Joseph de Jacob, saint Joseph

Joseph, l'époux de Marie, est d'ascendance royale. Il est le second et dernier fils de Jacob, lui-même fils de Mathan et petit-fils Éléazar.[1] On ne sait rien d'autre sur sa famille hormis son frère aîné, Alphée et sa descendance.
Portrait[modifier | modifier le wikicode]
"Joseph est un bel homme, dans la force de l'âge. Il aurait trente-cinq ans, au plus. Ses cheveux châtain sombre et sa barbe de même couleur encadrent un visage régulier avec des yeux doux, marrons, presque noirs. Le front est large et lisse, le nez petit, légèrement arqué, les joues rondes avec des pommettes rosées. Il n'est pas très grand, mais robuste et bien fait."[2]Il a donc de 15 à 20 ans environ de plus que son épouse Marie. Leur "mariage légal", première étape partielle du mariage tel qu'il est vécu aujourd'hui[3], a lieu au Temple de Jérusalem. Il est l'occasion pour Maria Valtorta de décrire minutieusement les habits de fête des deux promis.[4]
Dans une autre vision, Maria Valtorta le voit sensiblement de la même taille que la Vierge Marie : il aurait donc une taille d’environ 1,55 m ou 1,60 m.
Jésus, Marie et sa sœur (Marie d'Alphée ou de Cléophas) parlent de Joseph[modifier | modifier le wikicode]
Marie : "Au début, c'était seulement un homme juste de son temps. Puis, par des étapes successives, il est devenu le juste de l'ère chrétienne. Il a acquis la foi au Christ et il s'abandonne paisiblement à cette foi."[5]
Jésus : "Père chéri de la terre, comme tu as été aimé de Dieu, de Dieu le Père du haut des Cieux, de Dieu le Fils, devenu Sauveur sur la terre !"[6]
"Il s'est fatigué au travail pour me procurer le pain et des aliments fortifiants. Il a eu pour Moi la tendresse d'une vraie mère. J'ai appris de lui — et jamais élève n'eut un meilleur maître — tout ce qui d'un bambin fait un homme et un homme qui doit gagner son pain".[7]
Jésus : "Joseph n'était pas au Golgotha ? Il vous semble qu'il ne soit pas parmi les corédempteurs ? En vérité, je vous dis qu'il en fut le premier et pour cela il est grand aux yeux de Dieu. Grand par le sacrifice, la patience, la constance, la foi. Quelle foi plus grande que la foi de celui qui a cru sans avoir vu les miracles du Messie ?"[8]Selon Jésus, il avait l'habitude de dire quand quelque chose de pénible pesait sur la Sainte Famille :
"Élevons notre esprit. Nous rencontrerons le regard de Dieu et nous oublierons que ce sont les hommes qui nous donnent la douleur, et faisons tout ce qui est pénible comme si c'était le Très-Haut qui nous le présentait. De cette façon nous sanctifierons même les plus petites choses, et Dieu nous aimera."[9]Marie d'Alphée sa sœur dit de lui :
"Quand il revint de Jérusalem, choisi pour être ton époux, tout Nazareth voulait lui faire fête parce que grand était l'honneur qui lui était venu du Ciel et venu de ses fiançailles avec toi, fille de Joachim et d'Anne, et tous voulaient l'inviter à un banquet. Mais lui, d'une volonté douce mais ferme, refusa toute fête, étonnant tout le monde. En effet quel est l'homme destiné à une union honorable et par un tel décret du Très-Haut qui ne fête pas le bonheur de son âme, de sa chair et de son sang ?
"Mais lui disait : "À grande élection, grande préparation". Et il gardait aussi la continence de paroles et de nourriture, en plus de la continence proprement dite qu'il avait toujours gardée, il passa ainsi ce temps dans le travail et la prière, car je crois que chaque coup de marteau, chaque marque de son ciseau était devenue oraison, s'il est possible de prier par le travail. Son visage était comme extatique."
