des membres du Sanhédrin, des pharisiens, des sadducéens et des scribes…[39]".
* * *
Et c’est assez. Qu’il soit toutefois permis enfin au modeste Rapporteur de ces Brèves Nouvelles d’observer : les manuscrits originaux de Valtorta n’ayant pas été présentés à Sa Sainteté, mais seulement leur copie transcrite à la machine par les Pères Servites mentionnés à plusieurs reprises, qui peut dire si cette copie reflète "fidèlement" les "dictées" et les "visions" valtortiennes, ou si, au contraire, l’ensemble de l’œuvre originale ne serait pas plutôt une rédaction multiple et simultanée de la Voyante et de ses admirateurs dactylographes Servites ? Le Saint-Office ne pourrait-il pas, avec autorité, exiger les manuscrits originaux intacts et complets, avec toutes les gloses marginales probables, les ajouts et les corrections, afin de les soumettre à un examen approfondi et réfléchi par des érudits patients et compétents ?[40]
Vos Éminences Révérendissimes le diront par leur sage et prudent jugement.
Rome, le 2 février 1949.
Sac. (Sacerdos = prêtre) GIOVANNI PEPE.
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Numero di protocollo en italien, Numerus protocolli en latin. C'est la référence constante, pour suivi et archivage, de toutes les pièces du dossier "Maria Valtorta" (n°355) ouvert en 1945.
- ↑ Dans son rapport, pourtant critique, le Père Augustin Bea contredira ce qualificatif issu du rapport d'Alberto Vaccari : on ne peut pas qualifier Maria Valtorta d'hystérique.
- ↑ Mgr Antonio Torrini, archevêque de Lucques de 1928 à 1973.
- ↑ Cette remarque concerne le Père Romualdo Migliorini. Le jugement sur les voyantes qu'il accompagnait est appliqué ici indistinctement à Maria Valtorta. Cependant, à cette époque, Maria Valtorta avertissait son confesseur de ne pas se fourvoyer dans l'accompagnement de deux mystiques douteuses.
- ↑ 100 km, tout de même. Le Monte Senario, près de Florence, est le haut-lieu spirituel des Servites. Les sept saints fondateurs s'y retirèrent. Voir la rubrique dans les Communautés relevant du Prieur général, site des Servites de Marie.
- ↑ La cause en béatification du Père Andrea M. Cecchin (1914-1995) a été ouverte par le diocèse de Vicence et l'Ordre des Serviteurs le 23 mars 2002. Pour Don Giuseppe Busato qui rédige sa monographie sur santi e beati, "Sa mémoire demeure bénie comme celle d'un saint".
- ↑ Ce collège porte le nom d'un des sept saints fondateurs de l'ordre des Servites de Marie. En 1950 cette école devint Faculté théologique (le Père Corrado M. Berti y enseignait) ; elle a été définitivement approuvée en 1955 sous le titre "Marianum" et fut promue faculté théologique pontificale en 1971.
- ↑ Ce n'est pas "le confesseur exalté de Valtorta" (Le Père Romualdo Migliorini) qui envoya les tapuscrits de l'œuvre, mais le Père Corrado Berti.
- ↑ On trouve ici confirmation que l'œuvre de Maria Valtorta aujourd'hui connue comme l'Évangile tel qu'il m'a été révélé, a été primitivement désignée comme "Vangelo di Gesù Cristo come rivelato al piccolo Giovanni (L'Évangile de Jésus-Christ tel qu'il a été révélé au petit Jean)". En 1948, le Père Romualdo Migliorini qui dactylographiait les exemplaires, jugea bon de changer le titre selon une suggestion de Jésus. Il adopta “Parole di vita eterna Paroles de Vie éternelle)” avec le sous-titre “La Buona Novella spiegata ai piccoli del gregge di Gesù (La Bonne Nouvelle expliquée aux petits du troupeau de Jésus)". Ces deux titres étaient connus du Saint-Office. Voir Titres successifs de l'œuvre, note n°1.
