Amour, Charité, Aimer

    De Wiki Maria Valtorta

    L'amour, la charité sont un thème central de l'oeuvre valtortienne. Il est évoqué en long et en large dans L'Evangile tel qu'il m'a été révélé car c'est l'enseignement majeur du Christ à ses apôtres, qui leur enseigne une grande vérité : Dieu lui-même est Amour.

    Dieu est amour

    L’amour est Dieu et son Royaume.    

    Saint Jean le dit, Dieu est amour.
    Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour[1].
    Pour sa part, Jésus répond à un docteur de la Loi selon Matthieu, un scribe selon Marc, qui lui demandait :
    "Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ?" Jésus lui répondit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. (Matthieu 22, 36-39) | Marc 12, 28-34).
    Ainsi l’amour est la nature active de Dieu, mais c’est aussi l’essence de la Révélation publique, qui recouvre l’histoire de l’Humanité depuis sa création jusqu’à son accueil dans la "Jérusalem céleste". Elle a pour sommet la Rédemption par laquelle "Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique" (Jean 3, 16).  

    Puisque Dieu est amour intégral, le rejet de Dieu ne laisse place qu’à la haine intégrale.  

    Le Royaume du Christ se définit donc dans ce périmètre :
    Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés [2].

    L’exigence de l’amour.    

    Aimer comme Jésus nous a aimés est un engagement exigeant qui nous entraîne au-delà des conventions habituelles :
    Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.      

    Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.  

    À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue.          

    À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique.    

    Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.

    Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.    

    Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.

    Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.        

    Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.          

    Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.  

    Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.  

    Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.    

    Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous [3].
    Notre époque a tenté de masquer cet amour en le déformant. Le célèbre slogan "Faites l’amour, pas la guerre" caricature l’enseignement de Jésus pour l’en détourner en jouant sur les mots.

    Le grec ancien, une des langues en usage au temps de Jésus, ne tombait pas dans cette confusion. Il n’employait pas moins de quatre mots pour désigner l’amour.    

    • Agapè qui désigne l'amour désintéressé, divin, universel, inconditionnel.  
    • Éros (ἔρως / érôs) : l'amour charnel, le plaisir corporel.
    • Storgê (στοργή / storgế) : l'affection familiale, l'amour maternel.      
    • Philia (φιλία / philía) : l'amitié, l'amour bienveillant, le plaisir de la compagnie.          

    Toutes ces attitudes trouvent leur place dans le plan de Dieu, y compris l’amour charnel, mais pas dans leur forme dévoyée. Si le Cantique des cantiques [4] célèbre la beauté physique et l’élan amoureux, il indique aussi la relation qui les régit en dénommant la jeune femme : "ma sœur fiancée" indiquant par là que l’union physique ne peut être sans respect mutuel.        

    L’enseignement de Jésus dans Maria Valtorta est global. Il traite de l’amour de Dieu comme de l’amour de l’ennemi, en passant par l’amour conjugal et familial.

    L’amour est synonyme de Charité

    Le mot grec Agapé fut traduit par Caritas dans la Vulgate, version latine de saint Jérôme à l’origine de la plupart des Bibles. Caritas est de venu Charité en français. Elle a donc le sens d’amour/agapé.      

    C’est donc avec raison que Paul dit que la charité/amour ne passera jamais[5], car Dieu est amour et qu’Il est éternel.
    Quand j’aurais le don de prophétie,

    la science de tous les mystères et de toute la connaissance,

    quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes,

    s’il me manque l’amour, je ne suis rien.

    Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés,

    quand je livrerais mon corps aux flammes,

    s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien.

    L’amour prend patience,

    l’amour rend service,

    il ne jalouse pas,

    il ne plastronne pas,

    il ne s’enfle pas d’orgueil,

    il ne fait rien de laid,

    il ne cherche pas son intérêt,

    il ne s’irrite pas,

    il n’entretient pas de rancune,

    il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité.

    Il excuse tout,

    il croit tout,

    il espère tout,

    il endure tout.

    L’amour ne disparaît jamais.