"je le regardais pendant qu'il travaillait dans le jardin et la maison pour les refaire beaux comme si jamais ils n'avaient été à l'abandon[10], et je lui parlais aussi... mais il était comme absorbé. Il souriait. Mais ce n'était pas à moi ni à d'autres, à sa pensée qui n'était pas, non, la pensée de tout homme près de ses noces. Cette dernière est un sourire de joie maligne et charnelle... Lui... paraissait sourire aux anges invisibles de Dieu, parler avec eux et leur demander conseil..."[11]Et elle compare son fils Jacques, cousin de Jésus, à son oncle Joseph :
"Mais même mon Jacques est un peu ainsi. Et il le devient de plus en plus. Maintenant que je l'observe bien (...) je le vois ainsi... absolument comme Joseph. Regarde-le maintenant aussi, Marie, alors qu'il se retourne encore pour nous regarder, n'a-t-il pas l'air absorbé si habituel en Joseph, ton époux ? Il a ce sourire dont on ne sait dire s'il est triste ou lointain. Il regarde et il a ce regard prolongé, au-delà de nous, qu'avait si souvent Joseph. (...) (Il) secouait la tête sans parler, patient et secret en ses pensées. Toujours peu bavard."[12]
Sa vie[modifier | modifier le wikicode]
Il naît probablement à Bethléem de Judée et la quitte très tôt. Plus tard, lorsqu'il s'agit de se faire recenser dans sa ville d'origine, il n'y a plus de maison ou de personne qu’il reconnaît.[13]
Alphée, le frère aîné de Joseph, a quatre fils : "les frères du Seigneur". Les épouses de deux d'entre eux sont "les sœurs du Seigneur."[14]
Joseph exerce le métier de charpentier, une activité à laquelle il initie son fils.[15] Ce métier permet à Joseph de faire vivre la sainte famille dans les pérégrinations des premières années : à Bethléem où il demeure un an environ à la suite du recensement et à Matarea en Égypte où il demeure quatre ans.

Maria Valtorta mentionne un tournevis dans son atelier. Ce mot anachronique s'explique par la pauvreté du vocabulaire technique à la disposition de la voyante. À l'époque du Christ, les outils du charpentier ressemblaient beaucoup aux outils contemporains[16] : Maria Valtorta décrit sans doute un bédane (ciseau à bois pour percer les mortaises).
Sa mort[modifier | modifier le wikicode]
Lors de sa mort[17], "(Marie) lui avait consacré trente ans d'une vie fidèle". D'où l'on déduit que Jésus avait 28 ans à ce moment-là, Marie 44 et Joseph 63/64 ans environ. La mort intervient deux ans avant le début de la vie publique de Jésus.
Joseph eut une mort douloureuse, "mais il était résigné". Jésus lui donne la paix en récitant des Psaumes de circonstance pendant son agonie : Psaume 15 (16)1-11; Psaume 83 (84),1-10; Psaume 84 (85),1-13; Psaume 131 (132),1-18; Psaume 111 (112),1-6; Psaume 90 (91),1-16.
" (Marie) Elle entre en toute hâte et court vers Jésus. (...) Elle appelle, anxieuse, le Fils et Lui pose les deux mains sur le bras en un geste de supplication douloureuse. Jésus la caresse en lui mettant le bras sur l'épaule et la réconforte puis s'en va avec elle, laissant le travail et quittant son tablier. (...)Marie : "Oh ! Jésus ! Viens, viens. Il se sent mal !" Elle le dit avec un tremblement des lèvres et des larmes qui brillent dans ses yeux rougis et fatigués. Jésus ne dit que : "Maman !" mais il y a tout dans cette parole.
(...) Joseph, la tête appuyée à plusieurs oreillers. Il est mourant. On le voit clairement, à son visage d'une pâleur livide, à son œil éteint, à sa poitrine haletante et à l'abandon de tout le corps.
Marie (...) prend sa main calleuse et livide jusqu'aux ongles. Elle la frotte, la caresse, la baise, essuie avec un linge la sueur qui fait des raies brillantes aux tempes qui se creusent, la larme qui luit à coin de l’œil. Elle lui baigne les lèvres avec un linge humecté d'un liquide qui semble du vin blanc.
Jésus (...) lui soulève avec agilité et précaution le corps qui s'affaisse, le redresse sur les oreillers avec l'aide de Marie. Il caresse l'agonisant sur le front et cherche à le ranimer.
Marie pleure très doucement, sans bruit, mais elle pleure. Les larmes coulent le long de ses joues pâles (...)
