Les limbes

    De Wiki Maria Valtorta
    La Descente du Christ aux limbes par Albrecht Dürer, 1510, National Galery of Art, Washington

    L’existence des limbes était, semble-t-il, une croyance assez répandue dans le Judaïsme aux 1er et 2ème siècle avant Jésus[1].Il s’agit d’un lieu où les justes, les innocents et les patriarches attendaient la délivrance du Messie. Le Nouveau Testament s’en fait écho par plusieurs périphrases : "le sein d’Abraham", "les prisonniers de la mort", etc.        

    Le Credo (symbole) des apôtres, l’atteste dans son cinquième article : «Il est descendu aux enfers», ce que le catéchisme de Pie X traduisait par «les limbes»[2] Autant d'éléments que confirment les écrits de Maria Valtorta:

    Dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé"[modifier | modifier le wikicode]

    • Je sais que je n'y irai pas vers Dieu, si le Messie ne vient. La maman nous dit que pour l'heure, nous les gens d'Israël, nous sommes comme autant de Moïses et mourrons en vue de la Terre Promise. Elle dit que nous devrons attendre pour y entrer et que seul le Messie nous permettra d'y entrer.[5]
    • Qu'est-ce que la vie ? C'est un temps d'attente, je dirais les limbes.[6]
    • Ceux qui sont morts dans le Seigneur, déjà tressaillent de joie pour leur prochaine libération des Limbes.[7]
    • Dans les Limbes, les saints innocents font la joie des patriarches et des justes.[8]
    • En vérité, je te dis que la mort sera bonté suprême pour beaucoup qui de cette façon connaîtront jusqu'à quel point l'homme devient démoniaque pour arriver à un point où la paix les consolera de cette connaissance et la changera en hosanna parce qu'elle sera unie à l'inexprimable joie de la libération des Limbes.[9] 
    • Jésus à des gentils : "Oh ! Seigneur ! Nous avons l'âme enveloppée de formules et d' erreurs. Comment ferons-nous pour lui ouvrir les portes du Ciel ?" - "Moi, je desserrerai les portes de l'Enfer. J'ouvrirai les portes de votre Hadès et de mes Limbes. Et je ne pourrai pas ouvrir les vôtres ? Dites : "Je veux" et comme une serrure faite d'ailes de papillons, elles tomberont en poussière au passage de mon Rayon."[10] 
    • Mais quelle attente avant qu'un païen vertueux arrive à cette récompense (le Paradis) !... Vous n'y pensez pas ? Et cette attente, spécialement du moment où la Rédemption avec tous les prodiges consécutifs se sera produite et où l'Évangile sera annoncé au monde, sera la purification des âmes qui auront vécu en justes dans d'autres religions mais n'auront pas pu entrer dans la vraie Foi ayant connu son existence et la preuve de sa réalité. Pour eux, les Limbes pendant des siècles et des siècles jusqu'à la fin du monde. Pour ceux qui auront cru au Dieu vrai et n'auront pas su être héroïquement saints, le long Purgatoire; et pour certains, il pourra se terminer à la fin du monde.[11]  
    • Dans l'Enfer, la haine et la punition provoquent un aveuglement féroce. Dans le Purgatoire, la soif d'expiation anéantit toute autre pensée. Dans les Limbes, la bienheureuse attente des justes n'est profanée par aucune sensualité.[12]
    • Sintica écrit à Jésus d'Antioche pour lui annoncer la mort de Jean d'Endor : "Je connais le Livre comme une vraie Israélite. Mais je sais aussi ce que le Livre ne spécifie pas : que désormais ta passion ne tardera pas à s'accomplir puisque Jean (d'Endor) est mort et que tu lui as promis un court séjour dans les Limbes".[13]
    • Vous ne comprenez pas que si j'acceptais la couronne, la royauté comme vous la comprenez, j'avouerais que je suis un faux Christ, je mentirais à Dieu, je me renierais Moi-même, et je renierais le Père, et je serais pire que Lucifer, car je priverais Dieu de la joie de vous avoir, je serais pire que Caïn pour vous, car je vous condamnerais à être perpétuellement exilé de Dieu dans les Limbes sans espérance de Paradis ?[14]
    • "Mais si tu meurs, tu ne verras plus (le Fils de Dieu). Tu seras dans les Limbes..." - "Pour peu de temps. Tu dois te rendre compte toi aussi que le temps est arrivé. Et elle va arriver l'heure où l'Agneau prendra sur Lui tous les péchés du monde et portera tous nos maux et toutes nos douleurs, et pour ce motif sera transpercé et immolé pour que nous soyons guéris et en paix avec l'Éternel. Et alors, pour les esprits aussi, ce sera la paix... Je l'espère en me confiant à la miséricorde de Dieu."[15]
    • Jésus commente le "est descendu aux enfers" : "Tu as dit que certains deviendront tout de suite glorieux au Ciel. Le Ciel n'est-il pas fermé ? Est-ce que les justes ne sont pas dans les Limbes en attendant d'y entrer ?" - "C'est ainsi : le Ciel est fermé, et il ne sera ouvert que par le Rédempteur.[16]
    • Jésus rencontre sa Mère, juste après sa Résurrection : J’ai senti venir à Moi tes prières. Elles sont venues avec Moi sur la Croix et dans les Limbes.[17]
    • Pense, Jean, quelle félicité s’est répandue dans tous les royaumes de Dieu”. Je lui ai demandé : “Quels royaumes ?”. Je pensais qu’elle connaissait quelque merveilleuse révélation sur le royaume de son Fils qui avait vaincu même la mort. Elle m’a répondu : “Dans le Paradis, dans le Purgatoire, dans les Limbes. Le pardon pour ceux du Purgatoire, la montée au Ciel de tous les justes et des pardonnés. Le Paradis peuplé de bienheureux.[18]