    L’Amour est synonyme de Miséricorde      

    Comme nous l’avons vu plus haut, Jésus précise : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux". La miséricorde est en effet la compassion appliquée au coupable. C’est l’amour rédempteur, un attribut fondamental du Christ.

    Cet appel retentit plus particulièrement en notre époque. Au cours d’une vision, le 13 septembre 1935, Jésus avait demandé à sœur Faustine de développer la dévotion à la Divine Miséricorde et souhaité qu’une fête en cet honneur, soit instaurée :
    Ma fille, lui dit Jésus, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs... La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, Je désire qu’elle soit fêtée le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde [6].
    Ces mots retrouvent toute leur portée si l’on comprend bien la signification du mot Miséricorde. Il est la traduction du mot hébreu rahamim, qui nous réfère aux entrailles de l’homme, mot qu’utilise Jésus dans la révélation à Sœur Faustine. Celles-ci signifient symboliquement les entrailles du père, de la mère ou, métaphoriquement, de Dieu : l’amour géniteur, profondément fidèle à ce ou à ceux qu’il a engendré.        

    Intuitivement, sœur Faustine a retrouvé le sens biblique des rahamim : les entrailles du Dieu Créateur pour définir la miséricorde au sens même de la Bible. Cela nous donne la clé pour comprendre le mot miséricorde : l’attitude charnelle et spirituelle qui résume l’instinct parental et surtout maternel, d’où les multiples comparaisons de la Miséricorde Divine surtout avec l’amour de la mère pour son enfant.    

    La miséricorde désigne donc l’altruisme sans limites qui polarise profondément le générateur à l’égard des enfants qu’il a créés ou engendrés.        

    Sœur Faustine interprétait ce mot au sens le plus théologal de l’agapé/charité : l’amour qui aime le premier, l’amour-source qui reste fidèle et vient au secours des plus grands pécheurs, qui va au-devant d’eux pour les sauver.  

    Dans sa grande leçon à ses disciples sur l’Amour Jésus affirme que l’amour est l’aspect le plus manifeste de Dieu [7], l’attribut roi et son attribut d’origine, car tous les autres attributs en sont issus :
    Dieu est uni à la Charité[8]. Celle-ci est vraiment, et plus intimement et vraiment encore que deux époux qui s'aiment intensément, l'esprit de son Esprit. Dieu Lui-même est la Charité. La Charité n'est que l'aspect le plus manifeste de Dieu, celui qui le met davantage en lumière. Entre tous ses attributs, elle est l'attribut roi et l'attribut origine, car tous les autres attributs de Dieu naissent encore de la charité. Qu'est la Puissance, sinon la charité qui œuvre ? Qu'est la Sagesse, sinon la charité qui enseigne ? Qu'est la Miséricorde, sinon la charité qui pardonne ? Qu'est la Justice, sinon la charité qui gouverne ? Et je pourrais continuer ainsi pour tous les innombrables attributs de Dieu.

    Dans l'Evangile tel qu'il m'a été révélé

    Amour de Dieu et du prochain.

    • Je vous donne cette consigne d'amour : "Aimez Dieu et le prochain". C'est la condition première pour accomplir tout autre bien [...] Ceux qui aimeront en Dieu, qui aimeront Dieu et dont Dieu sera le Seigneur, auront sur terre et au Ciel la paix qui sera pour eux une tente et une couronne. EMV 65.1
    • L'amour, c'est le cordage, le filin, la branche dont tu parles. Insister, insister... jusqu'à ce qu'il les saisisse... Une parole... un pardon... une plus grande indulgence pour la faute... seulement pour arrêter la descente et attendre le secours de Dieu... EMV 84.5
    • L'Amour est avide d'amour [...] M'aimer uniquement par amour sera le propre d'un petit nombre EMV 88.2
    • Ce ne sont pas les riches et les puissants, en tant que tels, qui auront des honneurs, mais seulement ceux qui auront toujours aimé Dieu en L'aimant plus qu'eux-mêmes et plus que toute autre chose comme l'argent, le pouvoir, la femme, la table; et en aimant leurs semblables que sont tous les hommes, riches comme pauvres, connus comme inconnus, savants ou sans culture, bons ou mauvais. EMV 109.5
    • "Augmente ton amour". EMV 149.6  
    • "Aimer, voilà le secret…". Première prédication de l’apôtre Jean. EMV 166.10    
    • Le précepte de l'amour doit être obligatoire pour tous, mais il doit l'être trois fois pour les serviteurs de Dieu. EMV 275.4
    • Celui qui ferme son cœur à son frère, ferme son cœur à Dieu et Dieu à lui. EMV 298.7

    Amour conjugal, fidélité

    Voir les antonymes : adultère, infidélité.