Joseph se ranime et regarde fixement Jésus. Il Lui donne la main, comme pour dire quelque chose et pour trouver dans ce contact divin la force pour l'ultime épreuve. Jésus se penche sur cette main et la baise. Joseph sourit. Puis il se tourne pour regarder et chercher Marie et il lui sourit aussi.
Marie s'agenouille près du lit, essayant de sourire, mais elle y réussit mal et incline la tête. Joseph lui pose la main sur la tête en une chaste caresse qui semble une bénédiction. (...)
Jésus tourne autour du lit, prend un tabouret et fait asseoir Marie en lui disant encore et uniquement : "Maman". Puis il retourne à sa place et reprend dans ses mains la main de Joseph. La scène est si vraie que la peine de Marie m'arrache des larmes.
Puis Jésus, se penchant sur la tête du mourant, lui murmure un psaume (...)
Joseph se réanime tout à fait. D'un regard plus vivant il sourit à Jésus et Lui serre les doigts. Jésus répond par un sourire au sourire de Joseph et par une caresse à l'étreinte de ses doigts. Penché sur son père putatif, il continue doucement (...)
Joseph, avec un sanglot, regarde Jésus et remue les lèvres comme pour le bénir. Mais il ne peut. On se rend compte qu'il comprend mais qu'il ne peut parler. Il est pourtant heureux: dans un regard plein de vie et de confiance en son Jésus. ( qui continue)
(... suite des psaumes) "Oui, le Seigneur montrera sa bienveillance et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant Lui et laissera sur la route l'empreinte de ses pas."
"Tu l'as vue, cette heure, père, et pour elle tu t'es fatigué. Tu as aidé l'arrivée de cette heure et le Seigneur t'en récompensera. Je te le dis" ajoute Jésus en essuyant une larme de joie qui descend lentement sur la joue de Joseph. (...)
"Merci, mon père, en mon nom et au nom de ma Mère. Tu as été pour Moi un père juste et l'Éternel t'a confié la garde de son Christ et de son Arche Sainte. Tu as été le flambeau allumé pour Lui, et pour le Fruit d'un sein sanctifié, tu as eu des entrailles de charité. Va en paix, père. Ta Veuve ne sera pas sans secours. Le Seigneur a tout disposé pour qu'elle ne reste pas seule. Va, je te le dis, en paix au lieu de ton repos."
Marie pleure, le visage penché sur les couvertures (on dirait des manteaux) étendues sur le corps de Joseph qui se refroidit. Jésus s'empresse de lui rendre les derniers services car la respiration s'affaiblit et le regard se voile.
(Suite des psaumes) : "Le souvenir du juste sera éternel... Sa justice est éternelle. Sa puissance s'élèvera jusqu'à la gloire..."
"Tu l'auras, cette gloire, père. Je viendrai bientôt t'amener, avec les Patriarches qui t'ont précédé, à la gloire qui t'attend. Que ton esprit exulte à ma parole.
Et il te fera entrer dans l'autre vie par le Salut qui maintenant te réconforte et qui promptement viendra, je te le répète, te serrer dans un embrassement divin et t'emporter avec Lui, à la tête de tous les Patriarches, là où est préparée la demeure du Juste de Dieu qui fut pour Moi un père béni.
Précède-Moi pour dire aux Patriarches que le Salut est venu en ce monde et que le Royaume des Cieux leur sera bientôt ouvert. Va, père, que ma bénédiction t'accompagne."
Jésus a élevé la voix pour arriver jusqu'à l'esprit de Joseph qui s'enfonce dans les nuées de la mort. La fin est imminente. Le vieillard ne respire plus qu'à peine. Marie le caresse. Jésus s'assied sur le bord du lit. Il entoure et attire à Lui le mourant qui s'affaisse et s'éteint paisiblement.
La scène est pleine d'une paix solennelle. Jésus recouche le Patriarche et embrasse Marie qui, au moment suprême, s'était approchée de Jésus dans une angoisse déchirante.
Jésus dit : "À toutes les femmes que frappe une douleur torturante, j' enseigne à imiter Marie dans son veuvage en s'unissant à Jésus.
Ceux qui pensent que Marie n'a pas souffert pour les peines de son cœur, sont dans l'erreur. Ma Mère a souffert. Sachez-le. Saintement, parce que en Elle tout était saint, mais profondément. (...)
