Tentation

    De Wiki Maria Valtorta
    Jésus tenté dans le désert - James Tissot

    "Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ma tentation vient de Dieu. Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. Puis la convoitise conçoit et enfante le péché, et le péché, arrivé à son terme, engendre la mort" (Jacques 1, 13-15).  

    Nos péchés sont donc les fruits du consentement à la tentation[1].  

    On imagine que la sainteté évite les épreuves, mais elle permet seulement d’en triompher.  

    Jésus Lui-même a été tenté, mais Satan "ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé" (Luc 4, 13). Certains imaginent que ce ne fut qu’une formalité destinée à notre éducation et qu’il serait inconvenant de croire qu’Il le fut vraiment : ce serait alors en enlever les mérites qui anticipent la victoire de la Passion[2].

    Le Christ a été "éprouvé en tout, d’une manière semblable à nous" (cf. Hébreux 4, 15).  

    En effet
    "seul l’homme peut être tenté, lui qui se compose de substance matérielle et de substance spirituelle, et dont la raison, l’intelligence et la conscience sont libres, pour pouvoir discerner le bien et le mal et vouloir l’un ou l’autre. Seul l’homme, qui mène encore son combat, peut être sujet à la tentation, en raison de sa triste hérédité due au péché des premiers ancêtres de l’humanité" (Cahiers, 18 février 1947).  
    Le Christ a donc triomphé de la tentation, Il a vaincu le Tentateur pour nous[3]. Il a affronté la tentation en sa nature humaine, mais Il n’a jamais consenti au péché car Satan n’a trouvé aucune prise en Lui (cf. Jean 14, 30).
    "Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu". (Jacques 1, 12).  
    Si Jésus a été tenté, nous le sommes aussi. Les saints furent attaqués par ruse ou par force. Maria Valtorta n’échappa à la règle et en triompha.

    Mais dans l’histoire ce ne fut pas toujours le cas : on connaît le cas de Madeleine de la Croix, une clarisse du XVIe siècle qui succomba à la gloire du monde et fut déchue de sa sainteté que tous reconnaissaient pourtant jusqu’alors.  

    Rien n’est définitivement acquis dans la lutte contre le Tentateur : il est donc important de s’arrêter sur les enseignements qui ressortent de l’œuvre de Maria Valtorta.

    Qu’est-ce que la tentation ?

    À cette question, Jésus répond à Maria Valtorta en citant le Catéchisme[4] "C’est une incitation au péché qui nous vient du démon, ou des personnes mauvaises, ou de nos passions."  

    "C’est une incitation", commente Jésus. Si donc cela incite au péché, c’est le signe que ce n’est pas un péché en tant que tel. Non, ce n’est pas un péché. C’est au contraire un moyen de croître en justice et d’augmenter nos mérites en restant fidèles à la Loi du Seigneur[5]. Cela commence à devenir péché quand l’homme se met volontairement en condition de pécher, en s’approchant de choses ou de personnes qui peuvent l’y induire.
    "De qui vient la tentation ? Du démon, des personnes mauvaises, des passions. Elle est donc causée par des facteurs externes ou internes. Mais je vous assure, en vérité, que les plus dangereux sont les facteurs internes, autrement dit les inclinations désordonnées et les instincts ou incitations demeurés en l’homme avec les autres misères qui sont la conséquence du péché d’Adam.  

    "Ces facteurs internes, Satan les excite, ou tente de les exciter, par tous les moyens, et pour ce faire il est très bien servi par les hommes qui vous entourent et par votre moi humain: ce dernier est en effet un domaine de tentations toujours ravivées, car il possède de fortes tendances à l’égoïsme de la matière et à la sensualité de l’esprit, le premier poussant la chair à se rebeller contre Dieu et contre l’âme, la seconde portant l’esprit à cet orgueil stupide qui se croit tout permis, jusqu’à critiquer les œuvres de Dieu et ses justices.  