    Dans les autres œuvres[modifier | modifier le wikicode]

    Les Cahiers de 1943[modifier | modifier le wikicode]

    • Catéchèse du 16 août 1943 : "C’est moi qui ai vaincu la mort et la mort (de l’âme). Moi qui ai rappelé à la vie les morts des Limbes. Ils dormaient. Tels que Lazare, dont la résurrection voile celle-ci, plus vraie. Je les ai appelés. Et ils sont ressuscités.[19]

    Les Cahiers de 1944[modifier | modifier le wikicode]

    • Catéchèse du 15 janvier : "Je vous le dis, moi qui pourtant ai créé cet endroit (l’Enfer) : quand j’y suis descendu pour tirer des limbes ceux qui attendaient ma venue, j’ai eu horreur, moi qui suis Dieu, de cette horreur (l’Enfer), et, si une chose faite par Dieu n’était immuable parce que parfaite, j’aurais voulu le rendre moins atroce, car je suis l’Amour et j'ai souffert de cette horreur."[20]          
    • Catéchèse du 29 mai : "Voyons les grandes catégories pour lesquelles il faut souffrir, celles pour lesquelles j’ai souffert, moi aussi, dans ma Passion: le clergé, les désespérés, les pécheurs, les idolâtres, les âmes en attente de retourner à Dieu, en d’autres termes, pour toi, les âmes du purgatoire; pour moi, il s’agissait alors des justes des limbes."[21] 
    • Catéchèse du 11 juin : "Où se trouve ce niveau spirituel ? Ah, bien haut! Là où l’humanité n’arrive pas. Celle-ci est encore perceptible, car l’âme n’est pas aveugle et sa vie dans l’atmosphère vitale ne la rend pas stupide. Non, car cela accroît au contraire sa capacité à voir et à entendre. Mais la raison en est qu’elle vit déjà dans l’atmosphère de l’Amour, puisque le niveau spirituel est l’antichambre du paradis bienheureux : les limbes actuels de ceux qui ne sont pas encore nés à la vie éternelle, mais dont l’âme attend déjà d’y entrer, en enfants spirituels".[22]     
    • Catéchèse du 4 août : "Au temps de Job, le ciel était uniquement peuplé d’anges. Les justes attendaient le Christ dans le séjour des limbes pour devenir citoyens des cieux. Mais maintenant, les processions des saints du ciel et de la terre se joignent aux anges".[23]

    Les Cahiers de 1945 à 1950[modifier | modifier le wikicode]