La volonté de l'Éternel qui l'avait voulue épouse et Mère, lui imposait maintenant le veuvage et l'abandon de sa Créature. Marie au milieu de ses larmes, dit un de ses sublimes "Oui. Oui, Seigneur, qu'il en soit fait de moi selon ta parole".
Et, à cette heure, pour avoir la force, elle se serre contre Moi. Toujours elle s'est serrée contre Dieu aux heures les plus graves de sa vie. Au Temple, appelée au mariage, à Nazareth, appelée à la Maternité, à Nazareth encore, dans les larmes de son veuvage, à Nazareth dans le supplice de la séparation d'avec son Fils, sur le Calvaire dans la torture du spectacle de ma mort."[18]
C’est de Joseph que Jésus connait certains épisodes de son enfance. Joseph est rejoint, en cela, par la Vierge Marie et par Alphée de Sara, un voisin ami de longue date de la famille.[19]
La chasteté de Joseph[modifier | modifier le wikicode]
Joseph s'était consacré à Dieu et n'aspirait pas au mariage. Il l'avoue à sa fiancée Marie lorsque son rameau miraculeusement fleuri le désigne comme choisi par Dieu :"Je suis naziréen[20] et j'ai obéi à la convocation parce qu'elle émanait du Grand Prêtre, non par désir du mariage."[21]Cette vie en virginité, mutuellement acceptée, a pour conséquence une vie séparée à Nazareth. Le peu d'empressement de Joseph à célébrer les noces, suscite l'étonnement de la famille et des voisins :
"Joseph recula les noces le plus possible, et on ne comprit jamais comment à l'improviste il décida la cohabitation avant le temps fixé. Et aussi, quand on sut que tu étais mère, comme Nazareth s'étonna de sa joie contenue !..." dit à la Vierge Marie, Marie d’Alphée, tante de Jésus sa belle-sœur.[22]L' Annonciation et le songe de Joseph précipitèrent les noces, puis la cohabitation dans la chasteté[23]. Le mariage était initialement prévu pour l'anniversaire des 16 ans de Marie.[24] Cette vie conjugale en virginité, parfois difficile à comprendre, est expliquée par Jésus :
"Joseph de Nazareth était un juste. À lui seul pouvait être confié le Lis de Dieu (Marie). Ange, en son âme comme en sa chair, il l'aima comme aiment les anges de Dieu. L'immensité de cet amour puissant … sera compris par peu de personnes sur la terre."[25]Cette vie en chasteté fonde un amour authentique :
"Ceux qui pensent que l'amour de Marie pour son époux était plutôt tiède, parce qu'entre eux il n'y avait qu'une union d'esprits, sont dans l'erreur, commente Jésus. Marie aimait intensément son Joseph. Elle lui avait consacré trente ans d'une vie fidèle. Il fut pour Elle : un père, un époux, un frère, un ami, un protecteur."[26]
La passion de Joseph (et Marie)[modifier | modifier le wikicode]
La maternité de Marie fut pour lui une véritable passion : Ils n'ont célébré que la première étape de leur mariage, donc ne cohabitent pas encore[3] et Marie est une Vierge consacrée à vie à Dieu. Il sent donc totalement trahi et décide de la répudier en secret, mais en prenant sur lui, en Juste, la réputation d'injustice. Cependant l’ange lui apparaît en songe pour lui révéler qui est, et par qui a été conçu Jésus.[27]"Mon Joseph aussi a eu sa Passion. Et elle commença à Jérusalem quand il se rendit compte de mon état, et elle a duré des jours comme pour Jésus et pour moi.[28] Et spirituellement elle ne fut pas moins douloureuse. C'est uniquement par la sainteté de Joseph, mon époux, qu'elle s'est maintenue sous une forme tellement digne et secrète qu'elle est passée peu connue à travers les siècles.Oh ! Notre première Passion ! Qui peut en dire l'intime et silencieuse intensité ? Qui peut en dire ma douleur en constatant que le Ciel ne m'avait pas encore exaucée en révélant à Joseph le mystère ?
Qui peut dire mon combat contre le découragement qui tentait de m'accabler pour me persuader que j'avais espéré en vain dans le Seigneur ? (...)