    "En vérité je vous dis que vous êtes vous-mêmes le meilleur soutien de Satan quand vous accueillez et cultivez en vous "la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, l’orgueil de la vie"[6] : toutes choses qui ne proviennent pas du Père mais du monde. Car si vous ne consentiez pas à préparer un terrain propice à l’invasion des facteurs internes, ils ne pourraient pas pénétrer en vous, troubler votre être profond et exaspérer les facteurs internes".
    On retrouve bien là, le développement de l’enseignement exprimé dans l’épître de saint Jacques et l’affirmation de Jésus : Satan n’a aucune prise sur Lui.

    Satan se présente toujours avec un extérieur bienveillant

    Dans ses commentaires sur sa Tentation au désert[7], Jésus décrypte les procédés de Satan et la façon dont il convient de les déjouer.  

    1 - Satan se présente toujours sous un aspect inoffensif qui endort la vigilance des âmes inattentives au divin : elles n’utilisent pas la prière qui les unit à Dieu

    "Satan se présente toujours avec un extérieur sympathique, sous un aspect ordinaire. Si les âmes sont attentives et surtout en contact spirituel avec Dieu, elles se rendent compte de cette observation qui les rend circonspectes et promptes pour combattre les embûches du démon. Mais si les âmes sont inattentives au divin, séparées de lui par des tendances charnelles qui les envahissent et les rendent sourdes n'utilisant pas le secours de la prière qui les unit à Dieu et fait couler sa force comme par un canal dans le cœur de l'homme, alors elles s'aperçoivent difficilement du piège dissimulé sous une apparence inoffensive et y tombent. S'en dégager après cela est très difficile.

    2 - Il s’attaque ensuite au sens charnels avant de s’attaquer à l’esprit

    "Les deux chemins que prend plus communément Satan pour arriver aux âmes sont l'attrait charnel et la convoitise, Il commence toujours par le côté matériel de la nature. Après l’avoir démantelé et asservi, il dirige l’attaque vers la partie supérieure. "D’abord le côté moral : la pensée avec son orgueil et ses convoitises; puis l’esprit, en lui enlevant non seulement l’amour, mais aussi la crainte de Dieu. L’amour divin n’existe déjà plus quand l’homme l’a remplacé par d’autres amours humains. C’est alors que l’homme s’abandonne corps et âme à Satan pour arriver aux jouissances qu’il poursuit, pour s’y attacher toujours plus.

    3 - Il faut lui opposer silence et prière avec fermeté, mais sans crainte excessive

    "Comment je me suis comporté, tu l’as vu, dit-Il à Maria Valtorta. Silence et prière. Silence. Car si Satan exerce son entreprise de séduction et cherche à nous circonvenir, on doit le supporter sans sottes impatiences et sans peurs déprimantes, mais réagir avec fermeté à sa présence et par la prière à ses séductions.  
    4 – Ne répliquer, le cas échéant que par la Parole de Dieu.
    "Inutile de discuter avec Satan. Lui serait victorieux car il est fort dans sa dialectique. Il n'y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous, à travers nous, montrer à Satan ce nom et ce Signe, non pas écrits sur un papier ou gravés sur le bois, mais inscrits et gravés dans les cœurs. Mon Nom, mon Signe. Répliquer à Satan uniquement quand il insinue qu'il est comme Dieu en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas. "Il faut avoir la volonté de vaincre Satan, la foi en Dieu et en son aide, la foi dans la puissance de la prière et la bonté du Seigneur. Alors Satan ne peut nous faire du mal[8].

    Satan s’en prend encore plus aux âmes d’exception

    À l’image du Christ, tous les mystiques eurent à affronter, de diverses manières, les attaques de Satan : morales ou physiques, par séduction ou par violence, directement ou par l’action de leur entourage. "Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi" (1 Pierre 5, 8-9),  

