La liturgie des heures (office divin)

    De Wiki Maria Valtorta

    La liturgie des heures trouve écho dans le grand public avec l’image des offices de moines ou celle d’un prêtre lisant son bréviaire. Cette liturgie (ou louanges) des heures, autrement appelée Office divin, est la prière publique de l’Église[1], c'est dire son importance. Elle s’adresse principalement (mais pas uniquement) aux prêtres, religieux et religieuses qui mettent ainsi en pratique l’exhortation de saint Paul : "Priez sans relâche[2]" car le Seigneur seul, rappelle l’Église[3], peut assurer l’efficacité et le progrès de l’œuvre à laquelle ils travaillent, lui qui a dit : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire[4]". L'ensemble des textes et prières nécessaires à la liturgie quotidienne des heures, se trouvent rassemblés dans le bréviaire.

    Le nombre des offices varie selon les ordres monastiques et les états de chacun (prêtre, religieuse, …), mais le simple fidèle est aussi appelé à prier la liturgie des heures. Ils le font généralement par la récitation de l'Angélus et celle du chapelet.

    L'ordre des offices s'organise selon l'antique division des jours des Hébreux et des Romains qui faisaient commencer le jour au coucher du soleil : 12 heures de nuit et 12 heures de jour. On observe cet usage de nos jours avec le sabbat qui commence le vendredi soir (18 heures) ou la messe anticipée du dimanche qu'on peut célébrer le samedi à partir de 18 heures.

    Origine de la liturgie des heures

    Cet usage ancien de la prière a donné forme à plusieurs traditions dont la plus complète, et souvent la plus connue, est celle des moines, codifiée dès 530 par la règle de saint Benoît.

    Cependant, Maria Valtorta fait remonter l'origine de l'office divin au Christ lui-même, ce qui est une constante de son œuvre : tout a été "créé" par le divin Maître durant sa vie publique et confiée aux hommes qu'il a institué pour lui succéder(Adieu à l'œuvre, EMV 652, § 1).. comme une confirmation de cette thèse, l'Eglise affirme que l'office divin est une "œuvre du Christ et de l’Église" et que le "Christ Jésus, assumant la nature humaine, a introduit dans notre exil terrestre cet hymne qui se chante éternellement dans les demeures célestes. Il s’adjoint toute la communauté des hommes et se l’associe dans ce divin cantique de louange. En effet, il continue à exercer cette fonction sacerdotale par son Église elle-même qui, non seulement par la célébration de l’Eucharistie, mais aussi par d’autres moyens et surtout par l’accomplissement de l’office divin, loue sans cesse le Seigneur et intercède pour le salut du Monde entier[5]."

    Son organisation aujourd'hui

    Cette liturgie des Heures a été actualisée par les Pères conciliaires. Elle a donné lieu, le 4 décembre 1963, à la constitution sur la sainte liturgie (Sacrosanctum concilium) qui aborde le sujet dans son chapitre IV. Plus tard, elle a donné lieu à la Présentation générale de la Liturgie des Heures, une longue publication spécifique de la Congrégation pour le Culte divin, éditée le 2 février 1971.

    Cette "louanges des Heures" est destinée à devenir la prière de tout le Peuple de Dieu . Les laïcs sont donc invités à y participer[6]. Le Catéchisme de l’Église catholique la mentionne parmi quelques rythmes quotidiens de prières : "la prière du matin et du soir, avant et après les repas, la Liturgie des Heures[7]."

    À cette fin, l’Association épiscopale liturgique francophone (AELF) publie sur son site les textes proposés à la liturgie quotidienne selon les différents pays francophones[8].

    Les sept temps de prières proposés sont : Laudes, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies auxquels se rajoute la messe. Pour comprendre les termes employés, il faut se souvenir que la liturgie suit la division hébraïque de la journée : elle commence à 18 heures et se divise en douze heures de nuit et douze heures de jour. Dans les appellations utilisées, Tierce correspond donc à 9 heures du matin (3 heures après le début du jour à 6 heures) et None à 15 heures (6 + 9). C’est l’heure de la mort du Christ.