Qui pourrait dire avec une exacte vérité la douleur de Joseph, ses pensées, le trouble de ses affections ? Comme une petite embarcation prise dans une grande bourrasque, il se trouvait dans un tourbillon d'idées opposées, de réflexions plus pénibles et plus cruelles l'une que l'autre. En apparence, c'était un homme trahi par sa femme. Il voyait crouler en même temps son bon renom et l'estime du monde à cause d'elle, il se voyait déjà montré du doigt et l'objet de la compassion du pays. Il voyait l'amour et l'estime qu'il avait pour moi tomber morts devant l'évidence du fait.
Ici sa sainteté resplendit encore plus que la mienne, et j'en témoigne avec mon amour d'épouse, car je veux que vous l'aimiez, mon Joseph, cet homme sage et prudent, patient et bon, qui n'est pas étranger au mystère de la Rédemption, auquel il a été intimement lié, parce qu'il usa sa douleur et lui-même pour celui-ci, en sauvant le Sauveur au prix de son sacrifice et par sa grande sainteté.
S'il avait été moins saint, il aurait agi humainement en me dénonçant comme adultère pour me faire lapider et faire périr avec moi le fruit de mon péché. S'il avait été moins saint, Dieu ne lui aurait pas donné la lumière pour le guider en une telle épreuve. Mais Joseph était saint. Son esprit, toute pureté, vivait en Dieu. La charité en lui était ardente et forte. Et par sa charité, il vous sauva le Sauveur, tant en ne me dénonçant pas auprès des anciens, qu'en laissant tout par une prompte obéissance pour emmener Jésus en Égypte.
Journées peu nombreuses, mais terribles par leur intensité, celles de la passion de Joseph et de ma passion, de cette première passion dont je dus souffrir. Car je comprenais sa souffrance et ne pouvais la lui enlever aucunement pour rester fidèle à l'ordre de Dieu qui m'avait dit : "Tais-toi !"
Et quand à notre arrivée à Nazareth, je le vis me quitter après un laconique salut, courbé et vieilli, pour ainsi dire, en peu de temps, quand je vis qu'il ne venait pas chez moi le soir comme il en avait l'habitude, je vous le dis, mes fils, mon cœur éploré eut à souffrir une douleur aiguë. Enfermée dans ma maison, seule, dans la maison où tout me rappelait l'Annonciation et l'Incarnation, et où tout me ramenait au cœur le souvenir de Joseph uni à moi dans une virginité sans tache, je dus résister au découragement, aux insinuations de Satan et espérer, espérer, espérer. Et prier, prier, prier. Et pardonner, pardonner, pardonner à Joseph son soupçon, sa révolte de juste indigné."[29]
Joseph, informé en songé par l'ange, demande pardon à Marie :
" (...) Marie n'a pas ces belles couleurs. Le teint que ses joues avaient à Hébron a disparu. Le visage est pâle comme de l'ivoire. Seules les lèvres y dessinent une courbe de pâle corail. Sous les paupières abaissées, deux ombres obscures, et le bord des yeux est gonflé comme après des pleurs. Je ne vois pas les yeux, parce qu'elle a la tête plutôt inclinée, attentive à son travail, et plus encore à des pensées attristantes car je l'entends soupirer comme quelqu'un qui souffre douloureusement dans son cœur. (...)Marie sursaute en entendant un coup frappé résolument à la porte extérieure de la maison. (...)
Elle se trouve en face de Joseph. Elle pâlit jusqu'aux lèvres. En ce moment son visage semble une hostie tant il est exsangue. Marie regarde d'un œil qui interroge avec tristesse. Le regard de Joseph paraît suppliant. Ils gardent le silence, en se regardant. Puis Marie ouvre la bouche :
"À cette heure, Joseph ? As-tu besoin de quelque chose ? Que veux-tu me dire ? Viens."
Joseph entre et ferme la porte. Il ne parle pas encore. "Parle Joseph, qu'est-ce que tu veux ?"
"Ton pardon." Joseph s'incline comme s'il voulait s'agenouiller. Mais Marie, toujours si réservée pour le toucher, le prend résolument par les épaules et l'en empêche.La couleur va et vient sur le visage de Marie, tantôt rouge, tantôt pâle comme il était avant. "Mon pardon ? Je n'ai rien à te pardonner, Joseph. Je n'ai qu’à te remercier encore de tout ce que tu as fait ici en mon absence et pour l'amour que tu me portes."
Joseph la regarde et je vois deux grosses larmes qui se forment dans la cavité de son œil profond. Elles restent comme sur le bord d'un vase et puis roulent sur les joues et sur la barbe.