    • L’amour conjugal règne dans la sainte Famille. EMV 36.8
    • Marie Salomé explique avec son cœur l’amour du mari et l’amour de Dieu. EMV 152.2
    • Celui qui manque d'affection pour sa femme, et même pour sa propre fille, est quatre-vingt-dix fois sur cent responsable de la faute de sa femme ou de sa fille et en répondra pour elles. EMV 494.6 
    • Aime avec patience et soumission ton époux troublé. Augmente ta douceur d’autant plus que fermente en lui l’amertume des peurs humaines. Augmente ta clarté spirituelle d’autant plus qu’il engendre de lui-même des ombres d’intérêts terrestres. Sois fidèle pour deux. EMV 622.2

    Aimez vos ennemis.

    Voir la fiche Ennemis.

    Enseignements sur l'amour.

    • C'est l'amour qui rend facile toute entreprise. EMV 108.          
    • L'amour est le rédempteur de l'individu. Celui qui aime commence sa rédemption. Le Fils de l'homme la complétera. EMV 117.  
    • Les différents degrés dans l’amour : de Dieu, de parent, d'époux - du prochain, de la science, du travail - Différence entre amours et faimsEMV 196.
    • L’amour parfait aime, avec les degrés qui s’imposent, tout le genre humain, et même les animaux et les végétaux, les étoiles et les eaux, parce qu’il voit tout en Dieu. EMV 247.      
    • L’amour, beaucoup plus que la crainte du châtiment, nous tient éloignés du mal EMV 260.          
    • "L’amour est le secret et le commandement de la gloire" EMV 268.
    • L'amour est constructeur. Il construit, affermit, maintient compact, préserve. L'amour apporte l'espérance en Dieu. L'amour fait fuir le mal. L'amour porte à la prudence envers sa propre personne. EMV 295.      
    • Aimez. Il n'y a pas d'autre vertu plus grande et plus semblable à sa Nature. Si vous aimez, vous pratiquerez toutes les vertus sans fatigue. EMV 324.      
    • On réussit quand on aime. On ne réussit que peu quand on aime chichement. On ne réussit pas du tout quand on n'aime pas. En n'importe quoi. A plus .forte raison dans les choses de Dieu EMV 417.7.

    Dans les autres ouvrages de Maria Valtorta

    Cahiers de 1943

    Catéchèse du 7 juin : Qu’y a-t-il d’extraordinaire à l’aimer maintenant qu’il m’aime si sensiblement ? À moins d’avoir le cœur de Judas, celui qui se sent aimé aime. Mais le plus haut amour est celui qui sait continuer d’aimer même s’il croit ne plus être aimé.

    Catéchèse du 30 juillet  : En vérité, je te dis que mourir d’amour est la plus sanglante des morts parce qu’on souffre, non d’une seule chose, mais des choses de toute la création. On souffre pour l’intérêt de Dieu et du prochain. C’est la mort de ton Jésus, car, sache-le, le mot le plus juste au sujet de ma mort n’est pas flagellation, tortures, croix; c’est amour. C’est l’amour qui a sacrifié le Fils de Dieu. L’amour pour vous (page 198)

    Catéchèse du 7 octobre : Dieu est sans reproches à votre égard, d'où votre obligation absolue de l'aimer, puisqu'il vous donne l'amour, et l'amour demande l'amour en retour.

    Dans l'Index Valtorta

    L'Index Valtorta permet de faire des recherches thématiques par mot-clé et d'aller plus loin dans l'Oeuvre.