    • Les Cahiers du 25 décembre 1946 : "Certains de mes humbles bergers (de la Nativité) sont morts avant que je ne sois devenu le Maître, et n’ont pu faire davantage que m’adorer cette nuit-là de tout leur être, inclinés devant ma mangeoire et mon berceau, puis de toute leur âme durant quelques jours ou quelques années, jusqu’à leur mort, après que la férocité d’Hérode m’eut séparé d’eux: mais croyez-vous qu’ils jouissent tous au ciel d’une gloire et d’une joie moindres que celle des trois Sages d’Orient qui furent les chefs de file de tous les savants et les puissants qui allaient m’aimer par la science, au cours des siècles ? Non, au contraire, Je vous le dis : nombre de personnes instruites, après m’avoir aimé, se sont perdues pour avoir voulu me connaître par une science excessive, ou bien purifient encore leur culte scientifique et compliqué — ce culte assailli par les rafales glacées de la science — dans le feu purificateur qui leur apprend à aimer sans vouloir analyser l’amour, ni l’Objet de l’amour; mais les bergers qui m’ont servi comme disciples sont tous passés de la mort à la Vie, et ceux qui se sont éteints avant que je ne monte vers le Père, de la mort à une paisible attente de moi dans les limbes."[24]         
    • "Dans la dictée du 15 janvier 1944 à ma Maria, j’ai dit: “Lorsque j’y suis descendu pour tirer des limbes ceux qui attendaient ma venue, cette horreur m’a fait horreur et, si ce que fait Dieu n’était immuable parce que parfait, j'aurais voulu le rendre moins atroce, car je suis l’Amour et j'ai souffert devant une telle horreur." Je voulais parler des différents lieux d’outre-tombe où se trouvaient les défunts pris en général et appelés "enfer" par opposition au paradis, où se trouve Dieu. Lorsque, dans ma surabondance de joie après que le Sacrifice eut été consommé, je pus ouvrir les Limbes aux justes et tirer du purgatoire une foule d’âmes, j'ai frémi d’horreur en contemplant en esprit que seul le lieu de damnation ne connaissait ni rédemption ni transformation de l’horreur. Mais je n’y suis pas entré. Il n’était ni juste ni utile de le faire. Vous vous étonnez que j'aie pu faire sortir une foule d’âmes du purgatoire? Pensez donc : si une messe peut délivrer des âmes du purgatoire et leur sert toujours à abréger et adoucir leur purification, que n’aura pas été le Sacrifice réel de l’Agneau de Dieu pour elles? Moi, qui suis Prêtre et Victime, je leur ai appliqué mes mérites et mon Sang, et cela a blanchi les étoles pas encore complètement purifiées par le feu blanc de la charité purificatrice." (Cf. Apocalypse 7, 13-14)[25]

    Le Livre d’Azarias[modifier | modifier le wikicode]

    • Livre d'Azarias, Fête du Christ-Roi : "Il ne convenait pas que l'esprit de l'homme, accordé par Dieu, émanation de Dieu, germe de Dieu, se perde après la mort de la chair. Il ne convenait pas non plus qu'un perpétuel exil retienne les esprits des justes loin de la demeure du Père, dans les limbes éternels. La première chose ne convenait pas en raison de la dignité de tout ce qui vient de Dieu, la seconde en raison de la justice de Dieu. Les justes devaient avoir une récompense. Laquelle, sinon le paradis ? Mais il ne pouvait entrer au paradis des âmes blessées par la faute originelle qu'aucun purgatoire ne peut effacer. Il s'ensuit qu'il était nécessaire d'effacer cette faute. Il fallait donc qu'un Dieu rétablisse l'ordre et le rende même encore plus beau afin que, désormais, la purification de la faute ne vienne plus seulement d'un héritage tel qu'aurait été celui des hommes issus d'un Adam et d'une Ève fidèles, mais du sacrifice d'un Dieu-Homme, de ses mérites infinis et de son enseignement qui, s'il est accueilli par des âmes de bonne volonté, leur communique la capacité d'imiter le Fils de Dieu dans ses œuvres et dans ses vertus."[26]

    Leçons sur l’épître de saint Paul aux romains[modifier | modifier le wikicode]