"Pardon, Marie. J'ai manqué de confiance. Maintenant, je sais.[30] Je suis indigne d'avoir un tel trésor. J'ai manqué de charité. Je t'ai accusée en mon cœur. Je t'ai accusée sans justice puisque je ne t'avais pas demandé de me dire la vérité. J'ai failli envers la Loi de Dieu en ne t'aimant comme je me serais aimé..."
"Oh ! non ! Tu n'as pas manqué !"
"Oui, Marie. Si j'avais été accusé d'un pareil crime, je me serais défendu. Toi... Je ne t'ai pas permis de te défendre, puisque j'allais prendre une décision sans t'interroger. Je t'ai manqué en t'offensant par un soupçon. Rien. qu'un soupçon, c'est une offense, Marie. Qui soupçonne méconnaît. Je ne t'ai pas connue comme je le devais. Mais pour la douleur que j'ai soufferte... trois journées de supplice, pardonne-moi, Marie.""Je n'ai rien à te pardonner. Mais plutôt je te demande pardon de la douleur que je t'ai causée."
"Oh ! oui, quelle douleur ç'a été ! Quelle douleur ! Regarde, Ce matin, on m'a dit que j'avais des cheveux blancs sur les tempes et des rides sur le visage, Plus de dix ans de vie se sont écoulés en ces jours.
Mais pourquoi, Marie, as-tu été humble au point de me cacher à moi, ton époux, ta gloire, et permettre que je te soupçonne ?"
Joseph n'est pas à genoux, mais il est tellement courbé que c'est tout comme, et Marie pose sur sa tête sa petite main en souriant. Il semble qu'elle l'absolve. Elle dit :
"Si mon humilité n'avait pas été parfaite, je n'aurais pas mérité de concevoir Celui qu'on attendait. Celui qui vient annuler la faute d'orgueil qui a ruiné l'homme. Et puis j'ai obéi... Dieu m'a demandé cette obéissance. Elle m'a coûté tellement... pour toi, pour la douleur que tu en éprouverais. Mais je n'avais qu'à obéir. Je suis la servante de Dieu et les serviteurs ne discutent pas les ordres qu'ils reçoivent. Ils les exécutent, Joseph, même s'ils leur font pleurer du sang."
Marie pleure doucement en disant cela. Si doucement que Joseph tout courbé ne s'en aperçoit que quand une larme tombe à terre.
Alors il redresse la tête et - c'est la première fois que je le vois faire cela - il serre les petites mains de Marie dans ses mains fortes et hâlées et baise l'extrémité de ces doigts délicats qui sortent comme des boutons de pêcher de l'étreinte des mains de Joseph.
Nous accomplirons le mariage... La semaine prochaine, ça va… ?""Tout ce que tu fais est bien Joseph. Tu es le chef de la maison moi, je suis ta servante."
"Non, c'est moi qui suis ton serviteur. Je suis le bienheureux serviteur de mon Seigneur qui grandit en ton sein. Toi, tu es la bénie entre toutes les femmes d'Israël. (...)"[31]
Le portrait de Saint Joseph au Paradis, dans une vision des "Cahiers de 1944"[modifier | modifier le wikicode]
Catéchèse du 10 janvier :"Je vois saint Joseph (près de l’angle où se trouve la crèche). Il n’est pas bien grand, plus ou moins comme Marie. Robuste. Il a les cheveux grisonnants, bouclés et courts, et une barbe taillée au carré. Son nez est long et fin, aquilin. Ses joues sont creusées de deux rides qui partent des angles du nez et descendent se perdre du côté de la bouche, dans la barbe. Ses yeux sont noirs et semblent très bons. Je retrouve en lui le bon regard plein d’amour de mon père. C’est son visage tout entier qui est bon, pensif sans être mélancolique, digne, mais avec une telle expression de bonté ! Il est vêtu d’une tunique bleu violacé comme les pétales de certaines pervenches et il porte un manteau couleur poil de chameau. Jésus me le montre en me disant : " Voici le patron de tous les justes."[32]
Son nom[modifier | modifier le wikicode]
ףיוס (Joseph).[33]
Joseph (Iosseph - Iehosseph) signifie "Que Dieu ajoute !". Référence historique : onzième fils de Jacob qu'il eut de Rachel. Ce fils préféré vu vendu par ses frères et devint l'intendant de Pharaon.