    Mère Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-1951) fut en butte à de violentes attaques physiques du Démon. Lors d’une de ces attaques on dénombra 80 coups de griffes parfois profonds jusqu’à l’os. Satan tenta de l’éloigner de Malestroit par un faux qui prit feu spontanément quand on le découvrit. Il en advint de même avec le journal de Gemma Galgani (1878-1903). Marthe Robin (1902-1981), grabataire durant 53 ans, était malmenée par Satan et jetée hors de son lit : c’est ainsi qu’on la trouva à sa mort. Les grands confesseurs comme le curé d’Ars ou Padre Pio eurent les mêmes démêlées avec le "Grappin".  
    "En vérité, je vous le dis, explique Jésus à Maria Valtorta : ce n’est pas d’être tenté qui doit faire peur. Et la force de la tentation, la répétition de ses violentes attaques ne doivent pas induire l’âme à s’avilir à penser que, si cela se produit, c’est qu’elle n’est plus dans la grâce du Seigneur et qu’elle est destinée à la mort éternelle. Réjouissez-vous au contraire, vous qui êtes si fortement tourmentés par Satan : c’est signe que vous êtes ses ennemis et qu’il pressent que vous êtes des proies qui lui ont échappé pour toujours. La colère satanique se déchaîne toujours contre les proies qui échappent à sa faim et contre les conquêtes de Dieu" (Cahiers, 18 février 1948).
    Si les grands mystiques furent en proie à de telles attaques, c’est en raison de leur vocation de corédempteurs, d’âmes victimes ou d’âmes réparatrices. À la suite et à l’imitation du Christ, ces mystiques acceptent de le suivre jusqu’à la Croix où ils partagent son amour souffrant pour l’humanité. Paradoxe de la Croix, folie et scandale pour les hommes, dit saint Paul[9].

    Ce choix est parfois difficile à comprendre car il touche au mystère même de la Rédemption où Jésus a pris sur lui nos péchés pour nous en délivrer.  

    Quelques exemples illustreront cette condition de corédempteurs selon la phrase de saint Paul : "Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église"[10].  

    Après s’être offerte "comme Victime d’Holocauste à l’Amour Miséricordieux du Bon Dieu", Thérèse de Lisieux vécut la nuit spirituelle, et finit sa vie dans la souffrance, assaillie par les doutes et tentations des pécheurs, solidaire de leur enfer. Endormie dans la mort, son visage souriait pourtant : unie au Christ, elle l’avait aidé à prendre le péché des hommes.  

    Sœur Josefa Menéndez (1890-1923) subit plus d’une centaine de fois les peines de l’Enfer pour contribuer à la rédemption de ceux qui les méritaient.  

    Maria Teresa Carloni (1919-1983) subit trois heures de souffrances atroces pour offrir une dernière chance de repentir à Staline qui se mourrait[11].

    Il ne faut pas croire cependant que ces souffrances physiques et morales sont de simples "apparences : les douleurs subies en réparation de nos péchés sont réelles, à la mesure de nos fautes.  

    Jésus dans l’agonie du Gethsémani souffrit jusqu’au sang.

    Maria Valtorta confrontée aux tentations

    Dans une lettre à son confesseur, Maria Valtorta décrit tous les sortes d’assauts qu’elle subit. À sa lecture, on comprend la promesse de la Vierge Marie à sainte Bernadette Soubirous : "Je vous promets de vous rendre heureuse, non pas dans ce monde mais dans l'autre."

    Après la chair, Satan tente l’esprit

    "Maintenant que Satan ne tente plus la chair, il tente l'esprit, écrit-elle. C'est depuis un an que de temps à autre il me donne des ennuis.
    1. La première fois, ce fut quand il me tenta dans les journées redoutables pour moi, en avril 1944, quand il me promit de m'aider si je l'adorais.
    2. La seconde, quand il m'assaillit par cette pénétrante, violente et longue tentation du 4 juillet 1944, en me tentant à singer le langage du Maître pour anéantir ceux qui m'avaient offensée[12].
    3. La troisième quand il me suggéra de faire avec les paroles dictées une œuvre personnelle et de la publier en m'en attribuant le mérite et en en tirant des bénéfices.
    4. La quatrième quand, en février de cette année (il me semble qu'on était déjà en février[13]) il m'apparut[14] (c'était la première fois que je le voyais, car les autres fois, je sentais seulement sa présence) me terrorisant par son aspect et sa haine.  
    5. La cinquième, ce fut hier soir.  