- ↑ Effectivement, dans un premier temps (23 janvier 1952), il s'afficha comme soutien de cette œuvre qui faisait preuve de connaissances remarquables. Cependant, il n'en faisait pas une œuvre d'origine divine et trouvait superflues les longues descriptions. Mais quelques mois plus tard (17 octobre 1952), approfondissant l'œuvre, il la juge ambigüe et ambivalente et recommande de ne pas la publier.
- ↑ Note du document original : pièce N°38 du Dossier 355/45.
- ↑ Note du document original: Avis de janvier 1946, page 5.
- ↑ Mgr Giovanni Pepe instruit à charge. Le Père Roschini écrivait dans ses conclusions (27 août 1946): "je n'ai rien trouvé de contraire à la foi et la morale. J'y ai trouvé au contraire un souffle de grande spiritualité et une puissance de reconstruction de scènes évangéliques assez singulières", ce qui éloigne de l'inspiration satanique que Mgr Pepe tente d'inocculer.
- ↑ Note du document original: pièce N°31 du Dossier 355/45.
- ↑ Approbation personnelle présumée totalement en opposition avec la suite: Pie XII n'aurait pu recevoir ouvertement en audience des désobéissants notoires et n'aurait pas pu les encourager à poursuivre la publication (recherche d’imprimatur) supposée nocive. Il s'agit donc d'une "approbation" de la Secrétairerie d'Etat, au mieux.
- ↑ Un Ordinaire désigne l'évêque en charge de l'action, ici l'imprimatur. C'était, selon le code de doit canon de 1917, l'évêque du lieu de résidence de l'auteur (Maria Valtorta), de son éditeur ou de son imprimeur.
- ↑ Une formulation typiquement subjective destinée à influencer le lecteur. Une formulation neutre aurait écrit : "Ils sollicitèrent une audience avec le Saint-Père, qu’ils obtinrent le 26 février 1948, afin de demander l’autorisation d’imprimer les volumes contenant les « dictées » et les « visions » de Maria Valtorta. Le pape les invita à s’adresser à un évêque diocésain pour obtenir l’Imprimatur nécessaire à la publication de l’œuvre, intitulée « Paroles de Vie Éternelle » ou « Évangile de Jésus-Christ »."
- ↑ Note du document original : pièce N°39 du même Dossier.
- ↑ Entre 1948 et 1950, Mgr Alfonso Camillo de Romanis (1885-1950) occupait au Vatican le poste de vicaire général de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican (en italien, vicario generale di Sua Santità per la Città del Vaticano). Ce poste faisait de Mgr De Romanis le représentant direct du pape pour la juridiction ecclésiastique dans l’État de la Cité du Vatican. Il exerçait aussi la charge de sacristain du Palais apostolique. À ce titre il a eu à gérer la préparation de grands événements liturgiques internationaux, avec un afflux exceptionnel de pèlerins et de cérémonies dans la basilique Saint-Pierre. Si Mgr de Romanis décline l'imprimatur de l'œuvre de Maria Valtorta, c'est pour une raison triviale que Maria Valtorta dévoile dans sa lettres à Mère Teresa Maria, Tome 2, 4 juin 1950, p. 310 : "Ils vont même jusqu'à empêcher nombre d'âmes de trouver Dieu et de grandir dans la vie divine par leurs sales sentiments d'envie et de ... profit. "Si vous me donnez 200 000 lires, j'approuve" isait Mgr Traglia en 1946. "J'approuve si vous me donnez 250 000 lires" disait en 1948 Mgr De Romanis, aujourd'hui défunt." À titre indicatif, 250.000 lires italiennes de 1949 équivalaient à 192 jours d'un salaire d'ouvrier industriel. Ceci pour l'obtention de l'imprimatur.
- ↑ Note du document original: "Paroles de Vie Éternelle", volume 1, 1 et n° 32-33 et 40 du Dossier cité.
- ↑ Ce sont ces mêmes apparitions (dont le culte est autorisé) qui ont été cause de la rencontre entre Pie XII et Luigia Sinapi, une voyante qui avait son entrée libre auprès du Pape. Mgr Giovanni Pepe met dans le même sac de son aversion : Maria Valtorta, Tre Fontane et Dain Cohenel (Dolindo Ruotolo).