Où en parle-t-on dans l'œuvre ?[modifier | modifier le wikicode]
En 2019, la Fondation héritière de Maria Valtorta a publié une sélection de textes choisit par Claudia Vecchiarelli sur "Joseph de Nazareth" complétée par deux encycliques sur St Joseph.L'enfance de Marie : EMV 9 EMV 12 EMV 13 EMV 13 EMV 14Le cycle de la Nativité : EMV 18 EMV 19 EMV 20 EMV 20 EMV 22 EMV 22 EMV 25 EMV 25 EMV 26 EMV 26 EMV 27 EMV 28 EMV 29 EMV 29 EMV 30 EMV 31 EMV 31 EMV 32 EMV 34 EMV 34 EMV 35 EMV 35 EMV 36 EMV 36
La jeunesse de Jésus : EMV 37 EMV 37 EMV 38 EMV 39 EMV 40 EMV 41 EMV 42 EMV 42 EMV 43.
EMV 44 EMV 44 EMV 73 EMV 99 EMV 136.
EMV 173 EMV 196 EMV 199 EMV 207.
EMV 642.
En savoir plus sur ce personnage[modifier | modifier le wikicode]
Extraits du Dictionnaire des personnages de l’Évangile, selon Maria Valtorta (Mgr René Laurentin, François-Michel Debroise, Jean-François Lavère, Éditions Salvator, 2012) :Saint Joseph est fêté le 20 juillet en orient et le 19 mars en occident.Son culte commence en Orient avec L'Histoire de Joseph le charpentier, un apocryphe copte du IVème siècle. L'œuvre devient très populaire au Vème siècle et influence grandement l’iconographie.
Au IIème siècle, le Protévangile de Jacques présentait Joseph comme un veuf ayant déjà des enfants d’un premier mariage.[34] Notion reprise par les apocryphes successifs, tels le Pseudo-Matthieu, à la fin du VIème siècle[35] et le Livre de la Nativité de Marie, au IXème siècle.[36]
Les voyantes comme Marie d'Agréda (XVIIème siècle), Anne-Catherine Emmerich (XIXème siècle) et Maria Valtorta, rompent avec cette tradition : Joseph à trente-trois ans environ et n'a jamais été marié. Son vœu de chasteté est confirmé par ces voyantes, mais implicitement pour Anne-Catherine Emmerich.[37]
Plusieurs traditions fixent sa mort à environ 60 ans[38] quand L'Histoire de Joseph le charpentier, apocryphe déjà cité, la fixait à 110 ans.
La mort douloureuse de Joseph selon Maria d'Agréda (1602-1665)[modifier | modifier le wikicode]
"Il y avait déjà huit ans que les maladies et les douleurs exerçaient saint Joseph […] Durant les neuf jours qui précédèrent la mort de saint Joseph, le Fils et la Mère l'assistèrent jour et nuit, […] Tout le temps de la vie du plus heureux des hommes, saint Joseph, fut de soixante années et quelques jours. En effet, il épousa la très-pure Marie à trente-trois ans, et il en vécut un peu plus de vingt-sept en sa compagnie; et quand le saint époux mourut, notre auguste Reine avait quarante-un ans six mois environ, puisque […] elle fut mariée à saint Joseph à l'âge de quatorze ans, lesquels, joints aux vingt-sept qu'ils vécurent ensemble, font quarante-un ans, plus le temps qui s'écoula depuis le 8 septembre jusqu'à l'heureuse mort du très-saint époux. (in "La Cité mystique de Dieu").
Celui en qui le Père s'est le mieux reflété[modifier | modifier le wikicode]
Père Joseph-Marie Verlinde, paru dans mariedenazareth.com 15 mars 2012 :Après Marie, saint Joseph est incontestablement le plus grand saint du ciel. Saint Grégoire de Naziance écrivait de lui : "Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur".Tout au long de l'histoire de l'Église, de saint Irénée, saint Ephrem, saint Basile à saint François de Sales, sainte Thérèse d'Avila, saint Vincent de Paul, en passant par saint Augustin, saint Bernard et tant d'autres, que d'inspiration puisée auprès de l'humble charpentier devenu l'ombre du Père en vertu de sa mission dans le mystère de l' Incarnation ! Et les papes ne sont pas les derniers à chanter la gloire de saint Joseph !