    Mais il y a aussi les assauts du quotidien

    "Ce sont là les grandes manifestations de Satan. Mais depuis, j'ai mis à son compte, à lui, toutes les autres choses plus petites qui me viennent des autres qui veulent me porter à l'orgueil, à la complaisance en moi-même, ou bien à la simulation, ou encore à la persuasion que je ne suis qu'une malade et que tout est le fruit de troubles psychiques. Même les obstacles qui viennent de parents, des autorités et des camionneurs[15], je les attribue tous à Satan. Il fait ce qu'il peut, de son mieux, pour me causer des ennuis et m'amener à l'inquiétude, à la révolte, à la persuasion que la prière est inutile et que tout est mensonge.  

    Satan tente de la persuader que ses efforts sont inutiles

    "Mais, je vous avoue qu'hier soir, il m'a beaucoup troublée. Ce n'est pas la première fois qu'il fait naître en moi la peur d'être trompée et d'en devoir un jour rendre compte à Dieu et même aux hommes. Vous savez que c'est là ma terreur... Jésus et vous (le confesseur) me réconfortez toujours et elle renaît, toujours, Pourtant c'étaient des pensées qui étaient "à moi", excitées par Satan mais qui venaient de moi. Hier soir, ç'a été une menace explicite, directe. Il m'a dit :  

    "Vas-y, vas-y ! Je t'attends au bon moment. Au dernier moment. Alors je te persuaderai tellement que tu as toujours menti à Dieu, aux hommes et à toi même, et que tu es une menteuse que tu tomberas dans une vraie terreur, dans le désespoir d'être damnée. Et tu le diras avec de telles paroles que les personnes qui t'entoureront croiront à une rétractation finale pour aller vers Dieu chargée d'un péché moins lourd. Toi, et ceux qui seront avec toi, vous resterez dans cette persuasion. Et c'est ainsi que tu mourras... et les autres en resteront profondément troublés... Je t'attends, oui... Et toi aussi, attends-moi. Je ne fais pas de promesses sans les tenir. En ce moment tu me donnes un ennui sans mesure. Mais alors ce sera moi qui te le donnerai. Je me vengerai de tout ce que tu me fais... Je me vengerai, comme moi seul sais le faire."  

    Et sur ce, il s'en est allé, me laissant bien mal...  

    Ensuite, la douce Mère est venue, bienveillante et pleine d’amour, en vêtement blanc, pour me sourire et me caresser. Jésus m’a fait son plus heureux sourire. Mais à peine m’avait-il laissée seule que je suis retombée dans mon chaos... Et il dure.  

    Maria Valtorta doit repousser la tentation idolâtre et la raillerie

    "Quand cette pensée m'arrive avec cette force, je me sens tentée de dire : "Je n'écris plus une seule parole, en dépit de toute pression." après, je réfléchis et je me dis : "C'est justement cela que veut Satan" et je laisse tomber cette suggestion.  

    C’est le temps de la Passion, n’est-ce pas ? Il y a d’un côté ceux qui, sous l’influence de l’idolâtrie inscrite dans l’homme fût-il bon, adorent le porte-parole, l’idolâtre, en oubliant qu’il n’est qu’un instrument et que l’adorable, c’est Dieu;

    et de l’autre ceux qui me raillent; mais leur attente est identique, même si les intentions sont différentes, celle de faits merveilleux en moi, tout particulièrement en ce temps de Passion. Peut-être vous-même les attendez-vous comme une chose naturelle dans mon cas. En ce qui vous concerne, cette attente est juste, mais les autres agissent par dérision ou par idolâtrie.  