    1. Vigile ou Mâtines  : Prières vers 2 heures du matin.
    2. Laudes  : à l'aube (vers 6 heures). Il lui est parfois adjoint l’heure de Prime rendue facultative par la réforme liturgique.
    3. Tierce : à 9 heures ou avant la grande messe.
    4. La messe.
    5. Sexte : à midi environ.
    6. None : à 15 heures environ.
    7. Vêpres : au début de soirée (vers 17 ou 18 heures).
    8. Complies : le soir, avant le coucher du soleil. C’est à cette heure que l’on récite le "Nunc dimitis" ou prière du vieillard Siméon qui venait de voir et de toucher le Messie qu’il attendait selon Luc 2,29 : "Maintenant, Seigneur, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël."

    Tous ces éléments étant rappelés, on peut mieux comprendre toute la richesse de la vision de Maria Valtorta dans laquelle Jésus explique à Marziam, le jeune disciple prodige, la louange des heures.

    Dans l'œuvre de Maria Valtorta

    L'épisode se situe à Bozra, ville centrale de l'Auranitide une région au-delà du Jourdain mais rattachée à l'époque au royaume d'Hérode. Jésus est accompagné de nombreux disciples, y compris des femmes disciples, ce qui est rare car Jésus évangélise le plus souvent accompagné des douze apôtres. Mais cela s'explique par le fait que tous reviennent de Jérusalem où ils ont fêté soukkot, la fête des tentes, l'une des trois fêtes d'obligation. Au lieu de prendre le chemin direct pour remonter en Galilée, Jésus passe par l'autre rive du Jourdain.

    Marziam, un jeune disciple prodige connu de l'histoire comme saint Martial et fils adoptif de Simon-Pierre, regarde Jésus qui s'est isolé en arrière de la troupe. Il le rejoint et apprend que Jésus agit ainsi pour prier (EMV 291.2).
    "Dis-moi comment tu pries, pourquoi tu pries ?" demande Marziam à Jésus. "Certainement je vais te le dire. Ainsi tu prieras avec Moi. La journée c'est Dieu qui la donne, toute entière, celle qui est lumineuse comme celle qui est sombre : le jour et la nuit. C'est un don de vivre et d'avoir la lumière. C'est une sorte de sanctification la manière dont on vit. N'est-ce pas ? Alors il faut sanctifier les moments du jour entier pour se garder dans la sainteté et garder présent à notre cœur le Très-Haut et sa bonté, et en même temps retenir au loin le démon (EMV 291.3).

    Laudes

    Observe les oiseaux : au premier rayon du soleil, ils chantent, ils bénissent la lumière. Nous aussi nous devons bénir la lumière qui est un don de Dieu, et bénir Dieu qui nous la donne et qui est Lumière. Le désirer dès la première clarté du matin comme pour mettre un sceau de lumière, une note de lumière surtout le jour qui s’avance, pour qu'il soit tout entier lumineux et saint, et s'unir à toute la création pour chanter l'hosanna au Créateur.

    Tierce

     Puis, quand les heures passent, et à mesure qu'elles passent, elles nous apportent la constatation de ce qu'il y a de douleur et d'ignorance dans le monde : prier encore pour que la douleur soit soulagée, que l'ignorance disparaisse, et que Dieu soit connu, aimé, prié par tous les hommes qui, s'ils connaissaient Dieu, seraient toujours consolés, même dans leurs souffrances.

    Sexte

    Et à la sixième heure (midi), prier pour l'amour de la famille, goûter ce don d'être unis avec ceux qui nous aiment. Cela aussi est un don de Dieu. Et prier pour que la nourriture ne passe pas de son caractère d'utilité à celui d'occasion de péché.

    Vêpres

    Et au crépuscule prier en pensant que la mort est le crépuscule qui nous attend tous. Prier pour que le crépuscule de notre journée ou de notre vie s'accomplisse toujours avec notre âme en grâce.