    Mots-clés conseillés :

    • Amour
    • Amour de Dieu
    • Amour du prochain
    • Amour de la Vierge Marie
    • Aimer Dieu
    • Aimer la Vierge Marie
    • Aimer ses ennemis
    • Charité

    L'Index est susceptible d'évoluer avec le temps et de se voir enrichir de nouveaux mots-clés complémentaires à ceux-ci.

    Dans les textes fondamentaux chrétiens

    Dans la Bible

    Amour conjugal :

    • Que tu es belle ma compagne, que tu es belle ! Que tu es beau mon Bien-aimé, oui, tu es plein d'attraits ! Cantique des cantiques
    • Trouve la joie dans la femme de ta jeunesse (Proverbes 5,15-20).
    • Femmes soyez soumises à vos maris comme il convient dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes (Colossiens 3, 18-21).  
    • Devoirs mutuels des époux ( 1 Pierre 3,1-7).

    Dans le Catéchisme de l'Eglise catholique

    Sources à venir.

    Dans d'autres sources

    Les différents mots pour dire "amour" : note reprise de BibleOnLine

    Ancien Testament

    C’est l’expression la plus profonde de la personnalité et de l’intimité des relations personnelles (Genèse 22,2 ; 37,3). Dans son sens non religieux, le mot est employé couramment pour parler de l’amour entre un homme et une femme, son expression la plus sublime étant atteinte dans le Cantique des Cantiques. L’Ancien Testament affirme que Dieu aime son peuple, habituellement au sens collectif (par exemple Deutéronome 4,37). A trois reprises seulement un homme est décrit comme personnellement aimé de Dieu (2Samuel 12,24 ; Néhémie 13,26 ; Isaïe 48,14). L’amour de Dieu est plus profond que celui d’une mère (Isaïe 49,15). L’histoire d’Osée et de Gomer illustre sa fidélité (Osée 1-3). L’amour fait partie de son caractère, de sorte qu’il ne peut pas être influencé par la passion ou détourné par la désobéissance (Osée 11,1 et suivants). Bien qu’universel, son amour est aussi sélectif; il a choisi Israël entre toutes les nations uniquement à cause de son amour pour ce peuple (Deutéronome 4,37 ; 7,6 et suivants). En retour, il exige que l’homme l’aime de tout son être (Deutéronome 6,5) en une relation de piété personnelle créée et entretenue par l’œuvre de Dieu dans son cœur (Deutéronome 30,6). L’amour de l’homme est communion avec Dieu (Psaume 18,1), mise en œuvre dans une obéissance journalière (Josué 22,5). L’amour doit aussi être la norme dans les relations humaines (Lévitique 19,18) ; on doit aider ses ennemis même si on ne les aime pas (Exode 23,4).

    Nouveau Testament

    Le mot le plus commun pour toutes les formes d’amour, agapè, est l’un des moins fréquents du grec classique ; dans les rares occasions où il était employé, il désignait la forme la plus haute et la plus noble de l’amour, qui voit la personne aimée comme infiniment précieuse. La septante l’utilise dans 95 % des cas pour traduire le mot hébreu correspondant.