    Soumission à la volonté divine et humilité

    "Je vous assure que je préfère encore le mépris pour Maria Valtorta, à l'idolâtrie pour ma personne. Cette dernière me donne un ennui indescriptible. Il me semble qu'on me dépouille sur une place publique, que l'on m'extorque mon précieux secret... que sais-je ? J'en souffre, voilà. Le mépris me fait moins mal s'il s'adresse à Maria Valtorta, pourvu qu'il ne lèse pas les "dictées" et ne les fasse pas prendre pour une plaisanterie et une folie... Mais, par-dessus les désirs plus ou moins saints et honnêtes de tant de gens, il y a la volonté de Dieu, sa bonté, plutôt, qui écoute sa pauvre Maria. Sa prière de toujours, sa prière de maintenant c'est celle-ci : "Voilà ta "victime". Tout ce que Tu veux, mais pas de signes extérieurs." Je n'aurais pas voulu non plus cette manifestation de Dieu en moi, en ce qui me concerne... Mais Lui a voulu que je sois son phonographe... patience ! Mais, autre chose non, non, et non.  

    Les stigmates invisibles et le Gethsémani

    "(J’accepte) toutes les maladies qui peuvent être diagnostiquées ou celles qui ne le sont pas parce qu'elles n'offrent pas des symptômes connus ; (j’accepte) toutes les souffrances pour souffrir en moi ce que Lui a souffert. Une agonie complète qui me courbe sous le poids de son agonie. Mais que cela soit connu de Lui seul, de vous qui me dirigez, et de moi. Cela suffit. Cependant, si en ce temps de passion je déçois les idolâtres et les railleurs puisque je ne suis pas matériellement "la victime de la Passion", je vous assure que je vis ma passion. Et, plus augmente la souffrance physique du corps qui se sent harassé et brisé par les coups et la fatigue du Golgotha, la souffrance de la tête sous le cercle cruel, la souffrance encore de l’étirement et des crampes, de l’angoisse et de la congestion de cette torture, de la soif et de la fièvre, de la faiblesse et de l’excitation du supplice, ce qui est une "passion" est toujours pour moi ce que j’appelle "mon Gethsémani" : l’obscurité qui monte, pleine de chimères et de peurs... la crainte, même la terreur de l’avenir et de Dieu... et la proximité de la Haine pendant l’absence de l’Amour. Cela, oui, produit soif, fièvre, larmes de sang, gémissements, épuisement. Je vous assure que, par sa puissance, cela vaut bien l’heure que j'ai vécue l’an dernier lorsque Dieu m’a laissée seule[16]. Mieux, je peux dire que c’est plus fort, car cela fait souffrir bien que Dieu soit avec moi.  

    Tout ce qu’elle vit ne peut être partagé

    "J’espère m’être bien fait comprendre. Mais il est très difficile d’expliquer certaines tortures. Elles sont d’ailleurs encore plus mal comprises, tant par le père spirituel que par l’idolâtre, le curieux, ou encore celui qui étudie ou raille le... phénomène. Il faudrait que ces trois derniers endurent ne serait-ce qu’une heure ce que nous vivons... Les idolâtres, eux aussi, qui peut-être [nous] envient, devraient essayer. Mais non ! Il vaut mieux que cela n’arrive pas. Les idolâtres se sauveraient je ne sais où par peur d’une autre heure semblable, et les curieux, les observateurs et les railleurs en viendraient à maudire Dieu... Par conséquent... courbons nos épaules sous le joug, retirons le poison... et en avant ! Seigneur, pas ma volonté, mais la tienne. Voici ta servante et ta victime. Oui, fais de moi ce que Tu veux. Mais seulement, à cause de ta bonté, donne-moi la force de pouvoir souffrir. Et ne me laisse pas seule. "Reste avec nous, car il se fait tard et déjà baisse la clarté du jour ... [17]"

    Dans "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé"