Car de même que Marie continue, au cœur de l'Église, son ministère maternel d'enfantement de l'Homme nouveau, ainsi saint Joseph continue-t-il à veiller sur la croissance du Corps mystique de Celui sur qui il reçut autorité paternelle.
Pourquoi ne pas suivre l'exemple du "bon pape Jean XXIII" qui avouait en toute simplicité : "Saint Joseph, je l'aime beaucoup, à tel point que je ne puis commencer ma journée, ni la finir, sans que mon premier mot et ma dernière pensée soient pour lui".
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ EMV 123
- ↑ EMV 18.2
- ↑ 3,0 et 3,1 Chez les Juifs, du temps de Jésus, le mariage se déroulait en deux étapes distinctes : Par le "mariage légal", avec un acte juridique. Le futur époux souvent offrait un anneau à la fiancée, en disant : « Voici que tu es consacrée à moi ». À ce stade, la femme devenait légalement “réservée” à son futur mari : toute relation avec un autre homme était interdite, et seul un divorce ou la mort pouvait dissoudre cet engagement. C'était un mariage légal, mais incomplet.
Malgré cette sanctification, les époux ne vivaient pas encore ensemble, ni n’avaient le droit de consommer leur union sexuelle avant le mariage complet ou cohabitation : là, la mariée était amenée dans la maison du mari et le couple pouvait alors cohabiter et consommer légalement leur mariage. Là seulement, l’union était achevée et pleinement reconnue. - ↑ EMV 13.1 et 13.4
- ↑ EMV 43.3
- ↑ EMV 36.8
- ↑ EMV 37.5
- ↑ EMV 13.10
- ↑ EMV 560.11
- ↑ Le jardin et la maison étaient abandonnés depuis la mort d'Anne et Joachim, la Vierge Marie étant au Temple de 3 à 15 ans.
- ↑ EMV 577.7
- ↑ EMV 577.7
- ↑ EMV 27.3
- ↑ Matthieu13, 55-56.
- ↑ EMV 37.2-3
- ↑ Jésus en son temps, Sélection du Reader's Digest, 1992, pages 111 et 112.
- ↑ EMV 42.3-7
- ↑ EMV 42.3-8
- ↑ EMV 196.7
- ↑ Naziréen : consacré à Dieu (racine nâzar = séparer). Ce mot se trouve 63 fois dans l'Ancien Testament (Bible avant Jésus). Ce terme désigne le plus souvent celui qui se sépare des autres en se consacrant par un vœu temporaire ou perpétuel. Le naziréen s’engageait pour le temps de son vœu à ne pas se couper les cheveux, à s’abstenir de boissons fermentées, à ne pas toucher un cadavre, etc... (Voir Nombres 6, 1-21).
Dans l’œuvre de Maria Valtorta, en plus de Joseph, l’époux de Marie, nous rencontrerons quelques autres naziréens : Annalia en EMV 156.4, Nicolaï en EMV 323.7, l’apôtre Thomas en EMV 363.3. Le naziréat de Samson sera rappelé en EMV 94.8 et en EMV 467.9 ou 7.160, note 5. - ↑ EMV 12.6
- ↑ EMV 577.7
- ↑ Cf. Matthieu1, 24-25.
- ↑ EMV 14.6
- ↑ EMV 136.6
- ↑ EMV 42.8
- ↑ Matthieu 1,20-25
- ↑ Elle a duré 3 jours, comme le dit Joseph en EMV 26.3.
- ↑ EMV 25.9-11
- ↑ Joseph a eu un songe durant la nuit. Cf. la narration de Jésus en 136.6-7.
- ↑ EMV 26.2-5
- ↑ Catéchèse du 10 janvier 1944
- ↑ Alphabet hébreu
- ↑ Protévangile de Jacques, § 9.2.
- ↑ Pseudo-Matthieu, § 8.2.
- ↑ Livre de la Nativité de Marie, § 8.1.
- ↑ Mgr Laurentin, François-Michel Debroise, La vie de Marie d'après les révélations des mystiques, 2ème partie, chapitre II, Les Presses de la Renaissance, 2011.
- ↑ Cf. par exemple Vie de St Joseph d’après un apocryphe arabe 1226, et St Épiphane.