    Un autre mot qui évoque l’amitié (le verbe philéô) est aussi employé, avec un sens peu différent. La relation entre Dieu le Père et Dieu le Fils est une relation d’amour (Jean 3,35 ; 14,31 ; 15,9). Jésus n’a pas employé le mot lui-même pour exprimer l’amour de Dieu pour les hommes, mais il l’a révélé en guérissant avec compassion (Luc 7,13), par son enseignement sur le pardon de Dieu (Luc 15.11 et suivants) et en montrant de l’amitié à ceux qu’on rejetait (Luc 7,34). Jean déclare que l’œuvre de salut de Jésus est la preuve de l’amour de Dieu (Jean 3,16). Comme dans l’Ancien Testament, son amour est sélectif, son objet le "nouvel Israël," l’Église (Éphésiens 5,25), et sous la nouvelle alliance son amour s’étend aux membres individuels de l’Église (Galates 2,20). L’amour de Dieu vise à transformer l’état naturel de l’homme, qui est ennemi de Dieu (Romains 5,10), en une relation d’amour (1Jean 4.19). Jésus voulait que les hommes aiment Dieu (Luc 11,42) mais il préférait employer le mot de "foi" pour parler de la relation de l’homme avec Dieu (Matthieu 9,22), peut-être parce que la foi exprime davantage l’humilité et la confiance que ne le fait le terme "d’amour". L’amour envers le prochain ne doit pas se calculer (Luc 10.25 et suivants), affirmait Jésus; il faut aimer même ses ennemis (Matthieu 5,44). Cette nouvelle attitude est rendue possible par l’action de l’Esprit de Dieu dans le cœur humain (Galates 5,22 et suivants). Les chrétiens doivent être unis par l’amour fraternel (Romains 12,10) comme membres de la famille de Dieu (Luc 22,32 ; Jean 13,34 ; 15,12). C’est une conséquence de l’amour de Jésus (Éphésiens 5. et suivants) qui se manifeste dans une unité de pensée (Romains 15,5 et suivants) et une entraide mutuelle (Romains 12,9 et suivants). Cet amour est la preuve de l’authenticité de la foi du chrétien (1Jean 2,9 ; 3,10 ; 4,20).

    Simone Weil (1909 – 1943)

    Il y avait là un jeune Anglais catholique qui m'a donné pour la première fois l'idée d'une vertu surnaturelle des sacrements, par l'éclat véritablement angélique dont il paraissait revêtu après avoir communié. Le hasard - car j'aime toujours mieux dire hasard que Providence - a fait de lui, pour moi, vraiment un messager. Car il m'a fait connaître l'existence de ces poètes anglais du XVIIe siècle qu'on nomme métaphysiques. Plus tard, en les lisant, j'y ai découvert le poème dont je vous ai lu une traduction malheureusement bien insuffisante, celui qui est intitulé Amour . Je l'ai appris par cœur.

    AMOUR

    L'Amour m'accueillit ; pourtant mon âme recula

    Coupable de poussière et de péché.

    Mais l'Amour clairvoyant, me voyant hésiter

    Dès ma première entrée,

    Se rapprocha de moi, demandant doucement

    S'il me manquait quelque chose.

    "Un invité, répondis-je, digne d'être ici."

    L'Amour dit : "Tu seras lui."

    Moi, le méchant, l'ingrat ? Ah ! mon aimé,

    Je ne puis te regarder.

    L'Amour prit ma main et répondit en souriant

    "Qui a fait ces yeux sinon moi ?

    - C'est vrai, Seigneur, mais je les ai souillés ; que ma honte aille où elle mérite.

    - Et ne sais-tu pas, dit l'Amour, qui en a pris sur lui le blâme ?

    - Mon aimé, alors je servirai.

    - Il faut t'asseoir, dit l'Amour, et goûter à mes mets."

    Ainsi je m'assis et je mangeai.

    Souvent, au moment culminant des crises violentes de maux de tête, je me suis exercée à le réciter en y appliquant toute mon attention et en adhérant de toute mon âme à la tendresse qu'il enferme. Je croyais le réciter seulement comme un beau poème, mais à mon insu cette récitation avait la vertu d'une prière. C'est au cours d'une de ces récitations que, comme je vous l'ai écrit, le Christ lui-même est descendu et m'a prise.

    Dans mes raisonnements sur l'insolubilité du problème de Dieu, je n'avais pas prévu la possibilité de cela, d'un contact réel, de personne à personne, ici-bas, entre un être humain et Dieu.[9]

    Notes et références

    1. 1 Jean 4, 7-8.
    2. Jean 15, 9-12.
    3. Luc 6, 27-38.
    4. Cantique des cantiques, chapitre 4.
    5. 1 Corinthiens 13, 8.
    6. Faustine Kowalska, Petit Journal, § 698.
    7. EMV 444.4.
    8. Carità dans l’original italien, traduit par "Charité" dans l’édition de 1985 et par "Amour" dans celle de 2016.
    9. "L'attente de Dieu" – éditions La Colombe/Livre de poche – Paris 1963 - p. 44-45