    Jésus a été tenté

    • Tentation de Jésus au désert : Désert de Juda EMV 46
    • La tentation et le péché : "La tentation vous mord comme ce désir, Judas. Satan le rend plus aigu, plus précis, plus séduisant que tout assouvissement. En outre, l'acte apporte une satisfaction et parfois le dégoût, tandis que la tentation ne faiblit pas, mais comme un arbre qu'on a taillé développe une plus abondante floraison." - "Et tu n'as jamais cédé ?" - "Je n'ai jamais cédé." - "Comment as-tu pu ?" - "J'ai dit : "Mon Père, ne m'induis pas en tentation" EMV 69
    • Il y eut une fois quelqu’un qui me demanda si, au cours de la tentation, je n’avais jamais cédé. Et qui fut stupéfait de ce que Moi, le Messie, j’eus demandé, pour résister, l’aide du Père en disant : ''Père, ne m’induis pas en tentation". EMV 80
    • Cette heure est beaucoup plus pénible que celle que j'ai vécue avec ton esprit et le mien au désert... Et elle est bien plus forte la tentation présente de ne pas aimer et de ne pas supporter à mes côtés l'être visqueux et tortueux qui a pour nom Judas EMV 317
    • Je dois connaître tout de l'homme, sauf la faute consommée. Et cela non par l'effet d'une barrière mise par mon Père à la chair, au monde et au démon, mais par ma volonté d'homme. Je suis comme vous. Mais je sais vouloir plus que vous. Aussi je subis les tentations, mais je ne cède pas aux tentations et c'est en cela que réside, comme pour vous, mon mérite. EMV 527
    • Et tu ne penses pas que j'ai une vie, des affections, et des devoirs aussi, envers ma Mère, et que ces choses m'incitent à fuir le danger ? Lui. le Serpent, appelle cela "danger", mais son vrai nom c'est "Sacrifice". EMV 527

    Séduction et attirance vers le mal

    • Satan, tu l'as vu, se présente toujours avec un extérieur sympathique, sous un aspect ordinaire – Le repousser EMV 46
    • Commentaires sur la chute dans la tentation de Samson EMV 94
    • La tentation est-elle un mal ? Elle ne l'est pas. C'est l'œuvre du Malin, mais elle se change en gloire pour celui qui en triomphe. EMV 128
    • Ne pas rester seul dans la tentation EMV 139
    • Connaître le fruit défendu : Parallèle de la tentation de Judas avec Eve à propos de son désir de connaître la grotte de la pythonisse à Endor EMV 188
    • Être tenté ce n'est pas un péché. Au contraire, c'est la bataille qui procure la victoire. EMV 340
    • Aucun d'entre eux ne comprend... Ce n'est pas leur faute. C'est Satan qui crée les fumées pour qu'ils ne voient pas et qu'ils soient comme ivres et sourds et donc non préparés... et plus faciles à fléchir... Mais toi et Moi, nous les sauverons malgré les embûches de Satan. EMV 455
    • Toute chute a sa préparation dans le temps. Plus la chute est grave, et plus elle est préparée. EMV 468
    • L'homme ! Oh ! plus qu'un roseau fragile et un délicat liseron, il est facilement plié par la tentation et porté à s'accrocher là où il espère trouver du réconfort. EMV 494
    • Beaucoup ne savent pas distinguer entre tentation et faute consommée. La première est une épreuve qui donne du mérite et n'enlève pas la grâce, la seconde est une chute qui enlève le mérite et la grâce. EMV 539
    • Parfois l'homme confond le péché et la tentation, ou bien porte le même jugement sur des excitations créées artificiellement par un appétit malsain, et les pensées qui s'élèvent par la réaction d'une souffrance maladive, ou aussi parce que parfois la chair et le sang ont des appels imprévus qui résonnent dans l'âme avant qu'elle ait le temps de se mettre en garde pour les étouffer. EMV 555

    Provocation

    • Tu ne tenteras pas le Seigneur Ton Dieu : On ne plaisante pas avec les dons de Dieu et on ne se moque pas de Lui.". EMV 127
    • Souvenez-vous-en, ce n’est pas Dieu qui porte au Mal, mais c’est le Mal qui tente EMV 203

    Dans les autres ouvrages de Maria Valtorta

    Les Cahiers de 1943

    • Catéchèse du 1er juillet : Il ne faut pas s’étonner qu’une âme subisse des tentations. Même que la tentation est d’autant plus violente que l’âme est plus avancée dans ma voie […] Que croyez-vous ? Que mon calice n’ait été que celui de la douleur ? Non, créatures qui m’aimez. Le Christ — il vous le dit pour vous donner du courage — a subi la tentation avant vous.