- ↑ Note du document original : pièce n° 32 déjà cité.
- ↑ "Le 10 juin, mon cousin Giuseppe, qui m'héberge, m'apporte "Oggi". Je le feuillette. Je trouve le récit détaillé de l'apparition. Je sursaute en lisant la phrase : "Je suis Celle qui est dans la Trinité Divine. Je suis la Reine de la Révélation". Car ces mêmes mots m'ont été dits par Marie Ss. lors d'une de mes premières rencontres avec Elle, et ils sont restés gravés dans ma mémoire, tout comme d'autres phrases spéciales telles que : "Je suis le résumé de l'amour des Trois [personnes divines] " dite de Jésus-Christ, et "La vengeance de Dieu est le pardon" dite de Jésus-Christ, pour ne citer que quelques exemples. Je ressens encore plus fortement que l'Apparition à Tre Fontane n'est pas étrangère à l'Œuvre que Jésus Ss. voudrait des Servites de Marie si... (alors, en juin, il y avait encore la condition. Maintenant, elle n'existe plus, par la grâce de Dieu !) ». Les Carnets, p. 91.
- ↑ Le Serviteur de Dieu Dolindo Ruotolo (1882-1970) fut effectivement mis à l'Index en 1940 (G. Pepe était en fonction). Mais en 2021 sa cause en béatification a été introduite par Mgr Domenico Battaglia, Archevêque métropolitain de Naples. La famille missionnaire de Notre-Dame qui soutient sa cause, rapporte cette phrase habituelle de Padre Pio : "Pourquoi venez-vous jusqu’ici ? Vous avez un grand saint à Naples, Dolindo, allez à lui !" Il s'agit donc de la cohorte des saints (D. Ruorolo ne l'est pas encore), sanctionnés par le Saint-Office de cette époque. À l'occasion du centenaire de la commission biblique pontificale (PCB), l'apport du Père Dolindo a été souligné et définit comme une préfiguration de l'encyclique biblique de Pie XII Divino Afflante Spiritu (1943).
- ↑ Qui se ressemblent, s’assemblent !
- ↑ EMV 1.2.
- ↑ Note du document original: Page 1 du vol. 1 de l'ouvrage "Paroles de Vie Éternelle", manuscrit dactylographié. Cet avis du P. Alberto Vaccari, que reprend avec emphase Mgr Giovanni Pepe ("une absurdité hérétique") est complétement contredit par les commentaires autorisés du Bienheureux Dom Prosper Guéranger: "Marie était donc présente comme Jésus dans le décret divin, avant que la création sortît du néant".
- ↑ Voir les commentaires sur ce passage. Cahiers de Maria Valtorta, 24 octobre 1947. Cahiers de Maria Valtorta, Jésus, 23 octobre.
- ↑ Note du document original : Pièces N°32-33 du Dossier 355/45 déjà cité.
- ↑ Cette annonce rejoint celle de la "Vierge des Derniers temps" prophétisée par Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (+1716) et actualisée dans Maria Valtorta. Cette expression désigne Marie telle qu’elle sera manifestée à l’Église dans les temps de crise précédant le triomphe final du Christ : une Vierge plus connue, plus aimée et plus suivie de ses “apôtres des derniers temps”, appelés à renouveler la foi et à préparer le règne de Jésus-Christ. Cf. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n° 55-59, 217-218 : il y décrit la mission prophétique de Marie dans les derniers temps et l’appel des “apôtres des derniers temps” suscités pour préparer et affermir le règne du Christ. Voir aussi René Laurentin, François-Michel Debroise - La Vierge des Derniers temps Une étape de la fin du monde, De Grignion de Montfort à Maria Valtorta, éd. Salvator, 2014.
- ↑ Emphase militante.
- ↑ Maria Valtorta, à la demande de Jésus, devait rester anonyme tant qu'elle serait en vie.