    Complies

    Et quand les lampes s'allument, prier pour remercier du jour qui s'achève et pour demander la protection et le pardon afin de se livrer au sommeil sans craindre le jugement imprévu et les assauts du démon.

    Vigile ou mâtines

    Prier enfin pendant la nuit - mais ceci est pour ceux qui ne sont pas enfants - pour parer aux péchés des nuits, pour éloigner Satan des faibles, pour que chez les coupables survienne la contrition avec la réflexion et de bonnes résolutions qui deviendront réalités au lever du jour. Voilà comment et pourquoi prie un juste pendant toute la journée."

    None

    "Mais tu ne m'as pas dit pourquoi tu t'abstrais, si sérieux et imposant,   à l'heure de none (15h) ..."

    "Parce que... Moi, je dis : "Que par le Sacrifice de cette heure vienne ton Règne dans le monde, et que soient rachetés tous ceux qui croient en ton Verbe". Dis-le toi aussi..."

    "Quel sacrifice est-ce ? L'encens, tu l'as dit, s'offre matin et soir. Les victimes à la même heure, chaque jour, sur l'autel du Temple. Les victimes ensuite pour les vœux et l'expiation s'offrent à toutes les heures. La neuvième heure n'est pas indiquée pour un rite spécial."

    Jésus s'arrête et prend l'enfant avec les deux mains. Il le soulève en le tenant en face de Lui, et comme s'il récitait un psaume, le visage levé, il dit : "Et entre la sixième et la neuvième heure, Celui qui est venu comme Sauveur et Rédempteur, Celui dont parlent les prophètes, consommera son Sacrifice, après avoir mangé le pain amer de la trahison et donné le doux Pain de la Vie, après s'être pressé Lui-même comme la grappe dans la cuve, après avoir désaltéré avec tout Lui-même les hommes et les plantes, et s'être fait une pourpre royale avec son sang et avoir ceint la couronne et pris le sceptre et transporté son trône sur un haut lieu pour être vu par Sion, Israël et le monde. Élevé dans le vêtement pourpre de ses plaies innombrables, dans les ténèbres pour donner la Lumière, dans la mort pour donner la Vie, il mourra à la neuvième heure et le monde sera racheté".
     Jésus ne parle pas de la messe (Eucharistie) car celle-ci ne sera instituée qu'à la dernière Cène en prélude à sa Passion. Il console Marziam, bouleversé par l'annonce de la Passion, puis rejoint la troupe des disciples.

    "Maître, qu'as-tu fait ?" demande Pierre. "J'expliquais à Marziam les heures du jour."  

    "Et le garçon a pleuré ? Aura-t-il été méchant et Toi, tu l'excuses par bonté" dit Pierre.

    "Non, Simon. Il m'a regardé prier. Vous, vous ne l'avez pas tait. Il m'en a demandé la raison. Je la lui ai donnée. L'enfant a été ému par mes paroles. Maintenant, laissez-le tranquille. Va auprès de ma Mère, Marziam. Et vous tous écoutez. Cela ne vous fera pas de mal à vous aussi d'entendre la leçon."

    Et Jésus explique de nouveau l'utilité de la prière dans les heures principales de la journée, sans parler de l'explication de l'heure de none. Et il dit en terminant : "L'union avec Dieu, c'est de l'avoir présent à tout moment pour le louer et l'invoquer. Faites-le et vous progresserez dans la vie de l'esprit (EMV 291.6)".

    Pour aller plus loin

    Notes et références

    1. ’’Constitution sur la sainte liturgie’’ (Sacrosanctum concilium), § 90, Paul VI, 4 décembre 1963.
    2. 1 Thessaloniciens 5,17.
    3. Sacrosanctum concilium, § 86.
    4. Jean 15,5.
    5. Sacrosanctum concilium, § 83.
    6. Catéchisme de l’Église catholique, § 1174.
    7. Catéchisme de l'Église catholique § 2698.
    8. AELF - LES HEURES.