    Les Cahiers de 1945 à 1950

    • Catéchèse du 18 février 1947 : Seul l’homme peut être tenté, lui qui se compose de substance matérielle et de substance spirituelle … L’homme se trouve perpétuellement près de l’arbre du bien et du mal autour duquel Lucifer s’enroule, et il subit la tentation […] "Pouvez-vous encore soutenir que cet épisode (la réalité de la tentation de Jésus) est inconvenant ? Qu’il est hérétique ? Paul est-il donc hérétique quand, dans son épître, il me dit tenté en tout, "éprouvé en tout", "devenu semblable aux hommes" en tous points — chair, sang, intelligence, volonté —, comme vous ? Est-il hérétique quand il écrit aux Philippiens : (Ph 2, 5-8) "Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus: lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui même, prenant la condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes" ?"

    Dans les textes fondamentaux chrétiens

    Dans la Bible

    Note BibleOnLine

    La notion biblique de tentation n’est pas premièrement celle de séduction mais celle de mise à l’épreuve. La tentation peut avoir un rôle positif, celui de démontrer ou améliorer les qualités de quelqu’un, ou un rôle négatif, celui d’en montrer les faiblesses ou d’essayer de lui faire commettre une mauvaise action. Ainsi les Pharisiens ont mis Jésus à l’épreuve (le mot est le même que celui rendu par "tenter"), pour voir s’il démontrerait qu’il était le Messie selon leurs conceptions (Marc 8,11).  

    Les chrétiens doivent s’éprouver, (s’examiner) eux-mêmes régulièrement, pour s’assurer que leur foi est vraiment réelle (2 Co 13,5). Les gens peuvent tenter Dieu en le mettant au défi de démontrer la véracité de sa parole et la justice de ses voies (Psaume 78,18). Dieu éprouve son peuple en le mettant dans des situations qui révèlent la qualité de sa foi et sa piété (Genèse 22,1; Juges 2,22). Il le purifie ainsi comme le métal que l’on affine (Psaume 66,10), le conduisant ainsi à une plus grande expérience de son amour pour lui (Romains 5,3).  

    Satan éprouve le peuple de Dieu en manipulant les circonstances dans les limites permises par Dieu (Job 1,12 ; 2,6 ; 1 Co 10,13), pour essayer de le détourner de la volonté de Dieu. Il est appelé le tentateur (Matthieu 4,3) qui essaie toujours de faire tomber les chrétiens (1 Pierre 5,9). Dieu permet que nous soyons tentés (Matthieu 4,1), mais il n’incite personne à faire le mal (Jacques 1,12). Les chrétiens doivent prier pour ne pas être exposés à la tentation (Matthieu 6,13) et ils doivent veiller pour ne pas y succomber (Matthieu 26,41).

    Dans le catéchisme de l'Église catholique

    • Jésus a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché CEC § 538 et suivants
    • Le sacrement des malades fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et d’angoisse de la mort CEC § 1520
    • Séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, l’homme a abusé de sa liberté. Il a succombé à la tentation et commis le mal CEC § 1707
    • Grâce à la prudence, nous appliquons sans erreur les principes moraux aux cas particuliers et nous surmontons les doutes sur le bien à accomplir et le mal à éviter CEC § 1806
    • Nos péchés sont les fruits du consentement à la tentation CEC § 2846 et suivants.

    Dans d'autres sources

    Roselyne Dupont-Roc, bibliste in Prions en Église, jeudi 18 juin 2020, page 127 :
    La nouvelle traduction de la liturgie (2013) rend au mieux le verbe "porter" ou "faire entrer dans". C’est plutôt le mot "tentation" qu’il faudrait préciser, tant il s’est chargé d’une sorte d’attrait des plaisirs défendus et condamnables. Il s’agit de bien autre chose.  

    Le terme grec "peirasmos", qui signifie d’abord "épreuve", est dans le livre de l’Exode le nom donné au lieu où le peuple a mis Dieu à l’épreuve en se défiant de lui (Exode 17,7).