- ↑ Note du document original : Pièce n°54 du dossier cité.
- ↑ Note du document original : Pièce n°52 du même Dossier : « Lors de ma dernière visite — écrit-il en date du 10 novembre 1948 — je l’ai trouvée (Valtorta) parfaitement informée de la configuration et des diverses décorations des cimetières » etc. de Rome, « bien qu’elle y soit allée il y a 20 ans ». Pour lui, c’est un phénomène miraculeux !,
- ↑ Confirmation des propos de Mgr Michele Fontevecchia, évêque de Sora: il était prêt à accorder l'imprimatur et il en fut empêché par le Saint-Office. L'œuvre avait été examinée par Mgr Ugo Emilio Lattanzi, doyen de la faculté pontificale du Latran.
- ↑ Les Carnets, 23 décembre 1948, 23h. Le passage omis, prophétique, dit: "L’Enfer progresse. Et on ne trouve plus, dans l'Église de mon Christ, cette sainteté qui inciterait le Dieu des Victoires à envoyer ses anges abattre les démons". Par "Église" il faut comprendre la société de tous les chrétiens catholiques, note Maria Valtorta. Dieu le Père pose l'œuvre de Maria Valtorta comme un antidote à cette situation que l'époque contemporaine est venue confirmer.
- ↑ Dans un passage omis dans cette citation, Dieu le Père explique: "L'enfer prévaut plus ou moins, selon que l'Église [la société de tous les chrétiens catholiques, note Maria Valtorta] perd de sa sainteté, ce qui diminue les secours de Dieu. C’est toujours prévaloir, même si ce n’est pas détruire. Or, de toute sa vie séculaire, jamais l’Église n’a connu un tel moment d’affaiblissement – quand encore ce n’est pas de corruption, de triple corruption –, et jamais un semblable assaut de l’Enfer."
- ↑ Analyse de Magisterium IA : "L'affirmation de la révélation privée met en lumière une tension potentielle entre la nature divine et indéfectible de l'Église et la réalité humaine de ses membres, qui sont toujours appelés à la conversion et à l'humilité. Bien que l'Église, en tant qu'institution divine, soit assurée de la victoire finale du Christ et de sa persévérance jusqu'à la fin des temps, ses membres individuels, y compris les plus éminents, sont toujours sujets à la faiblesse humaine et à la tentation de la présomption. L'Église est effectivement "établie" par le Christ et "rien ne prévaudra contre elle" dans son essence divine et sa mission salvifique. Cependant, cela n'exclut pas la nécessité constante pour ses membres de pratiquer l'humilité, la prière, la charité et la pénitence, afin de vivre pleinement leur vocation à la sainteté et de manifester l'amitié de Dieu dans le monde. La critique contenue dans l'affirmation peut servir de rappel à la vigilance et à la fidélité pour tous les membres de l'Église, afin qu'ils ne tombent pas dans la complaisance ou l'orgueil, mais qu'ils s'efforcent toujours de vivre en conformité avec l'esprit du Christ."
- ↑ Note du document original: pièces n°60 et 61 du dossier cité
- ↑ Étrange demande: Mgr Giovanni Pepe n'a pas cessé de démolir la "pseudo-voyante", dès 1946. Pourquoi vouloir examiner les manuscrits puisque la messe est dite avec l'accord du Saint-Père, selon lui ? Veut-il démontrer que Pie XII a été abusé par un original amélioré par les Servites, ce qui expliquerait son approbation ? Mais c'est ce qu'il vient de démontrer "avec l'accord du Saint-Père"! Mais la recherche qu'il suggère démontre implicitement que Pie XII n'a rien trouvé à redire, là où le Saint-Office trouve un monceau de dangereuses inepties. Ou alors, n'ayant pas trouvé de motif sérieux de condamnation malgré tous ses efforts, il escompte en trouver dans les manuscrits. Ce scénario fiction demeurera jusqu'à la mise à l'Index: l'article de l'Osservatore romano maintiendra la thèse d'un complot des Servites pour expliquer la valeur théologique qu'il ne peut étouffer.