    • Leçons sur l’épître de saint Paul aux romains, Leçon n°9 : "La vertu de ces Gentils, leur obéissance spontanée à la loi de la vertu, les aura baptisés sans autre baptême; elle les aura consacrés sans autre chrême que les mérites infinis du Sauveur. Les limbes ne seront plus la demeure de ces justes en attente. De même qu'au soir du Vendredi-Saint les justes ont quitté les limbes, car le Sang versé par Jésus-Rédempteur les avait purifiés de leur tache originelle (Cf. Genèse, chapitre 3 - Romains 5,12-21), de même, au soir du Temps, quand les mérites du Christ auront triomphé de tous ses ennemis, les justes, qui par ferme conviction d'être dans la juste religion auront appartenu à un troupeau non catholique, seront par lui absous et justifiés. Ils recevront la récompense des vertus pratiquées sur terre. S'il n'en était pas ainsi, Dieu aurait trompé ces justes qui se sont donnés une loi de justice, et ont défendu la justice et la vertu. Or Dieu ne trompe jamais. Sa récompense, même si parfois elle se fait attendre, est toujours certaine".[27] 
    • Leçons sur l’épître de saint Paul aux romains, Leçon n° 24 : "Le jour viendra, ce sera lors du Jugement dernier, où le Purgatoire sera aboli et ses occupants passeront au Royaume de Dieu. Les Limbes, eux aussi disparaîtront car le Rédempteur a racheté tous les hommes qui suivent la justice pour honorer le Dieu de leur foi, et pour s'approcher de lui tel qu'ils le connaissent, de toutes leurs forces. Mais, qu'il sera long pour eux le chemin de l'exil après leur vie terrestre ! Qu'il sera long aussi pour ceux qui, bien que catholiques, font le strict minimum pour garder allumée la flamme de leur amour, se contentant de faire à peine le nécessaire pour ne pas mourir en état de péché mortel ! Quelle différence entre ces derniers, — sauvés plus que par leurs mérites, par les mérites infinis du Sauveur, par l'intercession de Marie, par les trésors de la communion des Saints, les prières et les sacrifices des justes — et ceux qui auront voulu la gloire non par égoïsme, mais par amour de Dieu !"[28]          
    • Leçons sur l’épître de saint Paul aux romains, Leçon n° 46 : "Adam est une figure emblématique de ce qu’il advient lorsqu’on tombe dans la réprobation de Dieu. Pour son péché il a dû attendre aux enfers pendant des siècles et des millénaires, malgré la longue expiation qu'il avait déjà fait sur la Terre. Après il a pu être au moins admis au lieu où Enoc et Élie jouissaient déjà depuis des siècles de l'heureuse amitié de Dieu".[29]

    Dans d'autres sources[modifier | modifier le wikicode]

    Dans ses visions, sainte Françoise romaine (1384-1440) définissaient les limbes comme "une prison où toutes les âmes justes de la terre attendirent si longtemps la venue du Libérateur. Ce lieu, quoique contigu à l’Enfer, n’a aucune communication avec lui".[30] Selon les visions de Françoise Romaine, le lieu existe toujours.   

    Tardivement, on a réservé ce lieu aux seuls enfants morts sans baptême (Limbus infantium : Limbes des nourrissons). Cette notion a fini par éclipser le reste des Limbes. Longtemps, ils firent partie de l’enseignement catholique officiel. Selon le catéchisme dit de Saint Pie X, à la question "Ou vont les enfants morts sans baptême ?", on répondait :
    "Les enfants morts sans baptême vont aux limbes, ou il n’y a ni récompense surnaturelle, ni peine ; comme ils ont le péché originel et celui-là seulement, ils ne méritent pas le paradis, mais ne méritent pas non plus l’enfer ou le purgatoire."[31]
    Le Catéchisme de l’Église catholique de 1992 n’aborde pratiquement plus la question des Limbes. En 2007, la commission théologique internationale s’est éloignée de la croyance ancestrale sur le séjour des enfants morts sans baptême, tout en reconnaissant que le Limbe des enfants "demeure une opinion théologique possible.[32]

    En ce qui concerne le limbe des justes, sainte Françoise Romaine affirmait qu'il demeurait après avoir été vidé de ses occupants par la Rédemption. Ce que confirme Maria Valtorta. Elle affirme en effet l’existence des Limbes jusqu’à la fin des temps et ne les réserve pas spécifiquement aux enfants morts sans baptême. Les Limbes accueillent les justes d’autres religions : "ceux qui suivent la justice pour honorer le Dieu de leur foi, et pour s’approcher de lui, tel qu’ils le connaissent, de toutes leurs forces".[33]       

    Les Limbes sont distincts du Purgatoire. Ils sont un lieu de "purification des âmes qui auront vécu en justes dans d’autres religions (non-catholiques est-il précisé par ailleurs), mais n’auront pas pu entrer dans la vraie Foi ayant connu pourtant son existence et la preuve de sa réalité."[34]      

    Les justes des Limbes seront absous et justifiés à la fin des temps et recevront alors la récompense des vertus pratiquées sur terre.
    "Leur baptême, dit Jésus, adviendra par le baiser que l’Éternel leur donnera quand, dépouillés de la prison de la chair, ils voleront vers Dieu, leur but, leur nid, la préoccupation de tout leur séjour en exil sur terre.[35]
    C'est donc, selon Maria Valtorta, la concrétisation de la constitution dogmatique Lumen gentium, § 16 : "ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel".

    Notes et références[modifier | modifier le wikicode]