    Entrer dans le lieu de l’épreuve, c’est refuser de faire confiance à Dieu qui a promis la vie, c’est douter de sa fidélité, l’abandonner pour se replier sur soi, sur sa révolte ou son désespoir, parce qu’on se croit abandonné. Ne nous laisse pas entrer dans l’épreuve, ne nous laisse jamais douter de toi et de ton amour !

    Notes et références

    1. CEC § 2846.
    2. CEC § 540.
    3. CEC § 539.
    4. Le Catéchisme de Saint Pie X, l'un des seuls livres qu'avait Maria Valtorta à sa disposition. Deuxième partie, la prière. Chapitre 2, § 7 : Sixième demande.
    5. Idem : Dieu permet que nous soyons tentés pour éprouver notre fidélité, pour faire grandir nos vertus et pour accroître nos mérites.
    6. Les trois concupiscences ou convoitises mentionnées par 1 Jean 2,16 et reprises par le CEC § 2514 : "Tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et la confiance orgueilleuse dans les biens - ne provient pas du Père, mais provient du monde".
    7. Cf. EMV 46.
    8. Le catéchisme de saint Pie X dit : Pour éviter les tentations nous devons fuir les occasions dangereuses, garder nos sens, recevoir souvent les sacrements et recourir à la prière.
    9. 1 Corinthiens 1, 23.
    10. Colossiens 1, 24.
    11. Début mars 1953 Staline est en train de mourir. Au même moment Jésus demande à Maria Teresa Carloni (1919-1983), de souffrir afin d’offrir une dernière chance de conversion au tyran. Cette mystique italienne, stigmatisée, s’était offerte pour la conversion de la Russie.         "Maintenant, je vais te demander quelque chose, dit Jésus au Père Campana confesseur de Maria Teresa Carloni, si tu le permets, et si elle est d'accord. Avant que Staline ne meure, Je veux lui donner la possibilité d'être sauvé, comme je le fais avec toutes les âmes rachetées, en dépit de ses crimes. Si vous acceptez tous les deux, je vous demande d'offrir ces trois heures pour l'âme de Staline. Mais ne sois pas alarmé par les souffrances qu’elle va subir."   Après leur double acceptation, il s’en suit trois heures de terribles souffrances. Le Père Campana qui était avec elle, ne pouvait pas arrêter de pleurer en suppliant : «Assez !».         Ce terrible sacrifice semble pourtant avoir été vain car la bienheureuse Elena Aiello (1895-1961) eut la vision de l’âme de Staline en Enfer et des places réservées à ses disciples. Cette religieuse italienne, avait fondé la congrégation des Sœurs Minimes de la Passion du Christ.         Dans ses mémoires, la fille de Staline raconte la mort de son père paralysé depuis cinq jours :     "Son visage devenait de plus en plus noir. L'agonie fut terrible. Il étouffait sous nos yeux. À un moment, vers la fin, il ouvrit soudain les yeux pour envelopper tous ceux qui l'entouraient. Ce fut un regard horrible, entre la démence et le courroux, plein d'horreur face à la mort. [...] Et soudain, chose incompréhensible et terrifiante que je ne comprends pas encore aujourd'hui, mais que je ne puis oublier, il leva sa main gauche. On aurait dit qu'il indiquait quelque chose là-haut et qu'il nous maudissait" (Svetlana Alliluyeva, Vingt lettres à un ami, Seuil, 1967).
    12. "Le Tentateur voulait me convaincre de simuler dans un but humain. Il me disait : "Écris avec tes mots puisque tu peux désormais, avec un peu d’application, imiter le style du Maître; écris ce qui peut te servir à mettre dans l’embarras celui qui t’a fait souffrir, ou pire. C’est un grand naïf et il se fera avoir aussitôt".
    13. En fait, c’est la vision du 26 janvier 1945.
    14. Cf. EMV 88.
    15. Elle fait allusion aux événements dus à la guerre et que l’on peut dire terminés en février 1945. Voir "Les cahiers de 1944", le 24 avril, note 139.
    16. Voir Les cahiers de 1944, du 9 avril au 10 mai.
    17. Cf. Luc 24,29.